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Dr Oumadevi Koussougbo: «L’arthrite est un mal qui affecte les personnes à tout âge»

17 octobre 2017, 15:09

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Dr Oumadevi Koussougbo: «L’arthrite est un mal qui affecte les personnes à tout âge»

Jeudi dernier, c’était la journée mondiale de la polyarthrite. La Rheumatology Association, l’Arthritis Association et la Chinese Universities Graduate Union ont organisé une campagne de sensibilisation sur le sujet. Le Dr Oumadevi Koussougbo, secrétaire de la Rheumatology Society à Maurice, repond à nos questions.

Qu’est-ce que l’arthrite ?
L’arthrite est un terme médical indiquant une inflammation des articulations. À Maurice, les gens ont tendance à plutôt parler de rhumatisme. C’est leur façon de dire qu’ils ont des douleurs aux articulations. Mais en réalité, ils souffrent d’arthrite.

Quelles en sont les causes ?
Des centaines de facteurs peuvent causer l’arthrite mais lorsque ce sont les articulations qui sont affectées, c’est l’inflammation qui en est la cause. Mais il y a trois principaux types d’arthrite. Il y a celle provoquée par l’usure du cartilage en raison de l’âge et du surpoids. Le deuxième type d’arthrite est considéré comme plus sévère car sa cause est auto-immune. D’habitude, on ne connait pas la vraie cause. Il y a peut-être des prédispositions génétiques mais c’est difficile à dire. Le type d’arthrite qui est pire est l’arthrite chronique et les personnes qui en souffrent vivent longtemps avec ces douleurs. Dans ces cas-là, il y a plus de dégâts et des problèmes systématiques en raison des complications dues aux médicaments utilisés sur le long terme.

La polyarthrite rhumatoïde fait partie de la catégorie auto-immune. Elle cause des rougeurs, des douleurs, des enflures ou une sensation de chaleur au niveau de la membrane couvrant l’articulation. L’enflure peut également toucher d’autres organes internes, tels que les yeux, les poumons et le coeur.

La troisième catégorie est l’arthrite septique, qui est une infection dans une articulation et qui peut s’averer fatale. Elle nécessite un traitement d’urgence et l’utilisation d’antibiotiques généralement prescrits par un chirurgien orthopédique.

Qui sont les plus affectés à Maurice et par quel type d’arthrite ?
Bon nombre de ceux qui se plaignent des douleurs articulaires sont des diabétiques. Les patients sous dialyse souffrent d’inflammation articulaire. De ce fait, on peut dire que parmi les 198 000 personnes qui se plaignent des douleurs articulaires, 40 % souffrent de l’arthrose. Les os sont usés avec l’âge et à cause de leur mode de vie sédentaire. Il faut avoir une bonne hygiène de vie. Statistiquement parlant, les chiffres sont erronés et ne permettent pas une bonne analyse. Dans le dernier rapport du Mauritius Health Statistics publié en 2015, la polyarthrite rhumatoïde a été incorrectement classée comme maladie dermatologique. Mais il faut toutefois faire ressortir que l’arthrite n’est pas une maladie des personnes âgées. Aux États-Unis, les Centres for Disease Control démontrent que 65 % des gens qui souffrent de l’arthrite ont moins de 65 ans.

Est-ce que les Mauriciens en sont conscients ?
Il faut dire que beaucoup de personnes ne savent pas vraiment quand ils souffrent d’inflammations articulaires. C’est là que l’on voit qu’ils abusent des traitements et provoquent des complications. S’ils ont des douleurs, ils prennent des calmants sans consulter le médecin ou vont souvent chez un généraliste. C’est là que l’Arthritis Association entre en jeu pour sensibiliser et encadrer les patients. D’ailleurs cette association a été fondée par des malades de l’arthrite. Pour que les Mauriciens en soient conscients, il ne faut pas stopper la sensibilisation. La Rheumatology Society, et l’Arthritis Association veulent, avec l’accord du ministère de la Santé, collaborer avec l’université de Maurice et mener des études afin de connaître la tranche d’âge des malades, mieux cerner la fréquence des douleurs, les causes et adopter des stratégies pour permettre à ces patients de travailler et d’être indépendants financièrement. Si plus de gens de moins de 65 ans souffrent d’arthrite, il y a aura certainement un impact sur l’économie. Ils devront s’absenter pour suivre leurs traitements. Il faut impérativement trouver un moyen de les encadrer et les aider à s’adapter le plus tôt possible. Et puis, à travers notre campagne de sensibilisation, nous voulons mettre l’accent sur l’importance du diagnostic précoce. Nous voulons aussi mieux encadrer les médecins pour qu’ils réfèrent les cas aux rhumatologues. Nous voulons aussi briser les barrières qui empêchent les patients d’avoir recours aux traitements.

Est-ce moins difficile pour les adultes que les enfants de gérer une arthrite ?
Dans les cas où les enfants sont affectés, c’est très dur et en particulier pour leurs parents. Les enfants ont tendance à avoir d’autres problèmes pouvant être difficiles à repérer. Chez l’enfant, les parents doivent observer comment il marche et vérifier ses articulations. Et consulter un pédaitre sans tarder pour éviter des complications ou un traitement pas adapté. Ce sera au pédiatre de faire le nécessaire pour référer l’enfant à un rhumatologue.

Maurice dispose-t-elle de tous les traitements ?
Maurice a les traitements de base. Ceux-là ont bien évolué sauf qu’à Maurice, tous ne sont pas disponibles. Les médicaments sont très chers. C’est un budget énorme et peu de gens arrivent à en bénéficier. Il y a des patients qui vont à l’étranger chaque deux mois que pour se les procurer mais ils ne sont pas à la portée de tout le monde.

Y-a-t-il suffisamment de rhumatologues dans les hôpitaux ?
Le nombre de rhumatologues est insuffisant pour le nombre de patients souffrant de l’arthrite. Actuellement pour les cinq hôpitaux de Maurice et Rodrigues, il n’y a que quatre rhumatologues. Cependant, il y en a déjà des medecins enregistrés comme rhumatologues auprès du Medical Council mais qui attendent toujours de se qualifier comme spécialistes auprès du ministère de la Santé. Nous faisons un pressant appel aux autorités pour qu’il y ait davantage de rhumatologues dans les hôpitaux. Nous estimons qu’il faudrait idéalement avoir au moins deux rhumatologues à plein temps par hôpital.