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Philippines: Duterte déclare que Marawi est «libérée» mais les combats continuent

17 octobre 2017, 13:30

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Philippines: Duterte déclare que Marawi est «libérée» mais les combats continuent

Le président philippin Rodrigo Duterte a proclamé mardi que Marawi avait été «libérée de l’influence des terroristes» alors même qu’aux dires de l’armée, les combats contre des jihadistes fidèles au groupe Etat islamique (EI) se poursuivaient.

Le chef de l’Etat visitait les troupes dans cette grande ville musulmane du sud de l’archipel pour célébrer l’annonce de la mort lundi du chef de l’EI pour le Sud-Est asiatique, Isnilon Hapilon.

Celui ci figurait sur la liste américaine des «terroristes les plus recherchés». M. Duterte, comme les analystes, le présentaient comme «l’émir» régional de l’EI et le principal artisan de son projet d’y décréter un califat, alors que le groupe subit des revers en Irak et en Syrie.

«Mesdames et Messieurs, je déclare ici que Marawi est libérée de l’influence des terroristes, ce qui marque le début de la réhabilitation», a lancé M. Duterte alors qu’on pouvait entendre des explosions et des tirs à travers la ville.

Juste après ce discours, l’armée a expliqué qu’entre 20 et 30 jihadistes détenteurs d’une vingtaine d’otages étaient toujours retranchés à Marawi et que les combats pour en venir à bout continuaient.

«Nous allons les avoir très rapidement. Nous nous assurons qu’il n’y ait plus ni combattants ni otages», a déclaré à l’AFP le colonel Romeo Brawner, commandant adjoint de la force engagée dans la bataille contre les jihadistes.

Comme on lui demandait s’il fallait considérer les propos de M. Duterte comme symboliques, il a répondu: «Oui, car on ne peut pas vraiment dire que (le secteur) est nettoyé à 100%. Quand ils ont déclaré la fin de la Seconde guerre mondiale, il restait toujours des éléments isolés».

A la recherche d’un Malaisien

Un autre porte-parole de l’armée, le général Restituto Padilla, a estimé que le discours présidentiel donnait le signal de départ de la réhabilitation de la ville en ruines après près de cinq mois de combats.

Les affrontements avaient éclaté le 23 mai après une opération pour capturer Hapilon, lequel était recherché depuis des années, d’abord en tant que chef d’Abou Sayyaf, groupe extrémiste spécialisé dans les enlèvements crapuleux, puis comme chef régional de l’EI.

L’armée philippine avait été clairement prise par surprise.

Apparemment à l’insu de l’état-major, Hapilon avait forgé une alliance avec le groupe des deux frères Maute, à la tête d’un réseau islamiste local, et peaufinait depuis des mois la prise de Marawi.

L’opération de capture s’est soldée par un échec mais elle a décidé les jihadistes à précipiter leur attaque. Ils se sont emparés de bâtiments importants et ont pris des otages, contraignant des milliers de personnes à fuir tandis que l’armée encerclait la ville.

Les jihadistes ont résisté à une campagne continue de bombardements aériens soutenue par les Etats-Unis, et à des combats au sol acharnés. Les affrontements ont fait plus de 1.000 morts.

Les autorités ont également annoncé lundi le décès d’Omarkhayam Maute. L’armée tenait son frère Abdoullah pour mort depuis le mois de septembre.

Les soldats traquent désormais Mahmoud Ahmad, un Malaisien considéré comme le successeur potentiel de Hapilon.

Financeur

«Mahmoud demeure (...) l’une de nos cibles de haute valeur dans les opérations qui sont en train d’être menées», a dit le général Padilla.

Il figure parmi les six à huit jihadistes étrangers encore présents, a-t-il dit, précisant que les combats ont lieu dans un secteur constitué de 60 à 80 bâtiments. «Nous nous concentrons sur l’offensive terrestre car les combats sont trop rapprochés» pour permettre des bombardements aériens.

D’après des informations de presse, Ahmad, qui exerce en Malaisie la profession d’universitaire, était chargé de lever des fonds à l’étranger pour le financement des jihadistes et leur recrutement.

La région méridionale de Mindanao est depuis des décennies en proie à une rébellion séparatiste musulmane, qui a fait plus de 120.000 morts et qui a condamné de nombreux habitants à vivre sous le joug de seigneurs de guerre corrompus.

Les principaux mouvements rebelles musulmans négocient la paix mais plusieurs groupes extrémistes comme Abou Sayyaf ou Maute sont apparus.

L’armée philippine, qui craint des représailles, a élevé le niveau d’alerte dans certains secteurs du sud de l’archipel.

Washington a promis de soutenir l’offensive finale à Marawi.