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Ces ONG engagées dans la lutte contre la violence domestique…

17 octobre 2017, 10:50

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Ces ONG engagées dans la lutte contre la violence domestique…

L’Action familiale de Maurice a lancé en avril un projet de prévention contre la violence domestique, grâce au soutien financier du ministère de l’Égalité du genre, du développement de l’enfant et du bien-être de la famille. Les activités prévues comprennent deux phases, dont la seconde culmine avec ce mois d’octobre, mois de la sensibilisation contre la violence domestique ! L’occasion de répondre à quelques questions clés.

Anushka Virahsawmy et Sheistah Bundhoo Deenoo de Gender Links.
Daniel Chung Yone, Agnieszka Kieniewickz-Duvergé et Edwige Dukhie, de l’Action familiale.

La violence domestique – jeu de pouvoir entre homme et femme
Quoi dire à un enfant dès le plus jeune âge, pour que ne soient pas perpétrées jusque dans l’âge adulte les perceptions erronées d’une superiorité d’un genre sur l’autre ? Selon Anushka Virahsawmy, manager de la branche mauricienne de l’organisation Gender Links, il est important de parler un langage simple et concret en prenant appui sur des exemples de tous les jours.

Pour commencer, pourquoi faudrait-il nourrir dès l’enfance les besoins d’une catégorisation sociale selon le genre ? Pourquoi les filles devraient-elles s’habiller en rose et les garçons en bleu ? C’est en cassant ces catégorisations que le travail peut commencer ! «On pourrait aussi commencer par expliquer la différence entre le sexe et le genre, en faisant comprendre les différences biologiques.»

Agnieszka Kieniewickz-Duvergé, responsable de l’Action familiale de Maurice, souligne qu’il est important selon elle de faire passer les valeurs essentielles dès le plus jeune âge, en mettant en avant la dignité humaine et la valeur de l’être humain, et c’est précisément ce qui fait l’objet de la seconde phase de la campagne de l’Action familiale (voir texte ci-contre). Bien que cette organisation travaille beaucoup sur les couples, une approche préventive est aussi adoptée auprès des jeunes, par le biais de causeries centrées justement sur le respect de l’être humain, à commencer par le respect de soi ! «Nous notons qu’il est plus facile d’avoir un impact sur la vie des jeunes que sur les parents, car ils sont plus faciles à influencer.»

Pour Ambal Jeanne, directrice de SOS Femmes, les configurations sociétales donnent à la femme un rôle effacé et attribuent à l’homme le rôle important et ces attributions de rôle sont promues par la femme elle-même ! «Il est important de donner le pouvoir aux filles de dire non à une relation aliénante et toxique qui mettra en péril son bonheur, de ne pas infantiliser les filles et de leur donner la parole pour qu’elles puissent s’affirmer ! Nous nous mettons dans une relation de couple pour aller plus loin ensemble et non pour être écrasé par l’un dans le seul but de nourrir le besoin de supériorité de l’autre. »

La violence est ancrée dans des problèmes plus profonds que ce qui est visible
Il ne faudrait pas généraliser la question de la violence intergénérationnelle, selon Ambal Jeanne. «On ne reproduit pas forcément ce que l’on voit, surtout si on a l’encadrement adéquat. Il faut apprendre à respecter la femme et apprendre à la femme à prendre conscience de sa valeur.» Anushka Virahsawmy abonde dans le même sens. «Si la personne est éduquée dans le bon sens, elle n’acceptera pas les violences. Tout est une question de l’encadrement que cette personne aura reçu.»

Au niveau de l’Action familiale, l’on essaie d’éduquer le parent et de promouvoir une culture de dialogue au sein du couple : «Nous leur expliquons aussi que ce sont les parents qui créent l’ambiance à la maison, que construire un couple est un travail en soi. Il y a toute une pédagogie à adopter dans la manière de faire grandir un enfant. Il est important de promouvoir la culture de l’amour, du pardon, du respect et du dialogue.» Le style de vie non violente est une attitude à apprendre et adopter, soutient Agnieszka Kieniewickz-Duvergé.

L’aspect préventif de la violence domestique
Des programmes visant à consolider les liens familiaux – Pre-marital Counselling, Marriage Enrichment Programme… – ont été mis en place par le ministère de l’Égalité du genre et du bien-être de la famille. Sous ce ministère, une hotline est opérationnelle (le 139) et permet de prendre les appels de victimes de violence domestique.

L’Action familiale intervient aux Rehabilitation Youth Centres et dans les centres de réhabilitation, notamment le Centre de solidarité pour une nouvelle vie. «Nos interventions de prévention sont centrées sur la sexualité, la dignité humaine, les couples et la valeur humaine car nous pensons que les maux de la société commencent à partir de la banalisation de ces valeurs. De plus, nous assurons des permanences, avec des éducatrices postées dans différentes régions de l’île pour l’écoute et des conseils. Les cas difficiles sont référés au ministère de l’Égalité du genre.»

Selon Anushka Virahsawmy, le ministère de l’Égalité du genre fait un travail intéressant avec sa hotline et ses formations… «Mais il existe aussi certaines lacunes. L’État fait sa part et a le pouvoir de faire positivement évoluer les lois mais la société civile a le pouvoir du travail de terrain. Les deux éléments ensemble sont importants.»

Mais aussi, outre la réhabilitation de la victime, une réhabilitation de l’agresseur permettrait d’éviter les récidives, soutient Anushka Virahsawmy. Un tel suivi n’existe pas actuellement et Gender Links milite pour que cela soit mis en place par l’État.

La violence domestique envers les hommes
Pour Ambal Jeanne, la violence domestique concerne surtout les femmes ! «Même si l’on entend parfois des femmes qui ont fini par commettre des violences sur leur conjoint, dans beaucoup de cas, elles l’ont fait après avoir elles-mêmes encaissé les traumatismes d’une violence par ledit conjoint.»

Gender Links dit de son côté recevoir aussi des appels d’hommes indiquant être sujets à la violence domestique : «Les procédures sont les mêmes et nous tentons de les canaliser vers les instances adéquates. Mais ils subissent souvent ensuite la stigmatisation, y compris par la police.» L’Action familiale consacre aussi sa campagne contre la violence envers les hommes.

«Promouvoir l’idée qu’une vie sans violence est belle»

Les affiches et visuels ont aussi été placées dans des endroits
stratégiques tels que les dispensaires, hôpitaux, supermarchés,
et ont été diffusés à travers les boîtes mails.

Le projet de prévention contre la violence domestique, par l’Action familiale de Maurice, comprend une campagne de sensibilisation à la violence domestique, mise en place par l’agence HelloDude, incluant affichages sur les autobus, les médias électroniques et réseaux sociaux à travers la page Facebook «Purple Moris».

Ce volet communication a été lancé en parallèle à des interventions sur le terrain dans les familles par la cinquantaine d’éducatrices de l’Action familiale. Outre la campagne et le travail de proximité des éducatrices, le projet comprend l’accueil des victimes dans des bureaux de l’État et la prise en charge des cas plus compliqués par le ministère concerné.

Daniel Chung Yone, secrétaire administratif de l’ONG, explique que la première phase consistait à sensibiliser à la violence domestique et susciter les réactions du public à travers des images très parlantes, diffusées sur différents médiums. Les interactions ont été possibles grâce aux réseaux sociaux, à travers la page Purple Moris, créée justement dans un objectif de sensibilisation. Les affiches et visuels ont aussi été placées dans des endroits stratégiques tels que les dispensaires, hôpitaux, supermarchés, et ont été diffusés à travers les boîtes mails.

«La seconde phase de la campagne, dans laquelle nous sommes actuellement, consiste à mettre en avant la valeur de chaque personne, à faire la part belle à la dignité humaine et promouvoir l’idée qu’une vie sans violence est belle.» Des affiches montrant ces valeurs ont également été diffusées sur différents supports. «En parallèle, nous avons tout un volet éducatif, sous lequel nous avons ciblé 900 familles jusqu’à la fin de la campagne, prévue pour mi-2018.»

La violence domestique a plusieurs visages, rappellent aussi les différents acteurs engagés dans le projet : elle peut être physique, sexuelle, morale ou peut prendre la forme d’une exploitation économique…

Les affiches et visuels ont aussi été placées dans des endroits
stratégiques tels que les dispensaires, hôpitaux, supermarchés,
et ont été diffusés à travers les boîtes mails.


Les abris d’urgence pour femmes

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	<figure class="image" style="display:inline-block"><img alt="" height="330" src="/sites/lexpress/files/images/association-chrysalide.jpg" width="620" />
		<figcaption>L&rsquo;association Chrysalide à Bambous ouvrira bientôt son abri d&rsquo;urgence pour accueillir des femmes en détresse et leurs enfants de moins de neuf ans.</figcaption>
	</figure>
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<p>Plusieurs ONG proposent désormais un accueil d&rsquo;urgence pour femmes en situation de détresse, notamment celles qui sont sujettes à la violence domestique. L&rsquo;association Passerelle à Saint-Pierre est l&rsquo;une d&rsquo;elles. Outre de combler les besoins primaires des résidentes, Passerelle travaille sur leur réinsertion sociale.&nbsp;</p>

<p>L&rsquo;association Chrysalide, située à Bambous, ouvrira très bientôt son centre <em>&laquo;Women in Distress&raquo;</em>, service d&rsquo;urgence pour un accueil pour un maximum de trois mois, de femmes en situation de détresse ainsi que leurs enfants de moins de neuf ans. <em>Gender Links</em> a lancé en septembre son <em>&laquo;Halfway Home for Girls&raquo;</em> à Melrose pour accueillir les jeunes femmes de 18-25 ans qui n&rsquo;ont nulle part où aller. Le centre a une capacité d&rsquo;accueil de huit filles. Pour l&rsquo;instant, trois filles sont résidentes.</p>


Les contacts utiles

  • Hotline du ministère de l’Égalité du genre, du développement de l’enfant et du bien-être de la famille : 139
  • Action familiale : 433 8377
  • Gender Links : 437 3960
  • SOS Femmes : 433-3391 (Hotline 24h/24)
  • Chrysalide : 452 5509 / 452 2544

Page réalisée par Caroline Assy-Sohun
Coordinatrice ACTogether