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Alain Tolbize: «SAJ fait preuve de mépris envers le peuple rodriguais»

18 octobre 2017, 13:34

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Alain Tolbize: «SAJ fait preuve de mépris envers le peuple rodriguais»

Il ne mâche pas ses mots. Pour le président de la Rodrigues Workers Federation, la réforme électorale que souhaite le ministre mentor n’est pas une priorité. Les problèmes de fourniture d’eau et de chômage sont bien plus urgents.

Rodrigues vient de célébrer son 15e anniversaire d’autonomie. Quel bilan faites-vous de ces 15 dernières années ?
C’est un échec total. Je ne vous citerai que deux problèmes. L’eau et le chômage. La situation a empiré dans les deux cas. Personne, ni à Rodrigues, ni à Maurice, n’a la volonté de régler ces problèmes.

Pourquoi dites-vous que c’est un échec ?
Vous savez, l’autonomie n’est que sur le papier. Il n’y a pas eu de décentralisation du pouvoir. Les grandes décisions sont prises à Maurice. Le chef commissaire et les commissaires n’ont, eux, aucun pouvoir.

Prenons l’exemple de la fourniture d’eau. Quelle est, selon vous, la solution ?
Il faudrait un plan Marshall. Le gouvernement central aurait dû prévoir un budget séparé pour ce problème. Depuis ces 15 dernières années, c’est avec le budget de Rodrigues qu’on puise une certaine somme pour tenter d’améliorer la fourniture d’eau. Les travaux sont faits au goutte-à-goutte et les années passent. Non seulement il n’y a eu aucune amélioration, mais la situation empire. D’où la colère des Rodriguais.

Il faut quand même reconnaître que Rodrigues a bénéficié d’un budget de plus de Rs 4 milliards cette année…
Mais une bonne partie de cet argent est utilisée pour payer les fonctionnaires et pour des services publics. Il ne reste pas grand-chose pour le développement. Comme je vous l’ai dit plus tôt, il faut des budgets spéciaux pour la construction des routes et la fourniture d’eau, par exemple. De grands travaux doivent être lancés et, au bout de trois, quatre ou cinq ans, le problème devrait être résolu.

Comment les Rodriguais ont-ils pris cette boutade de sir Anerood Jugnauth (SAJ), qui a affirmé qu’il n’est pas venu à Rodrigues pour régler le problème de fourniture d’eau et a déclaré : «Mo bizin vinn baign zot aster» ?
Sir Anerood Jugnauth est le ministre responsable de Rodrigues. Il doit des explications au peuple de l’île quand il y a des problèmes. En répondant ainsi à la question d’un journaliste, il a fait preuve de mépris envers le peuple rodriguais. C’est à cause de la façon de faire de certains membres du gouvernement central que les Rodriguais veulent obtenir leur indépendance. Allez voir les réactions des Rodriguais sur les réseaux sociaux.

N’empêche que Rodrigues a un commissaire des services publics, qui est responsable de la gestion d’eau. Pourquoi ne lui pose-t-on pas la question ?
Tout comme le ministre mentor, qui doit des explications au peuple rodriguais, le commissaire a, lui aussi, sa responsabilité. Mais comme les autres commissaires, il a peur de poser des questions au gouvernement central. Le peuple est en colère et se plaint auprès de lui, mais il ne fait rien pour réclamer plus de fonds au gouvernement central.

Justement, est-ce à cause de la réaction de sir Anerood Jugnauth qu’il y a eu une manifestation hier ?
Non, c’est un cas isolé. Il s’agit des habitants de Mont-du-Sable. Ils n’ont pas d’eau depuis plusieurs semaines. Mais attention, d’autres manifestations peuvent avoir lieu dans les jours à venir.

Venons-en au problème du chômage. Quelle est la solution selon vous ?
À part la pêche, l’élevage et l’agriculture, les Rodriguais n’ont pas d’autres débouchés. Il n’y a pas de secteur privé dans l’île. Il faut prendre des initiatives du côté des petites et moyennes entreprises. Il faut des mesures incitatives pour les jeunes, comme leur accorder des emprunts sans trop d’obstacles.

Le ministre mentor a annoncé une nouvelle réforme électorale. Qu’est ce qui cloche avec cela d’après vous ?
Ce n’est pas la priorité de Rodrigues. Il y a à peine un an, il y a eu des amendements au système électoral de l’île. Sir Anerood Jugnauth et Serge Clair sont deux bons amis. Ils ont dû en discuter et le ministre mentor a voulu apporter de nouveaux amendements pour plaire à Serge Clair. Mais cela ne se passera pas comme le veulent ces deux compères.