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Warren, 21 ans: «Ti kapav al déor pou swagn mwa, mé mo péna kas»

14 octobre 2017, 23:44

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Warren, 21 ans: «Ti kapav al déor pou swagn mwa, mé mo péna kas»

Il ne souhaite pas qu’on reconnaisse son visage. Pas parce qu’il a honte de son physique, non, mais parce qu’il est un tantinet timide. Et très fier aussi. «Je ne veux pas qu’on ait pitié de moi. Bann dimounn get mwa traver, get mwa bizar akoz mo éna enn andikap…» Oui, il est bossu. Mais ça ne l’empêche pas de «tracer». Et de «roul lakwizinn» en plus. Rencontre avec un petit jeune qui a une âme de vieux.

La maladie est apparue quand il avait 11 ans. De quoi s’agit-il exactement ? Warren, 21 ans, ne sait pas trop. Les médecins, à Maurice, lui ont dit qu’ils ne pourraient rien faire. «Ti kapav al déor pou swagn mwa, mé mo péna kas.» Il n’a pas de maman, vit avec son papa, qui ne travaille pas. Les sous, c’est lui qui les ramène à la maison. «Momem tir rasion. Mo papa kwi lerla.»

Ses journées, ses soirées, de lundi à dimanche, de 11 heures à 20 heures, Warren les passe au travail. Depuis six mois, il est caissier dans une compagnie qui mise sur les paris sportifs. Son équipe préférée ? Il n’en a pas. Il s’en fout du foot. Mais il faut bien bosser. Montant de son salaire : Rs 7 000. «Rési trasé ek sa

Warren voulait, en fait, devenir ingénieur en génie électrique. Il suivait des cours pour pouvoir réaliser ses ambitions, mais il a dû tout lâcher. Parce qu’il était à court d’argent. Il a abandonné le collège en Form III, n’a pas poursuivi sa scolarité lorsque l’établissement qu’il fréquentait a fermé ses portes. Parce qu’il fallait commencer à travailler. «Mon grand-père est mort il y a un an et demi. Il nous aidait financièrement, mon papa et moi. Mais depuis qu’il n’est plus là, j’ai dû prendre le relais

Du temps libre, Warren n’en a pas vraiment. «Je n’ai pas d’amis non plus, je n’ai personne en fait, même pas de petite amie», lâche-t-il sans amertume, sur le ton du constat. Se plaindre, il n’en a pas le temps. Il préfère se concentrer sur le présent. Et rêver d’un avenir meilleur.

Parce que des ambitions, il en a. «Je veux m’en sortir, d’une façon ou d’une autre, j’y arriverai. Je veux réussir ma vie.» Le regard des autres, ça fait longtemps qu’il a appris à ne pas le voir. Dans ses yeux, une lueur d’espoir. Et de la détermination. «Mo anvi montré dimounn ki mo kapav fer…»