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Jean-Pierre Leclerc: La voix des LGBT

9 octobre 2017, 12:12

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Jean-Pierre Leclerc: La voix des LGBT

Un tantinet militant et défenseur des droits de la communauté LGBT, Jean-Pierre Leclerc est le pionnier français dans la production du tourisme gay de luxe.

Ses prospects disent de lui qu’il est un créatif doué d’un esprit très ouvert. Il est vrai que ses domaines d’expertise sont nombreux et sa capacité à les développer impressionne particulièrement. Mais ce qu’on retient de prime abord de Jean-Pierre Leclerc c’est son authenticité, son humilité, son approche humaine et sa rigueur professionnelle.

Ce Breton de 55 ans, né à Vannes dans le Morbihan, a découvert en faisant sa généalogie, avoir des origines à la fois vénitiennes, celtes et peut-être juives d’Europe centrale. Il aime penser que ce mélange fait de lui un citoyen du monde, ou plus précisément d’un monde qu’il considère comme un vaste espace de découvertes.

Jean-Pierre Leclerc décrit son enfance comme normale. Il est reconnaissant d’avoir eu la chance de grandir auprès de parents ouverts d’esprit qui lui ont appris à respecter autrui. C’est aussi à cette période, vers l’âge de 8 ans, qu’il prend conscience de sa différence. Il garde toujours au fond de lui les souvenirs de ses cours de danse classique où il était en admiration devant les danseurs plus âgés en collant. Par contre, le tutu n’a jamais eu vraiment d’effet sur lui. Très tôt, il découvrira son homosexualité.

«Nous sommes tous différents et c’est cette différence qui fait de l’humanité quelque chose de remarquable même si parfois, au regard des informations, je me demande si cette humanité ne tolère pas des choses complètement folles», souligne-il. Éduqué dans un institut religieux, il trouve dommage qu’au nom des religions, on puisse tant haïr les autres au lieu d’œuvrer ensemble avec les différences de chacun pour l’avenir de l’humanité.

Enfant, Jean-Pierre rêve d’être artiste, chanteur plus précisément. Mais sa voix haut perchée freine ce rêve. À l’adolescence, il conserve cette tessiture dite de haute-contre ou contre-ténor. Ayant eu peur de la réaction des autres, il renonce à son rêve. Le regret le tenaille parfois car il se dit qu’il aurait pu faire carrière comme Philippe Jaroussky, un contre-ténor qu’il admire. «Mais je chante parfois et mon entourage me dit que je devrais faire ‘The Voice’», nous dit-il dans un éclat de rire. Il vivra par la suite une adolescence tenaillée entre des envies de voyage et une attirance pour toutes les formes d’art et pour les garçons... Il fera alors le collège et l’école militaire et dévouera une quinzaine années de sa vie à servir son pays et des causes qui lui paraissaient juste à cette époque.

Après cela, il se reconvertit dans l’événementiel et le tourisme. Après plus de 15 ans dans ce secteur, il constate le manque total d’offres «incoming gay» en France. Il veut y remédier, non sans mal, car le tourisme gay est encore un peu tabou pour certains en France. Il devient alors créateur de produits touristiques dédiés au marché LGBT. Pionnier français dans la production du tourisme gay de luxe, il conçoit des voyages sur mesure dans le sud-ouest de la France et partout où les homosexuels sont les bienvenus, pour les hommes qui veulent profiter d’un environnement tolérant et haut de gamme incluant des services de conciergerie. En sus de cela, il est aussi «gay wedding planner», créateur de retraite prénuptiale pour couples du même sexe, créateur de #BachelorTrip pour faciliter la rencontre de l’âme sœur et du business partner, créateur d’événements privés et professionnels.

«Je ne suis pas devenu homosexuel, je suis né gay»

Mais, très vite, il se heurte à l’incompréhension des gens et un représentant des instances syndicales de la profession lui demande même un jour s’il n’y avait pas assez de ‘pédés’ en France et pourquoi il fallait en faire venir d’autres de l’étranger. «Fort heureusement, ce sentiment n’est pas partagé et j’ai d’excellentes relations avec mes fournisseurs et prestataires», dira-t-il. Mais Jean-Pierre Leclerc est un pacifiste. Il fait l’impasse sur les fautes dues à l’ignorance. «L’ignorance est la source de beaucoup de problèmes et de critiques. Les homosexuels sont souvent vus comme une erreur de la nature par ignorance et par dédain. Pourtant qui commet l’erreur de mettre au monde un homosexuel : deux hétérosexuels généralement... Toutefois, je suis moins indulgent envers l’abandon du jeune adolescent qui a osé dire sa différence à ses parents. Je ne suis pas devenu homosexuel, je suis né gay. Et je ne comprends pas pourquoi on veut enfermer, brûler, exterminer tous les gays comme certains fous le souhaitent», lance-t-il.

Aujourd’hui, Jean-Pierre Leclerc s’inspire de Callimaque et déclame qu’il ne veut pas du chemin où se traînent les pas de la foule. Sa différence fait alors la différence.

Un livre marquant

 «Captain Hornblower de Cecil Scott Forester. C’est un livre de 1937 peu connu en France. C’est l’histoire d’un héros de fiction, aspirant de marine anglais plein de doute mais, terriblement professionnel, qui finira Lord et Amiral sous l’époque napoléonienne (pour le contexte français). C’est épique, plein de voyages, de rencontres et de faits d’armes. Je l’ai lu trois fois et m’apprête à le relire encore. Il me permet de m’évader. Je m’identifie au personnage. Comme lui j’ai des doutes et j’espère que l’on me voit comme un bon professionnel...»

Un film marquant «2001, l’Odyssée de l’espace, un film britannico-américain de science-fiction produit et réalisé par Stanley Kubrick, sorti en 1968. J’avais 6 ans à l’époque.»

Un objet fétiche : « Ma valise»

Un rêve :

 «Je vis le mien et j’en suis satisfait. À 55 ans, je sais que beaucoup de choses me seront de moins en moins possibles. Je rêve par contre que ce monde soit non pas tolérant mais fasse de l’inclusion un devoir international, tout comme la fin des guerres et de la famine dans de le monde.»

Sa motivation : «Partir ! Partir pour découvrir bien plus qu’une destination, mais celui qui y habite. Partir avec des yeux d’explorateur, des yeux d’enfant. Partir sans œillères, en faisant fi de ses connaissances et convictions et partir pour comprendre, entendre, connaître, savoir et transmettre...»