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La Catalogne en grève contre les violences policières

3 octobre 2017, 16:11

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La Catalogne en grève contre les violences policières

La Catalogne était en grève mardi, du FC Barcelone à la fameuse Sagrada Familia, pour défendre ses «droits» et dénoncer les violences policières de dimanche en marge du référendum interdit sur l’indépendance, alors que le fossé semble s’approfondir avec Madrid.

Sur l’autoroute qui mène vers la France, l’AP7, deux jeunes ont installé une table pliante et jouent aux échecs: le mouvement, sous le slogan «paralyser le pays», a démarré avec le blocage de 47 routes et autoroutes par des piquets de grève.

Cette grande mobilisation, ponctuée de manifestations, intervient deux jours après l’organisation d’un référendum d’autodétermination interdit dans la région que l’État a tenté d’éviter, sans succès, en dépit d’interventions parfois brutales des forces de l’ordre dans des bureaux de vote.

Ce scrutin auquel ont participé de très nombreux Catalans a ouvert la crise politique la plus profonde traversée par l’Espagne depuis le rétablissement de la démocratie dans le pays en 1977.

Les dirigeants de la Catalogne, une région grande comme la Belgique où vivent 16% des Espagnols, ont annoncé qu’ils prévoyaient de déclarer unilatéralement l’indépendance une fois confirmée la victoire du «oui», à 90% selon des résultats non définitifs.

Mais après les violences ayant amené dimanche plus de 800 personnes et une quarantaine de policiers «à solliciter une assistance médicale», les syndicats majoritaires dans la région, les associations et les partis indépendantistes ont convoqué cette grève «politique».

«Je suis convaincu que la grève sera très suivie», a déclaré le président indépendantiste de la région Carles Puigdemont, qui cherche aussi par ce biais à montrer que toute la société le soutient dans son bras de fer pour obtenir de Madrid, au minimum, un référendum d’autodétermination.

Dans les faits, la grève est prévue au port de Barcelone, dans les universités publiques, les transports, le Musée d’art contemporain (MACBA), parmi les employés de l’opéra et même ceux de la fameuse Sagrada Familia, la cathédrale de l’architecte Antoni Gaudi.

Le Barça aussi: ni les équipes professionnelles ni celles des jeunes ne s’entraîneront mardi.

Les trois chaînes de montage du constructeur de voitures Seat en Catalogne tournent normalement, a indiqué une porte-parole de la société, Cristina Vall-Losada. Les représentants des syndicats sont convenus de laisser les employés décider «selon leur conscience» s’ils voulaient se joindre à la grève, a-t-elle expliqué.

Une démonstration «de paix» 

Les organisateurs veulent en faire une démonstration «de paix».

Aux alentours de 10H00 (08h00 GMT) des manifestants coupaient par endroit la circulation.

L’un des plus emblématiques immeubles de Barcelone, la Casa Batllo à la façade en écailles de poisson de Gaudi, affichait ce message: fermé «pour manifester le rejet de la violence exercée dimanche sur la Catalogne, sa culture et son identité».

Dans la grande gare Sants, les magasins restaient ouverts à l’exception de la boutique du FC Barcelone qui participe aussi au mouvement.

«Un piquet de grève est passé pour nous recommander de fermer, mais sans menace ni rien», a assuré une employée d’un magasin de jouets de 43 ans sous le couvert de l’anonymat. «Je n’ai pas fermé parce que la boutique n’est pas à moi, sinon je l’aurais fait, pour la défense des droits humains».

L’agitation sociale monte depuis des semaines en Catalogne. Les indépendantistes ont promis «une mobilisation permanente» de la société contre ce qu’ils qualifient de «manque de respect» permanent de Madrid.

Des dizaines de policiers et de gardes civils envoyés en renfort pour le référendum sont contraints depuis lundi de quitter les hôtels où ils sont logés, sous la pression de la population et des maires, selon leurs syndicats.

Le gouvernement conservateur crie pour sa part «à la manipulation» des masses.

La grève est aussi un message adressé à la communauté internationale, pour lui demander d’aider la région «à garantir les droits» des citoyens de Catalogne. M. Puigdemont a demandé une médiation internationale pour tenter de régler son conflit avec Madrid.

L’Union européenne n’a pas relevé le gant mais a pressé lundi le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy de dialoguer. L’ONU a souhaité une enquête sur les violences tandis que Berlin et Paris exprimaient leur soutien à une Espagne unie. Et le Parlement européen a annoncé qu’il débattra en urgence mercredi de la situation en Catalogne.