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Sudesh Rughoobur: «Quand on décide de servir son pays, on se doit d’être exemplaire»

1 octobre 2017, 18:00

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Sudesh Rughoobur: «Quand on décide de servir son pays, on se doit d’être exemplaire»

La liste s’allonge chaque semaine : Sobrinho, Dewdanee, Gulbul, Jaddoo, Veeren, Soodhun, Rutnah, Yerrigadoo et, tout récemment, Tarolah et Sesungkur. Une effarante accumulation de soupçons autour du pouvoir. Comment relever la tête ? Le député MSM Sudesh Rughoobur a sa petite idée : en couper. Aïe.

Avant toute chose, où en est l’«affaire» Rughoobur ?

(Direct) Il n’y a pas d’affaire Rughoobur.

Vous avez déjà oublié ? Votre partenaire de business, le Réunionnais Bruno Cohen, a porté plainte pour détournement de fonds à hauteur de Rs 20 millions. Ça s’appelle une affaire, non ?

(Ferme) Cette accusation est infondée, sans substance et fausse. Si elle était fondée, je serais derrière des barreaux.

Vous êtes sûr de ça ? La police a parfois ses raisons que la raison ignore…

Écoutez, je ne veux pas spéculer sur une enquête en cours. La vérité triomphera du mensonge, j’en suis sûr. J’ai mes défauts, mais je suis attaché aux valeurs d’honnêteté et d’intégrité, je n’ai aucune raison de me sentir coupable de quoi que ce soit. Si ce jour arrive, je démissionne sur le champ, pas seulement du MSM, de l’Assemblée nationale aussi. Je ne fais aucun compromis sur ces choses-là.

Venons-en au sujet principal : le gouvernement collectionne les scandales depuis six mois. Pourquoi Lepep part en sucette ?

On ne va pas se mentir, tout ce qui arrive n’est pas joli-joli. À la direction du MSM, personne ne s’en réjouit. Nos brebis galeuses, je ne les défends pas : mettons-les dehors. Quand on décide de servir son pays, on se doit d’être exemplaire. Il se trouve, malheureusement, que beaucoup ne le comprennent pas. Donc, dire que tout va bien est faux, mais dire que tout va mal est exagéré. Ça, c’est le premier point. Le deuxième, c’est que nous vivons dans un État de droit avec des institutions chargées de punir les coupables. Ce n’est pas aux journalistes de rendre la justice, ou alors nous ne sommes plus dans un État de droit. Ce n’est pas au Premier ministre non plus. Ni aux avocats. C’est aux institutions de l’État de droit de rendre la justice ; laissons-les travailler.

La question est : comment ce gouvernement peut-il travailler avec cette accumulation de scandales à gérer ?

Des choses à corriger, il y en a toujours, dans tous les gouvernements. Moi, j’ai confiance.

Vos électeurs, c’est moins sûr : le contrat de confiance entre le peuple et Lepep n’est-il pas sérieusement amoché ?

Il n’y a qu’une seule façon de le restaurer : travailler, travailler, travailler… et obtenir des résultats.

Vous trouvez qu’on en prend le chemin ? Tout est «gate», l’overdose guette.

Je refuse de céder au pessimisme, il n’y a aucune raison de le faire. D’une part, nos problèmes ne sont pas insurmontables, nous ne sommes qu’à mi-mandat, il reste du temps pour réaliser ce qui ne l’a pas été. D’autre part, j’ai confiance en le leadership du Premier ministre, il va faire ce qu’il faut pour redresser la barre. Et puis, l’image du gouvernement n’est pas si exécrable qu’on le dit. En tout cas, aucun baromètre ne permet de l’affirmer.

Vous avez mis le nez dehors ces jours-ci ?

Je suis souvent dans ma circonscription. Bon, c’est vrai que les gens sont parfois… un peu… comment dire… découragés. J’essaie de les rassurer en allant à l’essentiel. Et l’essentiel, c’est quoi ? C’est qu’à la fin du mandat, les objectifs soient atteints. Moi aussi, il m’arrive d’être découragé. Ce qui me retient au MSM, ce qui me donne la force de continuer à militer pour ce parti et ce gouvernement, c’est Pravind Jugnauth.

Lèche-bottisme ou conviction sincère ?

Je fais 100 % confiance au capitaine. Je sais qu’il a beaucoup de choses à gérer, c’est compliqué…

Et si c’était lui, le problème ?

Pravind n’est pas le problème ; c’est la solution. C’est à la fin du mandat qu’on le jugera sur ses résultats, pas avant.

Vous parliez de «brebis galeuses», saura-t-il les tondre ?

Pravind Jugnauth a montré avec l’Attorney general qu’il savait couper des têtes. Il a condamné les propos de Ravi Rutnah, de Showkutally Soodhun, le vice-PM a eu à s’expliquer à la CCID, donc il n’y a pas d’impunité. Le Premier ministre ne prendra pas de gants : ceux dont la culpabilité aura été établie devront partir.

Est-ce un voeu ou une prédiction ?

(Il prend une grande respiration) Anou koz karé-karé : si ou fané, ou bizin alé. Premié minis pou bizin pran aksion, met déor ! Personne ne doit être indéboulonnable.

En attendant, dans de nombreux pays, cette invraisemblable accumulation d’affaires aurait déclenché une explosion du pouvoir, mais pas ici. Pourquoi ?

Je vous l’ai dit : parce que nous avons un leadership fort.

Ça ne saute pas aux yeux de tout le monde.

C’est la réalité. Je suis au bureau politique, je sais de quoi je parle. C’est l’autorité de Pravind Jugnauth qui nous fait tenir. Sans lui, le gouvernement n’aurait peut-être pas… Enfin, on n’en est pas là. Maintenant, ce qu’il faut, c’est réussir la seconde partie du mandat. Nou bizin réget boukou zafer.

En commençant par quoi ?

Je pense que le gouvernement doit se concentrer sur les secteurs-clés de l’économie. Ministère par ministère, voir ce qui ne fonctionne pas. Le tourisme, ça marche ; les services financiers ou les exportations, c’est plus compliqué. Disons-le : nous avons un déficit d’expertise dans de nombreux domaines. Pour réussir dans les services, il faut attirer les compétences que localement nous n’avons pas. Met-on toutes les chances de notre côté ? Je n’en suis pas sûr. Prenez l’Ocean Economy : on en parle beaucoup mais que fait-on concrètement ? Il faut voir ce qui coince, et vite.

M. Koojoo appréciera…

Je dis simplement qu’une évaluation de la performance de chacun ne serait pas superflue. Je connais peu de Mauriciens travaillant dans le tourisme qui s’inquiètent pour leur avenir. Par contre, j’en connais beaucoup dans les services financiers ou dans l’export. Il n’y a pas de secret : la seule façon de redresser la barre, c’est d’obtenir des résultats.

Le MSM doit-il présenter un candidat à la prochaine partielle ?

Je pense que oui, mais il s’agit d’une opinion personnelle. Cette élection est une opportunité de s’évaluer.

Vous aimez les fessées ?

Qu’est-ce qui vous dit que ce sera le cas ? Facebook, c’est comme les talk-shows à la radio, ça ne dit pas grand-chose sur le mood réel de l’électorat. Quand je vois le leadership dépassé du Parti travailliste, je ne suis pas inquiet. L’opposition ne propose rien. En fait, ce sont nos meilleurs agents. (Sur le ton de la confidence) Une défaite, si loin des élections générales, ne serait pas la fin du monde.

Ce serait quoi, la fin du monde ?

Le retour de Ramgoolam.