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Dopage: la Russie lance un mandat d'arrêt contre le lanceur d'alerte Rodtchenkov

28 septembre 2017, 17:40

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Dopage: la Russie lance un mandat d'arrêt contre le lanceur d'alerte Rodtchenkov

La justice russe a émis un mandat d'arrêt international contre l'ancien directeur du laboratoire antidopage de Moscou Grigori Rodtchenkov, réfugié aux Etats-Unis, dont les révélations ont contribué au scandale touchant le sport russe, a-t-on appris jeudi auprès d'un tribunal moscovite.

«L'accusation a lancé un avis de recherche international contre Rodtchenkov», a déclaré Iounona Tsareva, porte-parole du tribunal Basmanny qui a ordonné son placement en détention, précisant que cette décision avait été prise le 21 septembre.

Elle a plus tard indiqué que les avocats de Grigori Rodtchenkov avaient fait appel de cette décision, selon l'agence de presse russe Interfax.

Grigori Rodtchenkov était le patron du laboratoire antidopage de Moscou jusqu'en novembre 2015, quand les premières révélations de l'Agence mondiale antidopage (AMA) sur la Russie l'avaient poussé à la démission et avait conduit la Fédération internationale d'athlétisme (IAAF) à suspendre le pays de toute compétition internationale.

Disant craindre pour sa vie après la mort subite de deux responsables du laboratoire antidopage de Moscou en février 2016, Grigori Rodtchenkov s'est réfugié aux Etats-Unis, qui n'a signé aucun accord d'extradition avec son propre pays, et d'où il a lancé de nouvelles accusations contre les autorités russes.

Il a notamment assuré en mai 2016 dans les pages du New York Times que des dizaines d'athlètes russes, dont 15 médaillés olympiques, avaient profité d'un système de dopage organisé et supervisé par les services secrets russes lors des jeux Olympiques de Sotchi, en 2014.

Le Kremlin avait alors dénoncé les «calomnies d'un transfuge».

Ces révélations avaient toutefois conduit l'AMA à commander au juriste canadien Richard McLaren un rapport sur le dopage en Russie, qui a conclu à l'existence d'un «système de dopage d'Etat sécurisé», «dirigé, contrôlé et supervisé» par le ministère des Sports russe.

En juin 2016, le Comité d'enquête russe, en charge des grandes affaires criminelles, avait ouvert une enquête pour «abus de pouvoir» contre Grigori Rodtchenkov, une peine pour laquelle il risque jusqu'à sept ans de prison.

La Russie préparait mon «suicide»

Selon les autorités russes, Grigori Rodtchenkov a agi de sa propre initiative quand il a détruit des milliers d'échantillons de sportifs russes, à la veille du passage d'une commission d'enquête de l'AMA.

Le vice-président du Comité d'enquête, Ilia Lazoutov, avait déclaré en novembre 2016 que des preuves suggéraient que Grigori Rodtchenkov avait "utilisé sa position depuis longtemps pour inciter les athlètes à se doper, y compris pour un profit matériel". Les biens de Grigori Rodtchenkov en Russie ont par ailleurs été saisis.

Dans un article publié vendredi par le New York Times, Grigori Rodtchenkov a assuré qu'il avait fui la Russie car il avait peur pour sa vie et celle de sa famille. «Deux jours avant que je m'enfuie, un ami au gouvernement m'a prévenu que la Russie préparait mon "suicide"», a-t-il déclaré.

«C'est une chasse aux sorcières, et je suis la sorcière», a-t-il ajouté au sujet des poursuites dont il est l'objet en Russie.

Depuis le début du scandale, la Russie rejette toute idée d'un système de dopage organisé par l'Etat, insistant sur les responsabilités individuelles des sportifs dopés et des responsables de l'Agence russe antidopage (Rusada) ou du laboratoire antidopage.