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Enceinte de «huit mois», elle se fait avorter dans une clinique

23 septembre 2017, 18:34

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 Enceinte de «huit mois», elle se fait avorter dans une clinique

Des zones d’ombre entourent un cas d’avortement pratiqué sur une femme de 27 ans, jeudi. Ses proches et le gynécologue évoquent les motifs de risques pour la vie et la santé de la mère et de malformation du foetus. L’avortement est légal sous ces motifs. Cependant, des employés de la clinique, où le cas est survenu, arguent que le bébé était en bonne santé.

Ils ajoutent que la mère, une habitante de Poste-de-Flacq, était enceinte de huit mois. Or, une interruption volontaire est autorisée par la loi jusqu’à 14 semaines de grossesse dans certains cas. Alertée, la police a initié une enquête. Elle attend que la jeune femme se rétablisse pour procéder à son interrogatoire. La mère de celle-ci et une employée de l’établissement ont déjà été interrogées.

Angoissée, la mère de la jeune femme avance que le foetus représentait un danger pour la vie de sa fille. «Ier (NdlR, mercredi) li ti pé kordé ek douler. Je l’ai emmenée chez le médecin, qui a dit que le bébé a une malformation à la tête et qu’il n’est pas normal. Il représente un danger pour ma fille. J’ai une seule fille. J’ai répondu au médecin que je ne veux pas du bébé», relate-t-elle.

Elle soutient que sa fille était enceinte de cinq mois et que depuis le début de sa grossesse, celle-ci se plaignait souvent de douleurs au ventre. Le père du nourrisson travaille, selon elle, sur un bateau de croisière. «Mwa kinn get mo tifi. Monn pran désizion ki bizin.»

Le gynécologue qui a procédé à cet avortement abonde dans le même sens. Il affirme que les parents de la jeune femme sont venus à sa consultation mercredi, après que celle-ci s’est plainte de douleurs. Après une échographie, il a vu que le foetus (voir photo en haut), qui selon lui était de 20 semaines, avait une gross congenital malformation et qu’il n’était pas viable.

Ce médecin, qui travaille aussi pour l’État, a alors expliqué à la jeune femme et à ses parents les risques que comportait la venue au monde de l’enfant. Ils sont tombés d’accord pour mettre un terme à cette grossesse. Le bébé était vivant après l’accouchement et a été déclaré mort quelques minutes après.

«C’est normal qu’il a pleuré quand il est né mais après, il a arrêté de respirer par lui-même parce qu’il a une malformation», justifie le médecin. Après notre appel, le gynécologue s’est rendu de nouveau dans l’établissement pour ajouter des notes au dossier de la jeune mère.

Menaces

Du côté du personnel, on raconte que la jeune femme s’est présentée, mercredi soir, et qu’elle ne montrait aucun signe de douleur. Quatre pilules de Cytotec lui ont été administrées chaque heure, pour induire la douleur afin de faciliter l’accouchement.

Le travail a débuté aux petites heures du matin jeudi. Une trentaine de minutes plus tard, une fille est née par césarienne. «Li ti bien bébé la. Tous ses membres étaient formés. Il avait tout pour rester en vie. Il n’avait aucune malformation», avance un membre du personnel de santé.

La présence de la police, jeudi matin, dans l’enceinte de l’établissement a créé une vive tension. Le gynécologue aurait menacé le personnel présent. Nous avons vainement tenté d’avoir la version de la direction de la clinique sur ce cas.

Selon la loi, amendée en 2012, l’avortement est autorisé dans des cas spécifiques. Il peut être pratiqué légalement si la grossesse représente un risque pour la vie et la santé de la mère, s’il y a une malformation du foetus. Et si la grossesse, n’ayant pas dépassé 14 semaines, résulte d’un viol ou d’un abus sur une mineure.