Publicité

Soudan : trois morts au Darfour où le président Béchir est en visite

23 septembre 2017, 04:18

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Soudan : trois morts au Darfour où le président Béchir est en visite

Trois personnes ont été tuées vendredi dans des affrontements entre les forces gouvernementales soudanaises et des personnes déplacées hébergées dans un camp au Darfour, une région meurtrie par la guerre que le président Omar el-Béchir visite actuellement, a annoncé l'ONU.

Le chef de l'Etat soudanais est recherché par la Cour pénale internationale à la suite d'accusations de génocide et de crimes de guerre au Darfour (ouest) où des insurgés issus de minorités ethniques, s'estimant marginalisés, ont pris les armes en 2003 contre le pouvoir de Khartoum, aux mains de la majorité arabe. 

Ce conflit a fait près de 300.000 morts tandis que 2,5 millions de personnes ont été déplacées, selon l'ONU.

Omar el-Béchir assure que la guerre est aujourd'hui terminée au Darfour, ce que contestent des organisations de défense des droits de l'Homme.

Vendredi, des personnes déplacées habitant désormais dans le camp de Kalma, dans le Sud-Darfour, qui protestaient contre la visite du président soudanais, ont affronté les forces gouvernementales, a déclaré la mission commune de maintien de la paix de l'ONU et de l'Union africaine au Soudan (Minuad).

Trois personnes ont été tuées et 26 autres blessées, selon la Minuad.

Le chef de cette mission, Jeremiah Mamabolo, a appelé à un «retour au calme le plus rapidement possible».

Une épaisse fumée était visible au-dessus du camp et des membres de la police antiémeute étaient déployés à l'extérieur tandis que des ambulances de l'ONU évacuaient des blessés, a constaté un photographe de l'AFP accrédité par les autorités pour suivre le déplacement d'Omar el-Béchir.

Non loin de ces installations, où s'entassent plus de 125.000 personnes déplacées par les combats, le président a appelé à la réconciliation dans un discours fait dans le village de Shattaya, théâtre de plusieurs batailles depuis le début du conflit.

«Je veux remercier la population de Shattaya pour la réconciliation», a-t-il dit. «Je veux que le monde sache que nous sommes ici, avec vous. Nous continuerons à vous soutenir jusqu'à ce que la dernière personne déplacée retourne chez elle, dans sa ferme».

Mercredi, il avait pressé les habitants du Darfour de rendre leurs armes volontairement, dans le cadre d'une collecte organisée par le gouvernement.

Omar el-Béchir est en tournée dans cette région à quelques semaines de la décision du président américain Donald Trump concernant la levée définitive des sanctions de son pays contre le Soudan, attendue le 12 octobre.

Les Etats-Unis avaient imposé ces sanctions au Soudan en 1997 pour son soutien présumé à des groupes islamistes et les a laissées en place notamment à cause du conflit au Darfour et de violations des droits de l'Homme.

Washington a indiqué qu'il fonderait sa décision de lever les sanctions sur plusieurs points, dont l'amélioration de l'accès à l'aide humanitaire au Darfour.

Des groupes de rebelles ont quant à eux affirmé qu'Omar el-Béchir lui-même devait endosser la responsabilité des dernières violences.

«Béchir a été témoin du crime, il a vu ses soldats tirer sur les personnes déplacées», a ainsi écrit dans un communiqué le Mouvement pour la Justice et l'Egalité, un des plus importants de ces groupes.

«Cet incident (...) fait partie d'une politique du gouvernement destinée à forcer les personnes déplacées à quitter les camps», a-t-il ajouté.