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GB: Boris Johnson provoque Theresa May sur le Brexit

19 septembre 2017, 12:16

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GB: Boris Johnson provoque Theresa May sur le Brexit

Silencieux sur le Brexit depuis des mois, le remuant ministre britannique des Affaires étrangères Boris Johnson a mis le feu aux poudres en défendant une position diamétralement opposée à celle que devrait exposer Theresa May dans un discours prévu vendredi.

Le tacle est intervenu sous la forme d’une longue tribune publiée vendredi soir dans le Daily Telegraph, intitulée «Ma vision pour un Royaume-Uni ambitieux et prospère grâce au Brexit».

M. Johnson, qui avait fait campagne pour une sortie de l’Union européenne, y plaide pour une rupture nette avec l’Union après le 29 mars 2019, date à laquelle le Royaume-Uni est censé sortir officiellement de l’UE, et s’oppose à une période de transition.

Cet article sonne comme un défi contre la Première ministre, qui a choisi de s’exprimer vendredi à Florence, en Italie, pour relancer un processus de négociation dans l’impasse avec Bruxelles. Elle s’apprête au contraire à annoncer qu’elle souhaite une période de transition et qu’elle est prête à contribuer au budget de l’UE pendant cette période, selon plusieurs fuites.

Lundi, elle a tenu a rappeler qu’elle était aux commandes, assurant à la presse, à l’occasion d’une visite au Canada, que les membres de son gouvernement avaient «tous la même destination en vue».

Peu auparavant, face à ce que la majorité des commentateurs considèrent comme une provocation pour Mme May, son porte-parole s’était contenté d’affirmer que le chef de la diplomatie britannique «soutient le projet de la Première ministre concernant le Brexit» et qu’elle n’avait nullement l’intention de le congédier.

«Ce que j’essaie de faire, c’est d’esquisser ce qui est, selon moi, le paysage incroyablement passionnant de la destination vers laquelle on se dirige», s’est justifié lundi M. Johnson, interrogé par la BBC après son arrivée à New York où il doit participer avec la cheffe du gouvernement à l’Assemblée générale des Nations unies.

Jeu 'dangereux' 

Pour le chef du Parti libéral-démocrate, Vince Cable, la décision de Mme May de garder son ministre des Affaires étrangères au gouvernement sonne comme un nouvel aveu de faiblesse. Cela montre combien elle «est paralysée et impuissante» depuis le mauvais résultat enregistré aux législatives anticipées de juin par son Parti conservateur.

S'«il continue à saper son autorité, le garder la rend incroyablement faible» aux yeux du public, estime également Tim Bale, professeur à l’université Queen Mary de Londres. «Mais elle est déjà incroyablement faible», a-t-il dit à l’AFP.

Dimanche, la ministre de l’Intérieur, Amber Rudd, s’était montrée plus sèche, lors d’un entretien télévisé où elle a demandé à son collègue d’arrêter «de jouer les donneurs de leçons». Elle s’est également étonnée que Boris Johnson ait pu publier cette tribune le jour-même où le pays affrontait son cinquième attentat en quelques mois.

Les amis de M. Johnson, qui ambitionnait de devenir lui-même Premier ministre dans la foulée du référendum sur le Brexit en juin 2016, ont essayé de calmer le jeu, affirmant qu’il ne cherchait pas à se mettre en avant dans la perspective de la chute de Mme May, mais se préoccupait uniquement de l’avenir du Royaume-Uni et du contenu du discours de Florence.

«Il essaie de remettre un peu de +va-va-voom+ dans le processus du Brexit parce qu’il trouve l’ambiance trop négative», affirme l’un d’entre eux dans le Daily Telegraph lundi.

Mais pour un député conservateur, le moment choisi pour le faire est «dangereux». «Il allume la mèche qui risque bien de faire exploser la fragile unité du parti et du gouvernement», ajoute-t-il.

Le Times, qui dénonce les propositions pas très «sensées» de M. Johnson, juge au contraire qu'«il se peut bien qu’il soit plus inquiet de son avenir» que de celui de son pays.

Pour Tim Bale, le ministre des Affaires étrangères «est désespérément inquiet que le public l’oublie ou que ses collègues le marginalisent - après tout il a toujours envie d’être le leader».

«Dans l’immédiat, soit il espère que Mme May n’aura pas l’autorité de le limoger, le confirmant comme une menace, ou qu’elle se séparera de lui, lui donnant l’occasion de se comporter comme la principale alternative si les choses vont mal pour elle», ajoute l’analyste.