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À Belle-Rose: une famille vit sur les berges d’une rivière depuis quatre mois

10 septembre 2017, 21:32

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À Belle-Rose: une famille vit sur les berges d’une rivière depuis quatre mois

La vie ne leur aura pas fait de cadeau. Dominique Dubillion et son épouse Daniella ont perdu leur maison dans un incendie. Sans emploi, ni les moyens pour la reconstruire, ils n’ont eu d’autre choix que de partir. Depuis quatre mois, le couple s’est installé sur les berges de la rivière en face du Super U de Belle-Rose.

Rencontrés sur place vendredi, ils semblaient contents que quelqu’un les remarque enfin. «Des fois, les gens passent sans même nous voir. Nous sommes là, aujourd’hui, car nous avons vécu des moments difficiles ces dernières années», raconte Dominique. Il explique qu’il habitait, avec sa femme, à Camp-Levieux, avant d’atterrir sur la berge de cette rivière. «Il y a quatre mois, notre maison a été entièrement détruite dans un incendie», poursuit-il.

Daniella, pour sa part, relate qu’elle a subi un grand traumatisme. «J’ai perdu ma mère et mon père dans un accident de la route. Orpheline, je n’ai personne à qui demander de l’aide.» Elle soutient qu’elle ne peut pas travailler, souffrant de troubles mentaux.

Le couple n’est pas seul dans cette situation. Cardo Désiré Jean Pierre, le cousin de Dominique, leur a emboîté le pas. L’homme, âgé de 35 ans, explique qu’il habitait autrefois avec une tante à Saint-Pierre. «Mais nous avions régulièrement des disputes. Cela devenait de plus en plus violent. Finalement, j’ai décidé de suivre Dominique», précise-t-il. Depuis, il a coupé tout contact avec sa famille. Selon ses dires, cette dernière n’a pas manifesté le désir de savoir s’il allait bien non plus.

«Pouvi pa pé dormi san manzé»

Sur la berge de cette rivière, les trois adultes n’ont qu’un foyer pour cuisiner, quelques récipients et un matelas, qu’ils mettent à même le sol le soir pour dormir. Ici et là, quelques bougies éteintes. «C’est pour avoir un peu de lumière le soir», disent-ils. À leurs côtés, deux chiens. «Nous les avons avec nous pour assurer notre sécurité le soir», affirme Dominique.

S’ils ne travaillent pas, ils précisent qu’ils ne se croisent pas les bras pour autant. Selon leurs dires, ils passent leur journée à pêcher dans une rivière, à Moka. «Nous pêchons des anguilles, des chevrettes et des camarons pour pouvoir avoir de quoi manger le soir», lance Cardo. Des fois, disent-ils, ils partent à Rose-Hill, «pou rod lapo poul». D’ailleurs, au menu ce vendredi soir, il y avait «diri ek lapo poul», annonce Daniella. Pas d’autre choix. «Pouvi pa pé dormi san manzé.»

Pour Cardo, «pa enn lavi sa. Sa kondision nou été la, lisien pli bon ki nou». Pourtant, les deux hommes ne refusent pas de travailler. Cardo fait valoir qu’il peut exercer comme «manev mason». Ils font, d’ailleurs, appel à la solidarité légendaire des Mauriciens. À bon entendeur…