Publicité

[Vidéo] Femmes au chômage: la formation, une arme contre la pauvreté

6 septembre 2017, 20:15

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

[Vidéo] Femmes au chômage: la formation, une arme contre la pauvreté

Parviendra-t-elle à défier les statistiques ? D’année en année, la gent féminine est plus touchée par le chômage que les hommes. Alors que le Premier ministre, Pravind Jugnauth, a annoncé lors de sa participation à l’Assemblée des chefs d’État et de gouvernement de l’Union africaine, il y a peu, l’introduction d’un programme nommé Back to work à l’intention des jeunes femmes, d’autres ont pris les devants. À Curepipe et à Rivière-Noire, des femmes s’orientent vers de nouvelles formations gratuites pour s’en sortir. Les classes viennent d’ailleurs de commencer.

À Curepipe, une salle de formation est en ébullition. Armées de leurs stylos, cahiers, feuillets de notes et de recettes, huit femmes ne veulent rater aucune miette de leur formation. Celle-ci, menée à la baguette par Mehjabeen Korumtollee, ancienne élève et formatrice, commence. Le menu du jour : des nankhatai, c’est-à-dire, de petits biscuits à la semoule et cardamome.

«On mélange l’huile et le mantègue dans le robot culinaire, tout doucement. Cela prend du temps, mais la texture est meilleure», explique-t-elle. Aussitôt, les élèves se lèvent pour inspecter ce curieux mélange, qui est par la suite versé dans une jatte avec d’autres ingrédients. Place au pétrissage avant le passage au four.

<div data-video="jw" data-video-src="xupV2Ndn"></div>

Aide financière

Après ce façonnage sucré, on bascule dans le salé pour concocter un korma de crevettes. Une recette qui aiguise déjà la soif d’apprentissage des élèves, à l’exemple de Cindy Pierre, de Curepipe. «Initialement, j’ai démarré cette formation pour préparer des plats plus nutritifs pour mes enfants et leur éviter le fast-food. Par la suite, j’ai obtenu des commandes pour des forêts noires, des génoises, de la pâte d’amande, entre autres. Cela m’aide financièrement », confie-t-elle.

Comme elle, Malini Sandanum, résidente de Malherbes, est plus autonome sur le plan culinaire. «Maintenant, je n’ai plus à en acheter. Dès qu’il y a un événement, je prépare tout moi-même.»

Cette initiative revient à l’Aaleemee Society. Les formations gratuites, approuvées par la Mauritius Qualifications Authority, étaient précédemment dispensées à Phoenix. Elles se tiennent à Curepipe depuis un an et demi. «Nous venons de lancer trois nouveaux groupes de formation. Notre objectif est d’aider ces femmes sans emploi à développer une activité pour subvenir aux besoins de leurs familles. Depuis le début du programme, nous avons formé 400 personnes», déclare Nassim Futloo, coordinatrice du cours.

Règle des life skills

Constatant que 27 % de femmes ne disposaient pas de diplômes académiques, Saheed Thupsee, fondateur et président de l’association, a décidé d’instituer cette formation. «Nous ne pouvions laisser les femmes dans la pauvreté. Les résultats sont visibles aujourd’hui. Plusieurs de nos élèves ont pu créer leur propre entreprise», souligne-t-il. Selon Mehjabeen Korumtollee, la formatrice, plusieurs élèves assurent des commandes de gâteaux à la maison. D’autres sont désormais employées par des supermarchés.

À Rivière-Noire, l’École de technicienne de maison (ETM) assiste les femmes sans emploi habitant Baie-du- Cap, Rivière-Noire, Bambous et d’autres régions avoisinantes. L’ETM opère sous l’égide de l’ONG Caritas. Au sein de cette école où nous avons fait incursion en ce début de septembre, une douzaine de femmes forment un cercle pour écouter les explications de Sonia Marion, la formatrice. À l’aide d’un ordinateur et d’un projecteur, elle leur enseigne les règles des life skills telles que l’estime, le respect, les attitudes à adopter.

«Qu’elles soient aguerries»

Très interactif, le cours permet parallèlement aux adhérentes de s’exprimer sur les difficultés sociales rencontrées. «J’ai perdu mon travail il y a deux mois. Auparavant, j’étais employée de maison, confie Christina Deise, de Rivière-Noire. Ma patronne est récemment décédée. J’ai entendu parler de la formation. Alors, je m’y suis inscrite. J’y apprends énormément de choses. Aujourd’hui, j’ai espoir de sortir du chômage.»

Au sein de l’ETM, sont également enseignées les techniques de nettoyage professionnel à appliquer chez les particuliers, comme dans l’hôtellerie. Le repassage, la puériculture, la couture, la cuisine, l’alphabétisation et l’apprentissage des langues telles que l’anglais et le français sont aussi enseignés.

Opérationnel depuis 2006, l’établissement a formé environ 400 personnes. «Je suis une femme et j’imagine à quel point leur situation peut être difficile. Notre but est de bien outiller les femmes pour qu’elles soient aguerries pour le monde de l’emploi», dit Jasmine Toulouse, secrétaire chez Caritas. Fany Gorapah, responsable du projet, précise que les cours sont gratuitement dispensés lundi à vendredi, de 9 heures à midi. «Nous les finançons à travers des donations», indique Alain Gauthier, responsable de Caritas.

En sus des ONG, le Human Resource Development Council (HRDC) agit comme facilitateur pour les chômeurs. Et ce, à travers le National Skills Development Programme. L’engouement pour ces formations est palpable, selon Sharma Seechurn, Research and Development Coordinator du HRDC. «Par exemple, pour les domaines comme l’électricité, nous avons deux à trois inscriptions émanant de femmes sans emploi.» Les autres filières qui les mobilisent sont le Housekeeping, le telemarketing, la vente, la restauration, entre autres. À ce stade, 360 personnes, dont plus de 150 femmes, ont complété leur formation lancée depuis décembre 2016. Actuellement, 1 600 Mauriciens continuent à suivre leur programme d’une durée de trois à 12 mois.


Des détenues bientôt formées

<p>Dès octobre, une douzaine de détenues à la prison de Beau-Bassin mettront la main à la pâte. Un <em>&laquo;Memorandum of Understanding&raquo;</em> a été signé le 30 août entre le<em> &laquo;Mauritius Prison Services&raquo; </em>et l&rsquo;<em>Aaleemee Society</em> pour former ces femmes à la pâtisserie et à la cuisine. Les cours seront dispensés par les formatrices de l&rsquo;association caritative.</p>

En chiffres

<p>Selon <em>Statistics Mauritiu</em>s, 26 600 femmes étaient sans emploi au premier trimestre de 2017 contre 17 700 hommes. Globalement, un taux de chômage de 7,6 % a été répertorié de janvier à mars. Chez la gent masculine, le pourcentage était de 5 % et de 11,7 % chez les femmes durant le premier trimestre de cette année. En 2016, 16 900 hommes et 25 500 femmes étaient sans emploi, d&rsquo;après les données. Le taux de chômage était de 7,3 % et plus particulièrement de l&rsquo;ordre de 4,8 % chez les premiers et de 11,2 % chez les seconds.</p>