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Me Siven Tirvassen: «Reprenons les idées émises par les jeunes»

6 septembre 2017, 01:00

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Me Siven Tirvassen: «Reprenons les idées émises par les jeunes»

Vous êtes président de la Croix- Rouge de Maurice depuis peu. Comment donnerez-vous un nouvel élan au travail de cette organisation ?
J’ai accédé à la présidence de la Croix-Rouge de Maurice en avril. Les maîtres mots de la nouvelle équipe dirigeante sont proximité avec la population et visibilité accrue aux niveaux national, régional et international. Il faut que nos actions humanitaires soient connues par toutes les couches de la population mauricienne. Nous oeuvrons dans le domaine de la santé, dans la prévention des accidents domestiques et dans la réduction des risques de catastrophes comme les cyclones et les inondations.

La quête nationale de la Croix-Rouge a eu lieu du 25 au 27 août. L’argent récolté sera-t-il suffisant pour financer vos actions ?
L’argent que les Mauriciens nous offrent généreusement est insuffisant. Cependant, il contribue au financement de nos actions sociales. Celles-ci ne se limitent pas aux colis alimentaires ou aux autres besoins de personnes vulnérables. Nous dépensons aussi dans la formation des volontaires pour les préparer à des situations de catastrophe.

Quelles sont les autres sources de financement de votre association ?
Nous avons le soutien du Programme des Nations unies pour le développement, de la Fédération internationale de la Croix-Rouge, du Comité international de la Croix-Rouge et de la Plateforme d’intervention régionale pour l’océan Indien pour des projets. Nous recevons aussi une aide financière du NGO Trust Fund. Mais, hélas, ce n’est même pas suffisant pour payer les salaires de nos employés et pour régler les dépenses courantes.

Pourquoi votre association n’agit-elle pas conjointement avec la National Empowerment Foundation ?
Notre organisation existe en vertu d’une loi, la Mauritius Red Cross Society Act. Nous devons respecter les principes fondamentaux de la Fédération internationale de la Croix-Rouge. Nous sommes tenus à garder notre indépendance dans nos actions.

L’éducation aux premiers secours semble inexistante à Maurice. Vos commentaires.
Nous sommes conscients du nombre élevé d’accidents mortels. C’est pour cela que nous utilisons toutes les formes de communication pour faire connaître les gestes qui sauvent. Nous venons de lancer une campagne de promotion des gestes de secours dans les autobus de Rose-Hill Transport. Elle sera étendue à d’autres compagnies de transport en commun.

Quels sont les autres moyens que vous utiliserez ?
Les réseaux sociaux, les écoles et des associations de personnes âgées seront aussi utilisés. C’est ainsi que nous comptons inculquer une culture de prévention des risques aux Mauriciens. Il est primordial qu’au moins un membre de chaque famille connaisse les techniques et la façon d’agir pour sauver une vie en cas d’accident.

Êtes-vous satisfait de la sensibilisation aux catastrophes naturelles ?
La sensibilisation et la formation sont les deux activités de la Croix-Rouge de Maurice. Néanmoins, cela prend du temps pour changer les habitudes et la façon de penser des Mauriciens.

Que doit-on faire ?
Nous passons beaucoup de temps à éduquer la population quant à l’identification des risques et l’impact des catastrophes naturelles. Si les Mauriciens sont sensibilisés, l’impact des catastrophes sera moins grand.

La Croix-Rouge de Maurice compte moins de 500 membres. Comment expliquer cette désaffection à l’égard de votre association ?
Ce n’est pas le nombre de membres sur papier qui compte. Dans beaucoup d’associations, les membres sont passifs et ne contribuent aux souscriptions qu’après plusieurs rappels. Nous préférons compter sur des volontaires prêts à aider en cas de catastrophes. Nous leur offrons des formations en continu, même s’ils ne sont pas membres de l’association. Je lance un appel aux jeunes, moins jeunes, chefs d’entreprise, employés de bureau, retraités et étudiantspour qu’ils consacrent un peu de leur temps libre à ceux qui en ont besoin.

Y a-t-il une relation entre la hausse de la délinquance et la disparition des structures d’encadrement des jeunes ?
La recrudescence de la délinquance n’affecte pas que notre pays. À la Croix-Rouge de Maurice, nous avons une section jeunesse qui accueille les jeunes de 11 à 25 ans. Ces derniers sont encadrés afin qu’ils soient des adultes responsables.

Que faire pour intéresser davantage de jeunes au travail social ?
Les organisations doivent se redéfiniren innovant et en utilisant des outils de communication que les jeunes privilégient, tels que Facebook. Nous devons nous moderniser et reprendre les idées émises par les jeunes pour concevoir un projet et assurer sa mise en oeuvre. Les jeunes aiment être parties prenantes de toute action.

Il semble qu’à Maurice, on ait davantage développé une culture de recevoir au détriment d’une culture de don. Qu’en pensez-vous ?
Ce n’est pas nécessairement vrai. Cependant, j’admets que certains Mauriciens ont développé une culture d’assistés. Malgré cela, nos compatriotes ont toujours répondu à l’appel de la Croix-Rouge de Maurice. Que ce soit en situation d’urgence ou sur un projet spécifique. Des personnes viennent aussi déposer des vêtements, des lits, des fauteuils roulants ou alors pour tout simplement faire un don en espèces dans nos différentes branches. C’est une indication que nous sommes crédibles et qu’on nous fait confiance.

La Croix-Rouge de Maurice est aussi active à Rodrigues…
Rodrigues n’est pas exclue de nos actions humanitaires. L’île est sinistrée lors des cyclones notamment. Avec le soutien du gouvernement australien et de la Croix-Rouge française, nous construirons, à Rodrigues, un entrepôt pour stocker du matériel afin de pouvoir répondre aux besoins immédiats de la population en cas de catastrophe naturelle.

Bio Express 

<p>Me Siven Tirvassen est travailleur social depuis son adolescence. En 1976, il se joint à la fonction publique et travaille au ministère de la Sécurité sociale, avant d&rsquo;être muté à la Commission électorale. Par la suite, il est en poste dans les <em>Citizens&rsquo; Advice Bureau</em>. Parallèlement à ses activités professionnelles, il prépare sa licence en droit. Après avoir obtenu son diplôme, il prend sa retraite anticipée et se joint au barreau.</p>

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