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Nando Bodha : «36 familles sont dans l’illégalité»

3 septembre 2017, 23:30

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Nando Bodha : «36 familles sont dans l’illégalité»

Le ministre des Infrastructures publiques et du transport en commun remet les points sur les «i». Cela suivant le tollé qu’a causé la démolition de maisons à La Butte et à Résidence Barkly vendredi 1er septembre pour faire place au métro.

Combien de cas posent problème à La Butte et à Résidence Barkly ?

Pour commencer, laissez-moi vous dire qu’au total, nous avons 69 cas qui sont concernés par le tracé du Metro Express qui, je dois le faire ressortir, est le même depuis 2014, soit celui du métro léger de l’ancien gouvernement. Nous avons toujours travaillé, mon collègue le ministre Showkutally Soodhun et moi, pour trouver une solution et arriver à la satisfaction de tout le monde. Nous avons eu plusieurs rencontres et chaque dossier a été étudié au cas par cas.

Pour revenir à votre question à Résidence Barkly, il y a 21 cas dont cinq qui sont actuellement des living quarters et nous avons demandé à ces personnes d’enlever les constructions qui ont été faites dans l’illégalité. Nous n’avons aucun problème avec les autres cas.

À La Butte, nous avons deux cas de squatting concernant les héritiers de Mansoor Rujubali et Monsieur Azam Rujubali et un cas de compulsory acquisition concernant la famille Chetty.

Pour le premier cas, c’est-à-dire les héritiers de Mansoor Rujubali, le bail a été résilié en 2014 par l’ancien gouvernement pour le projet de métro léger et une compensation de Rs 1,5 million a été offerte aux quatre héritiers - la sœur qui y habite toujours, Azam Rujubali, un frère qui est en Italie et une autre sœur qui se trouve en France. Ces deux derniers sont venus me voir au ministère et ont signé leur acceptation de compensation.

En ce qui concerne Azam Rujubali, il occupe un terrain loué pour la période du 1er décembre 1993 au 30 juin 1993 à Angamah Potaren mais le bail n’a jamais pu être finalisé. Apres le décès d’Angamah Potaram, en 2005, Azam Rujubali a juré un affidavit dans lequel il a déclaré que le défunt lui avait donné la permission d’y habiter. En 2005, muni de son affidavit, il a fait une demande au ministère du Logement et des terres pour régulariser sa situation.

Sa demande a été refusée et sa situation n’a jamais été régularisée par le ministère du Logement et des terres. En 2014, avec la décision du gouvernement d’alors d’aller de l’avant avec le projet de métro léger, il a été informé d’évacuer le terrain et on lui a proposé une compensation.

En avril 2017, le Valuation Office a évalué la compensation à Rs 1,8 million et il n’était pas d’accord avec le montant de la compensation. Le 9 août, il a été informé qu’il devait aller chez le notaire pour toucher sa compensation. Il a refusé catégoriquement et a demandé une somme de deux fois supérieure, c’est-à-dire Rs 4,2 millions. Le 17 août, une notice de squatter lui a été servie et il a été prié de partir dans un délai de 14 jours, soit le 31 août.

Depuis 2005, M. Rujubali est toujours dans l’illégalité, sans bail, sans payer de loyer et sans permis de construction de la municipalité de Port-Louis.

Combien de familles ont refusé la compensation proposée par le comité qui s’est penché sur les cas personnels ?

L’autre cas à La Butte concerne la famille Chetty qui tombe dans la catégorie des compulsory acquisitions. Une offre de compensation de Rs 23 millions lui a été offerte mais la famille veut le double du montant. Elle est venue me voir samedi dernier à mon bureau et je lui ai demandé de prendre la somme proposée et de faire une demande de révision qui serait transmis à l’Assessment Board. Il est important de noter que l’évaluation est faite par le Valuation Office, une autorité indépendante.

Combien de familles sont dans l’illégalité ?

Au total, il y en a 36. L’on compte 21 à Résidence Barkly et 15 cas de squatting.

Que s’est-il passé suivant votre rencontre samedi 2 septembre (NdlR, dans les locaux de TopFM) avec Azam Rujubali ? Le gouvernement est-il prêt à lui offrir plus en termes de compensation ?

Azam Rujubali est venu me voir après mon passage sur Top FM samedi où il avait participé au programme en directe. Je l’ai rencontré au rez-de-chaussée du bâtiment et il m’a parlé de sa situation. Je lui ai dit que nous avons tout fait pour ne pas arriver à cette situation qui était le dernier recours et que je regrette sincèrement. Nous le regrettons tous.

Je lui ai expliqué qu’il peut toujours toucher la compensation qui lui est offerte et protester contre le montant en expliquant clairement les raisons. Cette demande sera présentée à l’Assessment Board.

Quelle est la date butoir à laquelle les terrains doivent être livrés à Larsen & Toubro ? Quelles sont les pénalités faute du contraire ?

La date est début septembre. Le contrat avec Larsen & Toubro est un contrat lump sum. Il n’y a pas de variation pendant les travaux qui dureront deux ans. Tout retard de la part de l’un ou de l’autre fera l’objet d’une pénalisation. Un retard n’est pas souhaitable. Ce ne sera pas dans l’intérêt de la population ni du gouvernement.

Est-ce que les éboulements de la semaine dernière vous inquiètent ?

Suivant l’affaissement lundi à la rue Agousty à La Butte, la mairie de Port-Louis a établi les responsabilités et que ce n’est d’aucune manière lié à un glissement de terrain puisqu’il a été causé par pure négligence de la part du promoteur.

Les conditions dans la région de La Butte ont été étudiées. Ces conditions ont été étudiées par la Singapore Express Corporation qui a préparé les spécifications pour l’appel d’offres. Elles ont été présentées aux deux bidders du projet, Larsen & Toubro et Afcons, qui ont fait une reconnaissance de terrain avant de faire leur offre. D’ailleurs, le contrat avec Larsen & Toubro prévoit que tous les éléments doivent être pris en considération et que la compagnie fasse ses propres investigations géotechniques pour préparer le design.

Les représentants du ministère et du gouvernement seront-ils présents en cour ce lundi 4 septembre ?

Bien sûr. Pendant tout le week-end et même aujourd’hui (NdlR, dimanche 3 septembre), à l’heure que je vous parle, des équipes de mon ministère et du Logement et des terres travaillent avec le State Law Office pour être fin prêt.

Il y a eu une pétition contre le projet du gouvernement sur les réseaux sociaux. Vous attendiez-vous à une telle réaction de la part de la population ?

C’est dommage qu’on en soit arrivé là et que la politique y ait été mêlée de manière outrageuse. Finalement, nous réalisons que sur une total de 69 cas qui sont concernés et ce, depuis que les procédures ont été entamées en 2014 avec le même tracé, plus de 60 ont été résolus de façon acceptable. De plus, ces dernier mois, nous avons tous travaillé d’arrache-pied pour trouver une solution.

Mon travail a été de trouver des solutions. Maintenant que la population a tous les éléments, je souhaite que le bon sens soit rétabli et que chacun assume ses responsabilités.