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[Vidéo] Otentik Street Brothers: du ghetto à la gloire

1 septembre 2017, 21:15

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[Vidéo] Otentik Street Brothers: du ghetto à la gloire

Il est midi et nous sommes dans une ruelle à Plaisance, Rose-Hill. Aussitôt les pieds hors de la voiture que la musique nous guide jusqu’à eux : les Otentik Street Brothers (OSB). Sarouyar biznes, célèbre morceau qui parle de prostitution, retentit. Le groupe est en pleine répétition dans le studio aménagée dans la maison de Bruno Raya. L’homme qu’on appelle Master Kool B.

De la rue, difficile d’imaginer que c’est dans une si petite pièce que le célèbre groupe fait ses répétitions. Entre ces quatre murs ornés de graffitis peints en rouge, jaune et vert, pas moins d’une dizaine de personnes sont regroupées. Devant certaines d’entre elles, il y a des instruments, devant d’autres des micros. En chacune, l’on sent la même motivation pour préparer le prochain concert du groupe, prévu ce samedi 2 septembre, au Palladium Club, à Trianon.

Ce concert se veut spécial puisque le groupe fête ses 25 ans d’existence. Vingt-cinq ans que des morceaux ont rassemblé des milliers de Mauriciens, surtout des jeunes issus de tous les milieux. Si, aujourd’hui, le groupe connaît le succès, le quatuor est conscient que les choses auraient pu être différentes.

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«Vous êtes-vous déjà demandé où vous seriez s’il n’y avait pas OSB ?» demandons-nous. «Mo ti pou enn parmi sa bann ganster-la! Mo sir! Là où nous sommes, à Plaisance, il se passe énormément de bonnes choses, oui. Mé éna ousi kitsoz ki pa korek ditou ditou!» répond d’emblée Bruno Raya. Dagger Killa, de son vrai nom Pascal Ferdinand, compare, lui, la musique à une discipline. «J’ai eu une formation militaire. On ne fait pas ce qu’on veut en musique. On apprend et la musique c’est une discipline», soutient-il.

C’est le même son de cloche du côté de Blakkayo, Jean Clario Gâteaux et Tikenzo, Stéphane Douce. Pour ce dernier, cette carrière a été plus salvatrice. Il se souvient de ses années derrière les barreaux. «La musique m’a canalisé, elle m’a guidé. En principe, on t’envoie en prison pour la réinsertion. Mais en prison, si tu n’es pas fort, tu deviens pire. Moi, c’est la musique qui m’a gardé. J’ai des amis qui, eux, ne sont plus les mêmes», raconte-il.

Les quatre voix d’OSB ne le cachent pas. Ils viennent du ghetto et c’est ce qui se passe dans le ghetto qui se traduit dans leurs chansons. «Nous passons des messages parce que nous savons ce qui se passe dans les cités. Nou bann bad boys Plaisance, wi! Nous sommes conscients de ce que disent les gens. Et nous portons cela comme une fierté. Mé nou nou dir bann zenn sorti dan ghetto mé pa zis sa, kan inn sorti, fer to ghetto vinn sato ! Pa less li koumsa», souligne Bruno Raya.

Le groupe de Plaisance donne rendez-vous à leur fan samedi pour célébrer ses 25 ans.


Un oeil sur «le système»

<p><em>&laquo;Parey kouma nou vey system, nou koné zot vey nou!&raquo;</em> Déclaration signée Tikenzo. Le rappeur du groupe veut dire par là que le groupe n&rsquo;a jamais caché sa mission qui est de surveiller ce que font les dirigeants du pays. Chez OSB, l&rsquo;actualité est suivie de près. <em>&laquo;C&rsquo;est ce qui inspire nos chansons d&rsquo;ailleurs. Nous voulons un changement dans la société. Il est malheureux qu&rsquo;un ministre dise qu&rsquo;il aurait tué un député s&rsquo;il possédait un revolver alors que nous militons depuis des décennies pour le respect de chaque personne vivant à Maurice&raquo;,</em> déclare Master Kool B avec l&rsquo;approbation de ses trois autres camarades.</p>

<p>Sentez-vous que les dirigeants comprennent mieux votre contribution à la société ? C&rsquo;est plus facile de dire les choses aujourd&rsquo;hui ? <em>&laquo;Oui et non. Nous avons toujours veillé à ce qui se passe dans le pays. Nous savons aussi ce que les gens disent à notre sujet, mais nous n&rsquo;avons pas peur des dirigeants. Nous savons aussi que partout il y a des ripoux. Et lorsqu&rsquo;il y a des choses à dire, nous le disons. Si quelque chose est bien nous le disons, si quelque chose ne va pas, nous le disons aussi !&raquo;</em> répond fermement Bruno Raya.</p>


Combat pour la dépénalisation du cannabis

Il n’est un secret pour personne qu’OSB est en faveur de la dépénalisation du cannabis. Ils ne le cachent pas. Pour eux, il existe une différence entre le cannabis et les drogues dures. Une différence sur les effets des deux sur la santé. Et en ce moment, le combat s’accentue sur les drogues synthétiques et leurs effets. «D’autant plus que les victimes de ces substances sont souvent plus nombreuses dans les ghettos», s’inquiète Bruno Raya.


Engagement dans le social

	<p>En plus d&rsquo;être un groupe apprécié par les jeunes, OSB est, pour beaucoup d&rsquo;entre eux, un exemple. C&rsquo;est du moins ce qui ressort de leur rencontre avec les jeunes. Ils racontent que lors des débats ou des causeries, ils rencontrent des jeunes qui leur rappellent ce qu&rsquo;ils étaient 25 ans de cela. &laquo;<em>Nous sommes conscients de ce que nous apportons à la société. Il y a eu un moment où nous étions absents et nous avons mis du temps à voir l&rsquo;impact que notre absence a eu&raquo;</em>, affirme Bruno Raya. Une prise de conscience qui ne donne, du coup, pas le droit à l&rsquo;erreur.</p>

	<p><em>&laquo;Nous savons qu&rsquo;il y a eu des gens qui ont été touchés par nos chansons. Nous savons que certains ont changé&raquo;</em>, ajoute Tikenzo. Mais ils savent aussi que leurs efforts seront vains si les jeunes qui sont empêtrés dans les fléaux comme la drogue ou la prostitution ne font pas l&rsquo;effort d&rsquo;en sortir.</p>
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Une publication du quotidien BonZour !