Les ennuis débutent concrètement pour le trajet du métro. Une compagnie privée effectue en ce moment des fouilles à La Butte, à côté du showroom de Kalachand, pour un projet de construction. Depuis dimanche, ces travaux ont provoqué des glissements de terrain dans les alentours. Résultats: route lézardée, pylône emporté, murs craquelés… Les policiers des Line Barracks ont barricadé la zone. Les habitants, eux, s’emportent contre le Metro Express qui doit traverser La Butte. Ils sont tous catégoriques. Ces glissements de terrain remettent en cause le projet à Rs 18,8 milliards.

Interrogé, l’ingénieur Belal Jhoomun, spécialisé en inspection, maintenance, réparation des ouvrages d’art, affirme que les photos démontrent clairement que c’est un «terrain meuble», c’est-à-dire, qu’il n’est pas compact. Selon lui, si les travaux du métro se tiennent sur ce type de terrain à La Butte, il faut faire des études pour savoir où se trouve sa ligne de glissement, qui est propre aux terrains pentus. «Les fondations de toute infrastructure doivent être faites sous cette ligne de glissement. Il ne faut pas se baser sur des études réalisées il y a deux ou trois ans car la ligne de glissement d’un terrain meuble bouge constamment.» Il estime que les autorités doivent faire de nouvelles études approfondies sur La Butte.

En attendant, poursuit-il, la police doit empêcher toute personne d’utiliser ce chemin fissuré car il risque de céder à tout moment. Selon lui, il faut construire un mur de soutènement lorsqu’un contracteur effectue des fouilles pour éviter qu’un glissement de terrain ne se produise.

Mort d’homme

Face à cette catastrophe, Joson Louis Elie, de Debout Citoyen, qui s’oppose au projet du Metro Express, met une nouvelle fois en avant le rapport de la Japan International Cooperation Agency (JICA), qui a recommandé de n’effectuer aucune construction sur cette zone. «Le rapport est clair que c’est un terrain à risque.» Il explique que JICA a ciblé plusieurs régions où ce n’est pas approprié de construire. Il rappelle avoir contesté tous les rapports environnementaux.

En effet, l’Environment Protection Act 2002 et le permis Environmental Impact Assessment (EIA) n’ont pas été respectés. «C’est la preuve aujourd’hui que ces choses vont se produire à l’avenir.» Il explique qu’un dossier approprié est en préparation pour mettre un frein au projet du métro. «Le métro causera beaucoup de tort aux habitants. Il y aura mort d’homme si on ne prend rien en considération.»

Accompagné de son avocat, Krishna Sohoo, le résident Azam Rujubali, qui résiste contre son évacuation, a porté plainte hier soir contre le promoteur privé pour ces travaux. Il les juge «illégaux». «Les habitants sont en danger. C’est une zone avec un grand risque de glissements de terrain», affirme l’avocat. Il s’interroge sur les permis délivrés par la mairie au promoteur. «Nous réclamons un stop order de la mairie.» Azam Rujubali explique que ce terrain a été fragilisé par l’eau qui descend de la montagne. «C’est un terrain meuble qui peut céder à tout moment.»

Mario, également habitant de La Butte, ne cache pas sa colère. «Depuis hier (NdlR, dimanche) cela a cédé. Les pylônes sont tombés. Pourvu qu’il ne pleuve pas.» Il affirme que les maisons des alentours sont très à risque.

C’est la raison pour laquelle Anand Makoon, le responsable du dossier légal des habitants contestataires du Metro Express, explique qu’une mise en demeure sera déposée à la Cour suprême aujourd’hui. «Si on maintient ce projet de Metro Express, La Butte sera un danger pour les habitants et les maisons. Nous constatons l’ampleur des dégâts avec de simples fouilles.» Les maisons sont à risque, surtout s’il commence à pleuvoir. «Si un pylône électrique chute, il peut y avoir mort d’homme.»

Devant l’inquiétude des habitants le député du Parti mauricien social-démocrate, Patrice Armance, a tenu à être présent. Selon lui, ce problème démontre la fragilité du terrain. «Il est clair que les normes de sécurité n’ont pas été respectées. Il n’y a pas eu de protection. Aujourd’hui on découvre la vérité. Ce qu’est le terrain de La Butte.» Il estime que les études géo- techniques doivent être faites. «Avec une simple construction voilà ce qui arrive. Demain avec des pilotis, ce sera pire. Les choses vont s’aggraver. Il faut faire des études appropriées.»

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