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Krisley Appadoo: «Nous nous sommes trompés»

24 août 2017, 12:55

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Krisley Appadoo: «Nous nous sommes trompés»

Il s’était fait discret depuis sa prise de fonction au début de la saison 2016/2017. Krisley Appadoo, ancien directeur financier de la Mauritius Professionnal Football League (MPFL) sort de l’ombre et se confie pour la première fois  sur les événements qui ont agité le football sur le plan local ces derniers mois. Cet ancien cadre de la Barclays Bank explique également les raisons qui ont obligé son entreprise de se retirer de l’organisation du championnat professionnel de football. 

Vous n’avez pas honte?
(Perplexe). Comment ça ?

Vous n’avez pas honte de vous êtes enfuis de l’organisation du Championnat professionnel de football. Abandonnant des centaines de salariés à leur sort ?
Ce n’est pas une fuite car nous avons fait en sorte de tout régler avant notre départ. Nous avons mis en place une structure et elle a porté ses fruits. Elle peut s’apparenter à un départ précipité mais nous avons respecté toutes les procédures avant de partir. 

N’empêche que les présidents de club affirment que la «Mauritius Professionnal Football League» (MPFL) a cessé ses activités du jour au lendemain sans aucune réunion d’explication comme ce fut le cas lors de l’ouverture de la saison 2016/2017. 
Nous avions un protocole à respecter et nous avons signifié notre intention de nous retirer de l’organisation du football professionnel à la MFA, notre partenaire. C’est la seule instance qui gère le football mauricien et c’est à elle que nous avons rendu des comptes. Si elle n’a pas averti les clubs par la suite, ce n’est certainement pas de notre faute. Nous avons suivi les procédures. 

Joueurs, stewards et urgentistes ont dû s’armer de patience avant de recevoir leur salaire. Trouvez-vous cela normal que des salariés soient payés avec presque deux semaines de retard ?
Nous avons travaillé d’arrache-pied et en étroite collaboration avec la MFA et le MJS pour assurer le salaire des joueurs. C’est triste que certains dossiers aient pris du retard. 

Quelles sont les vraies raisons qui ont poussé la MPFL à se retirer de l’organisation du football ?
La raison principale est que les clubs n’ont pas respecté certains paramètres. La plupart d’entre eux ont travaillé dans l’opacité sans indiquer clairement si les joueurs venaient régulièrement à l’entraînement par exemple. Les formations de l’élite n’ont pas fait suffisamment d’effort pour encourager les supporters à venir au stade.  Après trois ans nous pensions que les clubs avaient acquis de la maturité et pouvaient évoluer de manière autonome. Nous nous sommes trompés. D’autre part, le coût financier était devenu insoutenable.  

À combien se chiffre les pertes ?
Pour l'année financière 2016 (janvier - décembre), il y avait un déficit de Rs 2 665 301. S’agissant de 2017, l’exercice d’évaluation se poursuit toujours et le rapport devrait être rendu public incessamment. Il ne faut pas oublier les Rs 56 m injectés par la MPFL lors des deux précédentes saisons.

On parle aussi d’un climat orageux entre la MFA et la MPFL...
Nous avons entretenu d’excellents rapports avec la MFA. Son président a toujours été averti de nos projets. Mais comme dans chaque famille, il y a des hauts et des bas. Un membre d’une même famille peut ne pas être sur la même longueur d’onde avec un autre. C’est tout à fait normal.

Que deviennent les employés qui ont exercé pour le compte de la MPFL ?
Ils ont tous eu un nouveau travail hormis une de nos employés qui demande un moment de réflexion. Deux de nos anciens collègues sont en passe d’intégrer la MFA.

En tant que quoi et qui sont-ils?
Je vous laisse découvrir et je n’ai pas plus de détails quant à leur nouvelle fonction.

Plusieurs personnes gravitant dans le giron footballistique soutiennent que l’arrivée du tandem Appadoo/Seeboruth en début de saison 2016/2017 a précipité la fermeture de la «Mauritius Professionnal Football League»…
Je ne pense pas que cela soit vrai. Nous avons apporté quelques innovations et nous sommes venus pour restructurer le fonctionnement de la ligue professionnelle. Cela passait, entre autre, par une réduction drastique des coûts des opérations. Il fallait le faire. 

Votre passé de banquier vous a quelque part précédé…
(Rires). Peut-être bien mais nous évoluons dans un cost cutting environment. Toute entreprise qui se respecte est amenée à prendre ce genre de décision. 

Votre collègue (NdlR : Vishal Seeboruth, directeur marketing de la MPFL) et vous avez passé une saison seulement à la tête de la MPFL. Quel est votre bilan?
En dépit des soucis que nous avons rencontrés, nous sommes fiers de nos réalisations. Il faut admettre que le classement FIFA a énormément progressé depuis 2014. Les spectateurs fréquentent les stades régulièrement et nos jeunes représentants ont disputé la toute première finale de COSAFA du pays. Une visibilité accrue pour les sponsors dans les stades, dans notre magasine mensuelle, site web, sur Facebook et dans la presse. La venue de Johan Neeskens et Bert Zuurman pour un coaching et celle de Mike Neary et Chris O'Brian de Manchester United Soccer School. La relance du foot sur notre chaîne nationale : 1 match en directe et un matche en différé chaque semaine. Nous avons laissé un héritage et j’espère que la prochaine ligue se construira sur ce que nous avons légué. Tout cela a été possible grâce à Georges Chung. Il s’est laissé guider par sa fibre patriotique pour relancer le football. Les sponsors tels que Barclays, Total, Mauritius Telecom, QBL, CitySport, KFC, MCVision, Todel, Cim Finance, Winners et Omnicane ont aussi apporté leur pierre à l’édifice. Tout comme Samir Sobha et le MJS. 

Vous étiez également responsable de l’organisation du Championnat junior et féminin… (Il coupe)
Pour le bien du football, il vaut mieux ne pas aborder ce chapitre.

Que cachez-vous ?
Passons à la question suivante…

On parle d’argent détourné de l’ordre de plusieurs millions de roupies et c’est ce qui a précipité l’arrêt des opérations de la MPFL. Est-ce fondé ?
Tout ceci est faux. Nous comptes sont régulièrement audités. D’ailleurs, tout sera rendu public dans quelques semaines et le public pourra tirer ses propres conclusions. Nous utilisons toujours des chèques afin qu’il y ait plus de contrôle. 

Des regrets ?
Notre seul regret est de n’avoir pas pu mettre sur pied L’ Advisory Board de la ligue professionnelle. Elle aurait réuni les responsables du football et les sponsors. Son but aurait été d’offrir une assistance supplémentaire aux clubs en leur donnant notamment des conseils. J’espère que la nouvelle ligue adoptera cette plate-forme. 

Un retour dans l’organisation du football vous tente ?
Ceci n’est pas à l’ordre du jour et ne le sera sûrement pas à l’avenir. Nous restons des passionnés de football et nous serons derrière notre sélection nationale. Notre engagement désormais s’arrête là.