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Attentats en Espagne: la police sur la piste d’une cellule d’une douzaine de personnes

19 août 2017, 03:10

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 Attentats en Espagne: la police sur la piste d’une cellule d’une douzaine de personnes

L’enquête sur les deux attentats qui ont fait 14 morts en Catalogne a progressé vendredi dans une Espagne en deuil, avec la mise au jour d’une cellule d’une douzaine de personnes passée à l’acte précipitamment après l’échec d’un premier plan encore plus meurtrier.

Cette cellule pourrait avoir été impliquée dans les attaques menées avec des voitures lancées contre des foules de vacanciers et promeneurs à Barcelone puis à Cambrils, plus au sud, a expliqué vendredi soir le porte-parole de la police régionale, Josep Lluís Trapero.

Sur cette douzaine de suspects, quatre ont été arrêtées jeudi et vendredi, et un est en fuite. L’identité de l’homme et sa photo ont été diffusées: il s’agit de Younès Abouyaaqoub, un Marocain de 22 ans. Cinq autres ont été abattus dans la nuit de jeudi vendredi à Cambrils alors qu’ils menaient l’attaque.

Parmi les assaillants tués figurent trois jeunes Marocains vivant depuis leur enfance en Espagne: Moussa Oukabir, Saïd Aallaa et Mohamed Hychami, respectivement âgés de 17, 18 et 24 ans et tous habitants de Ripoll, une ville de quelque 10.000 habitants non loin des Pyrénées.

Trois autres personnes également impliquées sont identifiées, mais n’ont pas été interpellées. Deux d’entre elles pourraient avoir péri dans l’explosion suivie d’un incendie d’une maison mercredi à Alcanar, à 200 km au sud de Barcelone, où le groupe tentait peut-être de confectionner des engins explosifs.

Il y a dans cette maison «des restes humains de deux personnes différentes, nous tentons de voir s’il s’agit de deux des trois personnes impliquées dans les attaques. Il nous resterait une troisième à trouver», a indiqué le porte-parole de la police catalane.

Le conducteur de la camionnette qui a fauché des passants sur las Ramblas n’a toujours pas été identifié par la police, a-t-il ajouté, démentant des informations de presse qui assuraient qu’il s’agissait de Moussa Oukabir.

«Je n’ai pas peur»

A 16H50 locales (14H50 GMT) jeudi, une camionnette blanche avait fauché des dizaines de passants sur les Ramblas, tuant 13 personnes et en blessant plus de 120. L’attaque a été revendiquée par le groupe Etat islamique (EI).

Quelques heures plus tard, une Audi A3 avait à son tour foncé sur la promenade du bord de mer de Cambrils, une station balnéaire au sud de la capitale catalane, avant de percuter une voiture des Mossos d’Esquadra, la police catalane. S’en est suivie une fusillade au cours de laquelle les cinq occupants de l’Audi, qui étaient munis de fausses ceintures explosives, d’une hache et de couteaux, ont été tués.

Alors que 17 blessés luttaient entre la vie et la mort vendredi, l’Espagne endeuillée tentait de se réapproprier les Ramblas, la grande avenue qui mène les Barcelonais jusqu’à la mer, désormais parsemée d’autels en mémoire des victimes, d’au moins 35 nationalités.

Des familles continuaient, elles, à rechercher leurs proches, comme Tony Cadman, qui a lancé un appel déchirant sur les réseaux sociaux. Son petit-fils Julian Alessandro âgé de 7 ans qui était sur les Ramblas avec sa mère au moment de l’attentat, a disparu. Il a diffusé sa photo, où il porte un pull vert. «S’il vous plaît, partagez», a-t-il imploré.

«Barcelone et les Ramblas doivent rester un symbole de paix et d’accueil», a déclaré à l’AFP Cristina Olivé, infirmière barcelonaise de 55 ans, les deux mains prises par ses deux enfants adoptifs, un fils de 9 ans d’origine haïtienne et une fille de 13 ans d’origine chinoise.

Une vingtaine de militants d’extrême droite ont aussi tenté de manifester criant «Plus de mosquées!», avant d’être conspués par la foule. Des coups de poing ont fusé, mais sans entamer l’ambiance de recueillement.

A midi, des centaines d’habitants de la métropole méditerranéenne avaient scandé «No tinc por», «je n’ai pas peur» en catalan.

Une cérémonie avait rassemblé la foule derrière le roi Felipe VI, le chef du gouvernement Mariano Rajoy et celui du gouvernement régional de Catalogne Carles Puigdemont pour une minute de silence.

Des dizaines de bonbonnes de gaz

Ces attaques ont peut-être remplacé des attentats «de plus grande envergure», a aussi expliqué le porte-parole de la police catalane.

L’explosion à Alcanar, qui a fait au moins un mort, aurait en réalité évité un autre drame de plus grande ampleur. Selon la police, les assaillants auraient alors perdu les composants nécessaires à la fabrication d’engins explosifs.

La police a sorti des dizaines de bonbonnes de gaz de la maison, dont on ignore si elles devaient servir de réceptacles pour des engins explosifs, selon un photographe de l’AFP.

La double attaque a du coup été commise de «manière plus rudimentaire, sans être «de l’amplitude espérée» par les jihadistes, toujours selon la police.

Mariano Rajoy, à Barcelone depuis jeudi soir, a tenu vendredi à souligner la nécessité d’union, alors que justement les séparatistes au pouvoir en Catalogne menacent de quitter l’Espagne à l’issue d’un référendum d’autodétermination prévu le 1er octobre.