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Charles Ng, directeur d’Atom Travel: «Il ne faut pas perdre le marché chinois»

17 août 2017, 02:30

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 Charles Ng, directeur d’Atom Travel: «Il ne faut pas perdre le marché chinois»

Les Maldives nous ont devancés mais, à la comparaison, les touristes chinois préfèrent Maurice. Comme ils sont des gens organisés qui ne restent pas dix jours sur la plage, nous devrions miser sur nos atouts durant leurs courts séjours, explique Charles Ng.

Les chiffres publiés par Statistics Mauritius affichent une baisse de 6,5 %. De janvier à juin 2016, les touristes chinois étaient au nombre de 47 499 contre 46 474 durant la période correspondante cette année. Quel constat faites-vous du marché chinois ?

Le marché chinois est positivement en baisse comparé aux années précédentes. Je pense que c’est dû en ce moment au style des touristes qui a beaucoup changé. Les chiffres ne grimpent pas pour des raisons économiques. Les jeunes Chinois sont plus prudents lorsqu’ils voyagent. Ils ne vont pas faire de grosses dépenses. Ils préfèrent économiser pour acheter leurs propres appartements.

Pourrait-on faire remonter ces chiffres ?

La Mauritius Tourism Promotion Authority (MTPA) et le gouvernement mauricien, à travers le ministère du Tourisme, font le nécessaire pour rehausser ces chiffres. Des campagnes de promotion ont été organisées en Chine.

Est-ce suffisant ?

Je ne dis pas que les efforts que fait le gouvernement sont insuffisants mais il en faut plus. Il faut en faire encore plus si nous voulons attirer la masse de touristes chinois dans le pays. Il faut que les autorités mauriciennes aient des contacts plus réguliers avec les tour-opérateurs en Chine. Il ne faut pas oublier que Maurice est confrontée à beaucoup de concurrents. Les Seychelles ou le Sri Lanka sont très prisés par les touristes chinois. Ils préfèrent les îles qui sont plus proches de l’Asie.

Le coût du billet, n’aurait-il pas une incidence sur le nombre de touristes chinois ?

Encore une fois c’est purement économique. Si le touriste chinois voit que le forfait sur Maurice est plus cher, il va se rabattre sur celui qui est moins cher. C’est tout à fait normal. Les prix du billet sont fixés par Air Mauritius. C’est une compagnie cotée à la Bourse. Elle doit rendre des comptes à ses actionnaires. Que les billets soient chers ou pas, c’est la compagnie aérienne qui décide. Maintenant, elle envisage de supprimer des vols sur Beijing. Supprimer ou augmenter la fréquence des vols, c’est encore une fois une décision qui incombe à Air Mauritius. Et c’est tout à fait normal que le volume de touristes chinois va baisser. Il est regrettable qu’Air Mauritius réduise ses vols sur Beijing. C’est la capitale de la Chine et nous avons déjà un pied dans cette ville. Combien de Mauriciens vont en Chine sans compter les hommes d’affaires ?

Avez-vous eu l’occasion d’évoquer vos craintes aux autorités mauriciennes ?

En tant que tour-opérateur, je suis en contact permanent avec le ministère du Tourisme. Nous discutons de ce qu’on pourrait faire pour augmenter le nombre de touristes chinois dans le pays. Avec toutes les parties prenantes nous faisons un bon travail. Tout dernièrement, un marathon de l’île Maurice avait été organisé. C’était à la suite de l’invitation de la MTPA. Des célébrités, des médaillés d’or des Jeux olympiques étaient venus à Maurice. Il y avait même une équipe de la chaîne de télévision chinoise CCTV. Une délégation de 40 personnes était présente. Cela représente une grande publicité pour Maurice car l’émission sera retransmise en Chine.

Comment peut-on fidéliser davantage les touristes chinois ? Que faut-il leur offrir ?

Le touriste chinois évolue. Même s’il aime la plage, il n’est pas un grand amateur de plage. Un plus grand nombre de touristes se rendent dans les grandes villes pour acheter des produits haut de gamme. Les jeunes ne sont pas des êtres dépensiers. Ils aiment le shopping mais cette tendance régresse selon les statistiques en Chine. Le touriste chinois aime être en mouvement. Il ne restera pas dix jours sur une plage. Il aime découvrir du pays, faire des excursions. Je pense qu’il faut développer plus de loisirs à leur intention à Maurice. Il faut inventer des choses pour les attirer. Il faut se renouveler et non se fier uniquement sur les trois «S» – Sea, Sun and Sand. Personnellement, je prépare un autre type de campagne pour attirer les touristes chinois, pour qu’ils cessent de se rendre à la plage. Je pense à un autre système.

Pour certaines saisons, les Chinois préfèrent les Maldives. Peut-on changer cela ?

Géographiquement, les Maldives sont plus près de la Chine. Il ne faut pas oublier que les Chinois ont des congés sur de courtes périodes. Ils sont en congé pour le Golden Week, le Nouvel An chinois. Les Maldives nous ont devancés depuis longtemps. Ils ont pris l’avantage. Maurice est en retard. Les Chinois qui ont été aux Maldives et qui sont venus à Maurice après disent, après avoir fait la comparaison, qu’ils préfèrent Maurice en raison de ses nombreuses activités. Nous avons donc des choses à offrir. De plus, ils retrouvent également des restaurants chinois ici.

Sommes-nous en train de perdre ce marché ?

J’espère que non. Il nous faut faire plus d’efforts pour ne pas perdre ce marché. Il nous faut trouver plus de choses pour encourager les Chinois à venir chez nous. Même si c’est vrai que Maurice est une petite île, n’empêche qu’elle a des atouts. Mais si on ne réagit pas, on va reculer. Les tour-opérateurs en Chine disent que beaucoup de Chinois ne connaissent pas Maurice. Cela prendra du temps pour faire connaître le pays aux Chinois. Pour eux, il est plus simple et facile de leur vendre la destination Maldives. Maurice est assez connu aujourd’hui comme destination préférée des Chinois comparativement à six années plus tôt. Les tour-opérateurs ont un rôle à jouer. Il ne faut pas nous comparer avec ceux des autres pays. Les Chinois sont des gens bien organisés. Ils aiment planifier leur voyage. Pour eux, lorsqu’ils atterrissent à Maurice, ils connaissent déjà quel va être leur programme durant leur séjour. Ils ne vont jamais à l’aveugle pendant un voyage.