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L'Inde montre les dents face aux défis sécuritaires

15 août 2017, 11:30

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L'Inde montre les dents face aux défis sécuritaires

Le Premier ministre indien Narendra Modi a signifié mardi la détermination de son pays face aux défis sécuritaires et géopolitiques, sur fond de confrontations tendues avec les voisins pakistanais et chinois.

L'homme fort du géant démographique d'Asie du Sud, politiquement plus solide que jamais, prononçait sa traditionnelle allocution du jour de l'indépendance, un moment phare de l'année politique. Il y a essentiellement développé sa vision d'une «nouvelle Inde» modernisée, puissante et à l'économie fluidifiée.

L'Inde est «parée» et «suffisamment forte pour affronter quiconque essaye de s'en prendre à notre pays», a lancé le dirigeant nationaliste hindou depuis les remparts du Fort Rouge moghol de New Delhi.

«La sécurité nationale est notre priorité», a indiqué Narendra Modi, au pouvoir depuis 2014, coiffé d'un turban nord-indien rouge et safran.

Ces propos interviennent alors qu'armées indienne et chinoise observent un face-à-face crispé depuis deux mois sur un plateau himalayen stratégique. Cette situation envenime les tensions entre Pékin et New Delhi, mais aussi entre la Chine et le petit royaume du Bhoutan.

De même, les relations avec le Pakistan, le frère ennemi hérité de la Partition de 1947, sont actuellement exécrables et jonglent d'une crise à l'autre. Des tirs et bombardements le long de la ligne de démarcation dans la région disputée du Cachemire font des morts quasi-quotidiennement depuis plusieurs semaines.

L'année dernière, suite à l'attaque d'une base militaire indienne au Cachemire, l'Inde avait dit avoir procédé à des «frappes chirurgicales» en territoire pakistanais. Islamabad a démenti une telle opération.

«Quand nous avons mené les frappes chirurgicales, le monde a pris acte de la puissance de l'Inde», a assuré M. Modi.

 La croissance déçoit 

Le nationaliste hindou a longuement défendu les décisions phares de son mandat, notamment la démonétisation choc de billets et la mise en place d'une TVA harmonisée à travers le pays.

Le Premier ministre a vanté son action contre la corruption, se félicitant que les autorités aient saisi ou mis au jour l'équivalent de 1 600 milliards d'euros en trois ans.

«Nous sommes en train de renforcer notre combat contre la corruption», a dit le Gujarati, qui avait fait de cette lutte l'un des axes phares du programme qui l'a propulsé au pouvoir.

M. Modi est arrivé aux commandes de cette nation de 1,25 milliard d'habitants avec la promesse de réformer son économie et de la faire renouer avec une croissance forte, nécessaires pour fournir des emplois au million de jeunes qui rentrent chaque mois sur son marché du travail.

La croissance indienne est l'une des plus rapides des grandes économies de la planète mais a déçu l'année dernière, notamment marquée par la démonétisation qui a perturbé l'économie pendant plusieurs mois. Sur l'année financière 2016-2017, le PIB indien a crû de 7,1%, contre 8% sur l'exercice précédent.

L'Inde se prépare cependant à un nouveau ralentissement au cours de l'année budgétaire actuelle (1er avril-31 mars) alors que la demande et les investissements ne décollent pas. La cellule économique officielle du gouvernement a indiqué cette semaine s'attendre à une croissance dans la fourchette basse des prévisions, qui vont de 6,75 à 7,5% pour 2017-2018.

Malgré ces ornières, le Premier ministre semble au faîte de sa puissance. Grâce notamment à une communication bien huilée qui tourne parfois au culte de la personnalité, son parti a cet hiver balayé l'opposition dans une série d'importantes élections régionales.

Narendra Modi devrait se présenter en 2019 à un second mandat, élections législatives qu'il approche en position de force face à une opposition laminée.

Le jour de l'indépendance de l'Inde prenait cette année une résonance particulière dans le sous-continent. Il marque en effet le 70e anniversaire de la Partition de l'Inde et du Pakistan, nés dans le sang à la suite du démantèlement de l'empire colonial britannique des Indes.

Le Pakistan, qui marque son indépendance le 14 août pour se différencier de son rival, a lui soufflé lundi ses 70 bougies. À travers tout le pays, des millions de Pakistanais ont fêté la naissance de leur nation en arborant les couleurs vert et blanc de la république islamique.