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[Audio] Police: allô, ici la hotline 148

14 août 2017, 21:16

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[Audio] Police: allô, ici la hotline 148

«148, bonjour !» lance Kinsley Potié. Assis derrière son ordinateur, il s’agrippe au récepteur et collecte les informations transmises par un citoyen. À ses côtés, les sonneries téléphoniques retentissent. Ses collègues y répondent immédiatement pour glaner des renseignements sur la hotline 148.

Cette hotline, mise à la disposition des Mauriciens pour dénoncer anonymement et gratuitement tout délit, est très efficace. Récemment, un appel sur ce numéro a permis à la police d’arrêter un Bangladais qui hébergeait illégalement d’autres compatriotes dont le permis de séjour avait expiré.

Utiliser la 148 pour retrouver les deux cousins disparus

«Depuis deux semaines, on avait des informations au sujet de ce Bangladais à travers la hotline. L’opération a alors été montée et a conduit à des arrestations», déclare le superintendant Vijaycumar Dawon. Ce dernier est l’officier en charge de la Police Information and Operations Room aux Casernes centrales. Il souhaite à présent que les citoyens utilisent le 148 s’ils ont des informations sur la disparition des deux cousins dans le Sud, le 31 juillet.

La hotline 148 a vu le jour en 2012. Lancée d’abord par le Central Criminal Investigation Department, elle est passée sous la responsabilité de la Police Information and Operations Room en 2015. L’objectif était d’intégrer le public dans le combat contre la criminalité. La hotline est anonyme et gratuite. Cela, car «il est important de créer la confiance avec la population», nous dit le superintendant.


Tournant 24 heures sur 24, le 148 dispose de deux lignes d’opération, étendues sur quatre postes. Des informations sur des délits de drogue, de vol, des dénonciations sur les exploitations sexuelles, la vente illégale d’alcool, les mouvements suspects de véhicules, des bagarres ou même sur la pollution sonore sont recueillies.

En sus d’être acheminées vers les membres de l’Anti Drug and Smuggling Unit, la Criminal Investigation Division, entre autres divisions, ces données sont compilées pour déterminer s’il y a une recrudescence de délits spécifiques dans certaines régions, affirme Vijaycumar Dawon.

4 000 appels en 2016

«À Sodnac, par exemple, nous avons pu faire une intervention immédiate dans un cas de prostitution», explique-t-il. En 2016, 4 000 appels ont été traités, souligne le responsable du service. Et de janvier à août 2017, 3 600 appels ont été reçus. Par jour, une vingtaine d’appels sont reçus.

Outre l’arrestation du Bangladais, les opérateurs de la hotline ont, dans le passé, reçu un appel de l’étranger au sujet du meurtre de Michaela Harte. Ce service a aussi été contributif dans l’intervention policière pour arrêter les meurtriers d’une boutiquière de 79 ans à La-Tour-Koenig.

Comment se passe une journée type pour ceux qui travaillent dans l’Information Room ? «Nous commençons le travail à 6 heures du matin. Dès qu’il y a un appel, l’appareil émet un flash. Le numéro n’apparaît pas. La plupart du temps, nous recevons des plaintes sur des vols, des cas de drogue, d’accidents, entre autres. Il faut mettre les gens à l’aise car ils peuvent être paniqués à ce moment-là », soutient Kinsley Potié. Ce dernier, qui compte 27 ans dans la police, a rejoint ce département en 2016.

Kinsley Potié explique qu’une fois les informations obtenues, elles sont enregistrées et traitées. «Parfois, elles peuvent être erronées. Nous devons vérifier leur authenticité et nous les transmettons aux départements concernés», ajoute-t-il.

Les appels ont permis de sauver des vies, dont celle d’une touriste de passage à Maurice, raconte la constable Sara Godon. «En janvier, une touriste de 75 ans était allée sur la montagne du Pouce. Un chauffeur de taxi l’y avait déposée. Mais au bout de deux heures, elle n’était toujours pas revenue. Il a alors alerté son hôtel. Ils ont pu la joindre par téléphone. Elle était en détresse. Comme elle avait un portable international, on avait du mal à communiquer avec elle. Le moyen le plus efficace était d’appeler le 148.» Ce que la touriste a fait.

La policière explique qu’à mi-chemin, la victime s’est égarée, est tombée et s’est blessée. L’équipe du 148 est restée en ligne avec elle pendant deux heures. Ce qui a permis de la localiser et d’intervenir d’urgence en hélicoptère pour la sauver. Sara Godon souligne que, dans ce cas, la précision de l’information est vitale.

Si les appels favorisent généralement les dénonciations de délits, ils peuvent parfois déboucher sur des dérives du public, explique Vijaycumar Dawon. «Comme c’est un service gratuit, nous avons droit à des plaisantins. On ne compte pas le nombre de cas de personnes ivres ou d’enfants qui nous appellent. Or, le Crime Stoppers Scheme est là pour réduire les délits en nous appuyant sur les données du public, des ONG, des médias. C’est comme le 911 en France», indique-t-il.