Publicité

Réseau ferroviaire: le long voyage du métro léger

5 août 2017, 20:00

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Réseau ferroviaire: le long voyage du métro léger

Avec la signature du contrat entre le gouvernement mauricien et la compagnie indienne Larsen & Toubro Ltd, le Metro Express semble désormais inéluctable. Cela a été un parcours du combattant pour ce projet, avec des racines datant de plus de 40 ans. Petit historique.

1976 

Non, le problème de transport à Maurice ne date pas d’hier. Il ne date pas non plus des années 90, avec la libéralisation du marché de l’automobile et le manque d’infrastructures adéquates pour soutenir le nombre croissant de voitures sur nos routes. C’est un problème que nous traînons depuis plusieurs décennies.

À l’ouverture de la séance parlementaire du 23 mars 1976, le gouverneur général de Maurice, sir Abdool Raman Osman, annonce dans son discours du Trône le besoin d’améliorer l’industrie du transport dans le pays. Il dira que son gouvernement considère même l’option du monorail. Le projet ne se concrétisa pas mais l’idée d’un réseau ferroviaire demeura dans la mémoire collective des parlementaires de l’époque.

1991

Cela fait déjà plusieurs années qu’une amélioration du transport public est attendue. À quelques mois des élections générales, Ramduth Jaddoo, ministre des Travaux publics, commande un rapport de faisabilité sur le métro léger pour tenter de résoudre le problème. «Le métro léger, s’il est recommandé et accepté par le gouvernement, sera non pas la solution miracle mais la solution réaliste d’un gouvernement qui planifie son transport pour le XXIe siècle», dit le ministre, lors d’une interview accordée à l’express le 30 juin 1991.

Cependant, ce rapport ne mènera à rien de concret. Ce sera le premier d’une longue liste de rapports sur le métro, culminant avec celui de la Singapore Cooperation Enterprise.

1994 

Ne sachant point que son règne comme Premier ministre va s’arrêter brusquement un an plus tard, sir Anerood Jugnauth (SAJ) n’abandonne pas l’idée d’un métro léger. Faisant face à des critiques, principalement d’ordre politique, SAJ reste d’avis que le métro léger est la solution privilégiée pour résoudre le problème de transport.

Le 30 août 1994, l’express publie le rapport complet de l’ingénieur Poorranarnenden Sungeelee. Il explique avec éloquence pourquoi le montage financier du projet ne tient pas la route. Et 23 ans plus tard, il fait toujours partie des principaux contestataires du métro et ses réserves ne sont plus à contre-courant.

2001 

Les années se suivent et se ressemblent. À coup de rapports et de steering committees, une décision sur un mode alternatif de transport tarde toujours. Un énième rapport en 2001, cette fois-ci de la Banque mondiale (BM), semble remettre le projet sur les rails. Selon la BM, «le métro léger n’est pas une option. Il est inévitable dans le long terme». Une somme de Rs 20 millions est même prévue dans le Budget pour des travaux préliminaires sur le réseau ferroviaire. Cependant le projet traînera encore quelques années.

2014 

Une année pas comme les autres pour le métro léger. Le gouvernement de Navin Ramgoolam est sur le point de signer un contrat avec la compagnie Afcons pour la conception du projet à hauteur de Rs 24,8 milliards. Avec les élections générales qui s’approchent, la signature est repoussée. Un simple détail à l’époque, en attendant une victoire écrasante aux élections avec l’aide du Mouvement militant mauricien.

Mais Pravind Jugnauth et les siens viendront tout chambouler. Quelques semaines avant les élections, le leader du Mouvement socialiste militant écrit à Narendra Modi, Premier ministre indien, pour lui communiquer son désaccord face au métro léger. L’alliance Lepep, emmenée par SAJ, Pravind Jugnauth, Xavier-Luc Duval et Ivan Collendavelloo, remportera ensuite les élections, à la surprise générale. Le nouveau gouvernement signe l’arrêt de mort du métro léger.

2016 

Lors de la séance parlementaire du 17 mai 2016, le député Osman Mahomed veut savoir les raisons qui ont poussé le gouvernement à abandonner le projet de métro léger. Nando Bodha, ministre des Infrastructures publiques, explique que le programme de décongestion routière était une plus importante priorité.

Ayant eu la main forcée par cette question parlementaire, il annonce par la même occasion que le gouvernement veut ressusciter le projet de métro léger. Le projet sera éventuellement rebaptisé Metro Express.

2017

L’accord a été finalement signé le 31 juillet, après des décennies d’incertitude. C’est Larsen & Toubro Ltd qui concevra l’infrastructure, ayant paraphé un contrat au coût de Rs 18,8 milliards. Le tracé s’étendra sur 26 kilomètres entre Curepipe et Port-Louis. La première phase du projet, qui sera entre Port-Louis et Rose-Hill, sera prête en septembre 2019, si tout se passe comme prévu. Mais, si on tient compte de l’histoire autour de ce projet, on peut s’attendre à encore quelques surprises.