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Education: le Marcel Cabon SSS rouvre ses portes

30 juillet 2017, 23:10

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Education: le Marcel Cabon SSS rouvre ses portes

Le Marcel Cabon SSS, initialement le «collège Royal» de Beau-Bassin, va rouvrir ses portes à la rentrée 2018. Fermé il y a de cela une dizaine d’années pour «troubles sociaux», le revival de ce collège, situé à Barkly, s’accompagne de quelques craintes.

Fierté. C’est ce que ressent Akheelesh Umrowsing, dans les années 1995-6, quand il fait partie de la première cuvée d’élèves inscrits au Marcel Cabon SSS. «À l’époque, le collège était bien. Il était connu comme le collège Royal de Beau- Bassin.» Y sont admis des élèves «aussi bien classés que dans les 500 à 600 au Certificate of Primary Education (CPE)». 

Mais les choses se dégradent avec la réforme éducative des années 2000, quand on «mélange des élèves de niveaux différents». Au point où «le recteur n’avait plus de contrôle sur certains élèves. Il y avait des bagarres tous les jours». Même des «zélev ki vinn lékol avek zouti ». L’institution «sorti enn kolez li vinn enn guéto». Des professeurs signant une pétition pour demander le départ du recteur et des élèves protestant contre ce départ réclamé. Akheelesh Umrowsing, aujourd’hui chef d’équipe dans une société d’outsourcing, a passé sept ans au collège Marcel Cabon – il a redoublé – avant de faire le Higher School Certificate au Abdool Raman SSS. 

Pour Javed Nubee, ancien élève, lui aussi de la première cuvée, les problèmes sont venus de l’extérieur du collège. Marcher de la route principale, où se trouve l’arrêt d’autobus, jusqu’au collège, situé à côté des locaux de la Private Secondary Schools Authority était «assez dangereux». «Il y avait des gens de l’extérieur qui intimidaient des élèves, certains qui ont approché des enfants pour leur vendre de la drogue.» Avec l’évolution – sous-entendu l’arrivée de la section prevoc – ce collège est devenu «une jungle». 

Qu’en était-il de la sécurité au Marcel Cabon SSS ? «L’école n’était pas assez clôturée, le mur du terrain de foot était relativement bas. Des gens de l’extérieur pouvaient y avoir accès.» 

Nazeem Junggee raconte, lui, une anecdote glaçante. Une scène qu’il affirme avoir vue : «Zanfan pé zwé futbol, boul travers térin al kot enn misié. Li sorti, dan so laraz li rant dan lékol, li galoup deryer zanfan ek li dégonflé boul la.» 

Est-ce pour cela que Nazeem Junggee, aujourd’hui Graphic Designer, quitte le Marcel Cabon SSS en Form III, pour le collège du Saint Mary’s ? «En partie», reconnaît-il. «Il n’a jamais été question que les professeurs n’étaient pas bons, c’était surtout la question de sécurité qui était préoccupante.» Des cas d’élèves victimes de vols «devant l’école» font que son père «pran so ti mobilet dépi Rose-Hill, aksepté vinn sers mwa».Mais pour Madoo Ramjee, vice-président de l’Association des recteurs, «il ne faut pas stigmatiser une région». Le plus important, c’est que le ministère assure «une bonne sécurité, même après les heures de classe»

Sa préoccupation principale reste le bien-être du personnel. «Il ne faut pas que le ministère déshabille Saint Paul pour habiller Saint Pierre.» C’est sa façon de dire qu’il ne faudrait pas que le ministère procède au transfert du personnel d’autres c o l l è g e s vers le Marcel Cabon SSS, mais qu’il recrute. «S’il y a transfert, il ne faut pas que cela soit perçu comme étant dévalorisant. Pa kouma dir pé déport zot.» S’il se réjouit du recrutement d’un recteur et de son assistant, il fait ressortir que, «tous les collèges n’ont pas de Deputy Rector. Ce sont des Acting Rectors qui occupent le poste». 

Il se souvient aussi que «récemment, d’autres écoles ont été invitées à prendre les équipements de design & technology du Marcel Cabon SSS. Je suis conscient qu’à la prochaine rentrée, il n’y aura que des élèves de Grade 7 (Form I)». Ce qui laisse le temps aux autorités d’équiper le collège.

Vikash Ramdonee, président de la Government Secondary School Teachers’ Union est un enseignant ayant exercé au Marcel Cabon SSS de 2000 à 2003. Il se souvient d’une institution avec des infrastructures de haut niveau, dont un gymnase et un amphithéâtre. «C’était le Royal de Beau-Bassin.» Un collège qui recrutait des enfants bien classés au CPE, «entre 500e et 600e». 

Est-ce que le changement de nom de «Royal» à Marcel Cabon SSS (du nom d’un journaliste et écrivain mauricien) y est pour quelque chose dans la dégradation du collège ? «Cela a eu un effet», estime Vikash Ramdonee. Selon lui, la réforme éducative préconisant le mélange d’élèves de différents niveaux a fait «dégringoler» l’école. 

Il va plus loin en affirmant que le «plus gros problème, c’était le quartier qui est considéré comme chaud». L’enseignant témoigne de scènes où des parents de la région débarquaient à l’école, «vinn tir lor rekter», ou encore de «guerre de gang entre élèves». Le syndicaliste, bien qu’il se réjouisse qu’une infrastructure «ki pa pé servi» retrouve sa vocation première, se dit «étonné» d’une telle décision. «Estce qu’on est en train de résoudre les problèmes pour éviter que l’on revienne à la même situation d’il y a dix ans ? Avonsnous des garanties pour la sécurité des élèves et des professeurs ?» 

Au ministère de l’Éducation, une source proche du dossier indique que de gros travaux de remise à niveau sont en cours. Et qu’un exercice de sélection d’un recteur et d’un Deputy Rector sera bientôt lancé.

Pourquoi elle rouvre

<p>Avec la réforme du Nine-Year Schooling, le collège John Kennedy, qui est aussi à Beau-Bassin, n&rsquo;accueillera plus d&rsquo;élèves en Grade 7 (Form I) l&rsquo;année prochaine. L&rsquo;institution deviendra une académie en 2021, pour accueillir les élèves de Grade 10, l&rsquo;équivalent de la Form VI. Donc, les autorités vont rouvrir le Marcel Cabon SSS pour y canaliser les élèves de Grade 7 de cette région.</p>