Cinq cas entourant une situation de «dévir lanket» ont été évoqués devant la commission d’enquête sur la drogue ces dernières semaines. Dans chaque cas, l’objectif est de disculper la personne incriminée au début de l’enquête.

D’aucuns se demandent pourquoi les témoins ou détenus parviennent à changer leurs versions pendant les enquêtes aussi facilement. Quelle version est prise en considération pendant un procès ? Nous avons posé la question à un membre chevronné du barreau. Il explique que c’est la responsabilité du magistrat de faire une démarcation entre les différentes versions. «C’est au magistrat de trouver les faits et s’il se trompe de façon grossière et apparente, la cour d’appel intervient.»

Est-ce qu’une personne peut changer de version comme bon lui semble ? «Cela dépend des circonstances. Un témoin/détenu peut le faire à plusieurs reprises», avance notre interlocuteur. «Il existe plusieurs cas où les témoins ont rectifié leurs dires sous serment, évoquant différentes raisons pour justifier cela. Par exemple, ils disent avoir agi sous des menaces ou après avoir été mal conseillés.» Toutefois, cela revient toujours au magistrat de statuer sur quoi prendre en considération.

L’avocat ajoute que la police a une certaine responsabilité à chaque fois qu’un témoin souhaite changer de version. «Il est malheureux que la police se laisse souvent convaincre lorsque des avocats s’en mêlent.»

Les cas évoqués devant la commission

Affaire Jeeva Parwiza

 Jeeva a avoué avoir changé de version en 2005, soit le lendemain de son arrestation, pour blanchir le caïd contre une peine minime. La «fiancée» de Peroomal Veeren a allégué que c’est son avocat d’alors, Raouf Gulbul, qui lui avait donné les directives.

Affaire Bottesoie

 Joseph Jacharree Bottesoie est le deuxième témoin à avoir expliqué qu’il a reçu des directives de son avocat pour changer de version. Cela, dans le but d’innocenter Rajen Velvindron contre Rs 5 millions et une peine minime. Ce dernier purge 30 ans de prison pour trafic de drogue. Les faits remontent à 2003. Mais il ne changera pas de version. Au contraire, il incriminera son avocat, Raouf Gulbul.

Jugements truqués

 Selon Dev Hurnam, qui a déposé devant la commission jeudi dernier, l’avocat Noor Hussenee a été blanchi dans l’affaire des jugements truqués, car un témoin a changé sa version initiale. Il s’agit de Bhima Devi Bhikajee, alias Ah-Kee, une employée de confiance du bookmaker JeanMichel Lee Shim. Elle aurait subi des pressions pour innocenter Noor Hussenee, arrêté en 2013 dans cette affaire avant d’être blanchi en 2014. Ce dernier était défendu par Raouf Gulbul.

Farad Sheriff vs Ti Ner

En 2006, Farad Sheriff se constitue prisonnier aux Casernes centrales et incrimine Siddick Islam, alias Ti Ner, qui avait retenu les services de Raouf Gulbul. C’était dans le cadre d’une saisie de 2 kg d’héroïne. Mais lorsque Farad Sheriff a témoigné en cour, il a innocenté Siddick Islam.

Affaire Pétricher

 L’information a été révélée par Paul Lam Shang Leen. Ce dernier a fait ressortir qu’il détenait des informations selon lesquelles une passeuse malgache, arrêtée dans cette affaire, a subi «des pressions d’avocats» dans le but de disculper Jonathan Pétricher, arrêté dans le cadre de la saisie d’une quantité importante d’héroïne en 2012. L’audition de la passeuse malgache est attendue. C’est Raouf Gulbul qui a été retenu par Jonathan Pétricher