Publicité

Côte d’Ivoire: Soro, ex-chef rebelle, «demande pardon» à Gbagbo pour une réconciliation

21 juillet 2017, 08:25

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Côte d’Ivoire: Soro, ex-chef rebelle, «demande pardon» à Gbagbo pour une réconciliation

Le président de l’Assemblée nationale ivoirienne et ex-chef de la rébellion Guillaume Soro a demandé jeudi, en vue d’une réconciliation nationale, «pardon aux Ivoiriens» et à son principal adversaire du passé, l’ex-président Laurent Gbagbo, écroué depuis 2011 à La Haye où il est jugé par la CPI.

«Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire a plus que besoin de pardon et de réconciliation. Je veux demander pardon aux Ivoiriens pour tout ce que j’ai pu faire (...) à ce peuple qui a tant souffert. Je demande pardon à mes aînés (...) et même au président Laurent Gbagbo», a déclaré à l’AFP M. Soro, à qui l’on prête des ambitions présidentielles.

«La division fait du tort à nous tous. Ne nous divisons pas la Côte d’Ivoire! Travaillons à la paix! Dans les jours suivants, je serai plus engagé pour le pardon et la réconciliation. Même Gbagbo mérite que j’aille lui demander pardon. Je demanderai pardon à tout le monde», a-t-il ajouté, citant aussi l’ancien président Henri Konan Bédié, un des principaux acteurs de la crise, et l’actuel président Alassane Ouattara.

«Parce depuis 2002, jusqu’à ce jour, j’ai été un acteur important», a expliqué M. Soro. «Ce dont la Côte d’ivoire a besoin, c’est de beaucoup plus de tolérance, de pardon, de réconciliation, de paix», a-t-il dit.

 'Je tends la main' 

Premier ministre de 2011 à 2012, Guillaume Soro a été le chef de la rébellion pendant la décennie (2002-2011) de crise politico-militaire ivoirienne qui a fait des milliers de morts et scindé le pays en deux.

Il est régulièrement accusé par ses détracteurs de «comploter» pour satisfaire ses ambitions présidentielles. «Ce sont des rumeurs, je n’en tiens pas compte», a-t-il assuré.

L’ancien président Laurent Gbagbo, âgé aujourd’hui de 72 ans, ainsi que Charles Blé Goudé, ancien chef du mouvement des Jeunes patriotes fidèles à Laurent Gbagbo, sont accusés à la Cour pénale internationale (CPI) de quatre chefs de crimes contre l’humanité: meurtres, viols, persécutions et autres actes inhumains. Les deux hommes ont plaidé non coupable.

Les violences avaient fait plus de 3.000 morts en cinq mois entre décembre 2010 et avril 2011 dans les deux camps, lors de la crise née du refus de Laurent Gbagbo de céder le pouvoir à son rival Alassane Ouattara, reconnu internationalement vainqueur de l’élection présidentielle de 2010.

«Personne n’a intérêt à jouer contre la stabilité de la Côte d’Ivoire (...) Je tends la main. Je veux que tous les fils et filles du pays, nous puissions nous donner la main pour reconstruire l’unité et l’union. Ne nous disvions pas! La division nous mènera droit à la catastrophe. Il faut sauver la Côte d’Ivoire! Il faut bâtir la paix», a conclu M. Soro.

La Côte d’Ivoire a été secouée par plusieurs mutineries dans l’armée depuis le début de l’année. L’épicentre de ces mutineries était Bouaké, ancienne capitale de la rébellion dans le nord et fief de M. Soro.

D’anciens rebelles intégrés dans l’armée se sont mutinés en janvier et en mai et ont fini par obtenir de l’Etat 12 millions de francs CFA (18.000 euros) pour chacun des 8.400 d’entre eux. Cette crise a considérablement fragilisé l’équipe gouvernementale et surtout le président Alassane Ouattara.

Le week-end dernier, trois soldats sont morts dans des tirs dans un camp militaire de Korhogo, grande ville du nord du pays. Et mercredi soir, de nouveaux incidents impliquant les forces de sécurité ont éclaté à Abidjan, faisant un mort, à 48 heures de l’ouverture des Jeux de la Francophonie dans la capitale économique ivoirienne, premier grand événement international organisé dans le pays depuis la fin de la crise.

Lors de la mutinerie de mai, les soldats révoltés à Bouaké avaient exhibé des armes provenant d’une cache dans une maison d’un proche de Guillaume Soro, Souleymane Kamagaté dit «Soul To Soul», chef du protocole du président de l’Assemblée nationale.

Le président de l’Assemblée nationale s’est gardé d’intervenir dans les mutineries, mais la présence d’anciens «ComZone» (chefs de régions rebelles) aux négociations sur la mutinerie a rappelé que ces ex-chefs rebelles sont encore puissants.