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Le nombre de morts du sida divisé par deux dans le monde depuis 2005

20 juillet 2017, 20:44

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Le nombre de morts du sida divisé par deux dans le monde depuis 2005

Un million de personnes sont mortes de maladies liées au sida en 2016 dans le monde, soit presque moitié moins que lors du pic de décès atteint en 2005, selon un rapport de l'ONU publié jeudi, qui affirme que "la balance a enfin penché" du bon côté dans la lutte contre l'épidémie.

Ce progrès est lié en grande partie à une meilleure diffusion des antirétroviraux, ces traitements qui empêchent le développement du virus, explique l'Onusida, le programme de coordination de l'ONU contre cette maladie.

«En 2016, 19,5 millions de personnes, sur les 36,7 millions qui vivent avec le VIH, avaient accès aux traitements», soit désormais plus de la moitié (53%), souligne le rapport annuel sur l'épidémie, publié avant l'ouverture dimanche à Paris d'une conférence internationale de recherche sur le sida.

Rien qu'en 2016, «on a pu mettre 2,4 millions de nouvelles personnes sous traitement. (...) Nous sommes en train de sauver des vies», s'est félicité Michel Sidibé, directeur exécutif de l'Onusida.

Baptisé «En finir avec le sida», ce rapport «est une démonstration très claire que nous pouvons atteindre l'objectif 90-90-90», a estimé le dirigeant, faisant référence à l'ambition lancée il y a trois ans : que d'ici 2020, 90% des personnes vivant avec le VIH connaissent leur statut, que parmi elles, 90% soient sous traitement, et que parmi ces dernières, 90% aient une charge virale indétectable.

Fin 2016, ces proportions étaient de 70%, 77% et 82%, selon l'Onusida.

Mais «nous vivons des temps fragiles et les progrès accomplis peuvent être facilement effacés», a averti Michel Sidibé.

1,8 million de nouvelles infections par le VIH ont encore eu lieu en 2016, soit une toutes les 17 secondes.

Ce chiffre est en baisse régulière, et très loin du maximum de 3,5 millions de contaminations atteint en 1997. Mais la baisse est trop lente pour parvenir à l'objectif de 550.000 nouvelles contaminations en 2020, qui permettrait de juguler l'épidémie, avertit l'Onusida.

Il n'existe pas de vaccin contre le VIH et les personnes séropositives doivent suivre un traitement par antirétroviraux tout au long de leur vie.

Explosion en Europe de l'Est 

Ces traitements sont coûteux et entraînent des effets secondaires, mais ont transformé l'existence des personnes séropositives et allongé leur espérance de vie.

Sans traitement, les personnes infectées développent le sida, qui affaiblit le système immunitaire et expose aux infections opportunistes. La tuberculose était ainsi encore en 2016 la première cause de mortalité des personnes atteintes du VIH.

La région qui a le plus progressé est l'Afrique australe et de l'Est, qui rassemble plus de la moitié des personnes séropositives. Les décès liés au sida y ont chuté de 42% depuis 2010 et les nouvelles infections de 29%.

L'Afrique de l'Ouest et du centre est à la traîne, avec seulement 35% des personnes séropositives sous traitement, contre 60% au sud et à l'est du continent.

L'Onusida s'inquiète aussi de l'explosion de l'épidémie en Europe de l'Est et en Asie centrale: le nombre de décès y a grimpé de 27% en six ans. «C'est mon point de déception», a confessé Michel Sidibé, citant en particulier la Russie, qui concentre 81% des nouvelles infections dans cette région.

Autres sujets de préoccupation : seulement 43% des enfants contaminés par le VIH ont accès aux antirétroviraux, contre 54% des adultes, et en Afrique subsaharienne, les contaminations chez les femmes de 15 à 24 ans sont 44% plus nombreuses que chez les jeunes hommes.

Dans un rapport distinct, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) a qualifié de «menace grandissante» le développement de résistances aux antirétroviraux, souvent liées à un suivi irrégulier du traitement.

Si rien n'est fait, ce phénomène pourrait entraîner 135.000 morts et 105 000 contaminations supplémentaires dans les cinq ans, selon l'OMS.

«Nous disposons de tous les outils nécessaires pour éradiquer l'épidémie (...). Le manque de volonté politique et de moyens pour traduire les paroles en actes est l'obstacle majeur», a estimé Coalition plus, groupement d'associations de lutte contre le sida.