Publicité

St-Brandon: des squatteurs accaparent les îles Courson et Tectec

16 juillet 2017, 02:30

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

St-Brandon: des squatteurs accaparent les îles Courson et Tectec

Les îles Courson et Tectec ont été envahies. Depuis début 2015, des squatteurs ont investi deux des 13 îles appartenant à l’État mauricien dans l’archipel des 26 îles constituant St-Brandon. Et en sus d’y construire des baraques en tôle, ils polluent la mer en y jetant leurs déchets. Ils ont même été photographiés utilisant une senne alors que la pêche à la senne est interdite. Une situation décriée par Alain Langlois, l’ancien directeur de Raphaël Fishing, et par le plongeur professionnel Roger de Spéville. Ils disent avoir attiré l’attention des ministères concernés mais n’ont constaté aucun changement sur ces îles de St-Brandon.

Alain Langlois a pour lui l’amour de la mer et des îles de Maurice, mais aussi une connaissance étendue à propos de leur écosystème. L’ancien directeur de Raphaël Fishing connaît sur le bout des doigts ces îles de l’archipel St-Brandon qu’il a administrées pendant 25 ans. Parmi les 13 îles granted permanently à Raphaël Fishing à la suite d’un jugement du Conseil privé de la Reine, les trois seules qui étaient habitées étaient l’île Raphaël – sur laquelle vivent dans des maisons en béton des météorologues de la station de Vacoas, des garde-côtes, du personnel de Raphaël Fishing, soit une trentaine de personnes) –, l’île du Sud et l’île Avocaire. Cette dernière, qui était une des plus grandes îles de l’archipel, n’est plus habitée car elle a subi l’érosion de plein fouet dans le sillage d’un cyclone.

Au début de 2015, soit dès l’arrivée au pouvoir de l’alliance Lepep, l’Outer Islands Development Corporation (OIDC) et le ministre de la Pêche, Prem Koonjoo, ont donné le droit aux personnes intéressées d’utiliser certaines de ces 13 îles appartenant au gouvernement à des fins d’exploitation de pêche. Alain Langlois a fait une demande pour deux îles, à savoir l’île Capitaine afin de préserver les frégates qui y vivent, et l’île Poulailler. Et dans l’optique d’y installer ses pêcheurs, il a fait construire à Maurice une maison écologique démontable qu’il devait remonter sur l’île Poulailler.

«Le jour où nous avons embarqué la maison écologique, le clearance du ministère de la Pêche nous a été refusé. Car en août 2016, l’OIDC a pris une policy decision interdisant à quiconque de construire des baraquements sur les îles de St-Brandon. Et que si de telles maisons étaient construites, elles seraient détruites par des gardes-côtes.» Décision qu’Alain Langlois a acceptée. Le gouvernement lui a alors repris les deux îles.

«Je pensais que tout le monde serait logé à la même enseigne. Or, malgré cette policy decision, les squatteurs sont restés sur les îles Courson et Tectec qui appartiennent à l’État et ont construit de nouveaux baraquements en tôle. Ils avaient fait de même sur l’île Avocaire, mais comme celle-ci appartient à Raphaël Fishing et que je suis toujours actionnaire de cette entreprise, j’ai attiré l’attention de la nouvelle direction et les gardes-côtes les ont fait déguerpir. Ils sont toutefois restés sur les îles Courson et Tectec où ils jettent leurs déchets dans la mer quand ils ne les brûlent pas et pêchent à la senne. Ils sont en train de tuer l’endroit et l’écosystème.» Roger de Spéville se dit attristé car il connaît bien le lagon de ces îles qui pullulent de poissons rares, de crustacés et de mollusques.

Activités illégales 

Outré, Alain Langlois dit avoir récemment rencontré le ministre de la Pêche et le General Manager de l’OIDC, de même que des cadres du ministère et leur avoir montré toutes les photos de ces baraquements et des activités illégales de pêche. «Ils ont trouvé cette situation inacceptable et ont dit qu’ils prendraient des actions. Mais ils n’ont rien fait à part émettre des lettres à certaines personnes en février 2017 pour dire qu’aucun pêcheur n’a le droit de s’installer sur ces îles et d’y pêcher», indique-t-il.

«Or, en allant aux Seychelles en bateau, en janvier, je suis passé à côté des îles de St-Brandon et les squatteurs étaient encore là. Ils y sont toujours d’après les dernières photos prises en mai 2017. Je me demande donc si l’interdit ne s’applique qu’à moi que l’on doit considérer comme un empêcheur de tourner en rond.»

Alain Langlois affirme avoir montré les photos au ministre des Collectivités locales et îles éparses, Mahen Jhugroo, à Alain Wong qui assurait alors la suppléance au ministère de l’Environnement avant qu’Étienne Sinatambou ne soit nommé. Ce dernier a aussi reçu les photos de Roger de Spéville. «Ils se sont dit révoltés. Mais le fait brut est que les squatteurs sont toujours sur place. Il est clair que l’environnement, l’écosystème marin et la gestion des îles éparses en général ne sont pas dans la culture gouvernementale. En attendant, c’est le lagon de St-Brandon que l’on détruit.»

Contacté hier avant la tenue du Conseil des ministres, le ministre Mahen Jhugroo a dit qu’il soulèverait cette question lors de la réunion avec ses homologues. Il devait être décidé que l’OIDC et les ministères concernés demanderont au plus vite aux garde-côtes de déloger les squatters qui campent sur les îles Courson et Tectec et de démolir les baraquements. Cependant, aucune mention de St-Brandon n’est faite dans le compte rendu des décisions du Cabinet émis hier.