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Dernier hommage à Vihan, «enfant martyr»

15 juillet 2017, 16:17

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Dernier hommage à Vihan, «enfant martyr»

«Bondié koné ki li fer, li bien tris sé kinn arivé.» C’est ce que racontaient les membres de la famille du petit Vihan Chinamun ainsi que des voisins, hier vendredi 15 juillet, lors des funérailles du nourrisson à Camp-Levieux. Le bébé de trois mois a trouvé la mort, jeudi, après avoir été battu par sa mère âgée de 17 ans. Il était soupçonné d’être victime de maltraitance.

La mère de la mineure, Vinoda, 46 ans, déclare elle-même que sa fille brutalisait son bébé. Pour sa part, interrogée par les enquêteurs, l’adolescente a avoué qu’elle avait l’habitude de le frapper. D’ailleurs, il y a une semaine, le bébé avait eu la nuque disloquée car «li ti pil zanfan la lor lili», avance Vinoda. La quadragénaire est d’avis que sa fille était peut-être trop jeune pour supporter tout cela.

«Je ne cessais de lui demander pourquoi elle frappait cet enfant. Elle me répondait que l’enfant pleurait trop. Elle était tout le temps énervée», lâche cette employée d’usine. Elle ajoute que son petit ami, Seeneevassen Chinamun, 22 ans, portait la main sur elle. «Je lui ai dit d’arrêter de la battre. Kan kopin-la bat li plis, li plis tir ner lor zanfan-la», fait-elle valoir.

Jeudi une énième dispute a éclaté entre la jeune mère et Seeneevassen Chinamun. L’habitant de Roches-Brunes s’était rendu chez elle dans l’après-midi après son travail. Il lui aurait reproché de trop frapper le bébé. Il est ensuite rentré chez lui. Vers 18 heures, le bébé a commencé à pleurer. L’adolescente s’est mise à le frapper.

Le père de la mineure la défend

En revanche, le père de la mineure affirme que sa fille ne frappait pas le bébé. «Jamais je ne l’ai vue maltraiter son enfant», déclare Vishnu, 49 ans. Il ne comprend pas comment un tel drame a pu se produire sous son toit. Il revient difficilement sur le fil des événements de la soirée. «Je venais de rentrer du travail et le bébé dormait déjà», explique-t-il. À cette heure-là, il avait l’habitude de jouer avec le petit. «Peut-être que si je l’avais réveillé, je me serais aperçu qu’il y avait quelque chose qui n’allait pas. Mo ti pou kav sap so lavi», regrette-t-il.

La mineure a averti son père que le nourrisson ne bougeait plus. Ce dernier a été transporté à l’hôpital Victoria, à Candos, où les médecins ont constaté son décès. La police de Camp-Levieux sous la supervision de la Woman Chief Inspector Ramdour a été alertée. La mineure a été inculpée sous une accusation provisoire de maltraitance d’enfant. L’autopsie pratiquée par le médecin légiste de la police, le Dr Maxwell Monvoisin, a attribué le décès de la victime à une asphyxie, le bébé ayant aspiré le contenu de son estomac

Pour Vinoda, ce drame aurait pu être évité car elle avait déjà alerté la Child Development Unit (CDU). Toutefois du côté de la CDU, on nous indique n’être en présence d’aucune plainte. La grand-mère avait expliqué aux employés qu’elle s’occuperait du bébé.

Les larmes aux yeux, la quadragénaire confie que ce petit ange va beaucoup lui manquer à présent. «Nou ti fini abitié avek li. Nou mem nou ti pé get li», relate-t-elle. Elle fait ressortir que sa fille n’aimait pas s’occuper de son enfant. Elle n’a jamais accepté sa venue au monde.

L’adolescente, qui aura 18 ans en février, est tombée enceinte de son petit ami qu’elle connaît depuis qu’elle est au collège. Après cinq mois de grossesse, elle ne savait toujours pas qu’elle attendait un enfant. Sa mère l’a conduite à l’hôpital où les médecins ont noté qu’elle est enceinte.

«Je lui ai donné des conseils. Je l’ai encouragée afin qu’elle puisse accoucher dans les meilleures conditions. Nous n’avons pas rejeté l’enfant bien que ma fille ait commis une erreur», soutient Vinoda. Et en mars, le bébé a vu le jour. Avant de rendre l’âme moins de quatre mois après.

La mineure insultée 

<p>Avant d&rsquo;être reconduits en cellule, le père et l&rsquo;adolescente ont pu se recueillir devant la dépouille du bé bé. La mineure a ensuite participé à une reconstitution des faits. &laquo;<em>To pa mérit gagn ankor piti</em>&raquo;, lui ont lancé des voisins. Ces derniers exprimaient leur colère en expliquant qu&rsquo;ils ont souvent été témoins de la maltraitance de l&rsquo;enfant.</p>

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Le père projetait de se marier avec l’adolescente

<p>Seeneevassen Chinamun, le petit ami de la fille, a été arrêté pour relations sexuelles avec mineure. Dans sa déposition, il a expliqué qu&rsquo;il était amoureux de l&rsquo;adolescente mais que des disputes éclataient souvent parce qu&rsquo;elle frappait l&rsquo;enfant.</p>

<p>Seeven, le père de Seeneevassen Chinamun, souligne que son fils, &laquo;<em>enn bon garson</em>&raquo;, aimait beaucoup la mineure. Ils étaient ensemble depuis quatre ans et Seeneevassen avait l&rsquo;intention de l&rsquo;épouser prochainement. Toutefois, déplore le père, un drame est venu briser leur famille.</p>

<p>Seeven a aussi expliqué qu&rsquo;il a pu parler avec son fils lors de l&rsquo;enterrement du nourrisson. &laquo;<em>Il n&rsquo;arrête pas de pleurer, il ne s&rsquo;attendait pas à perdre son bébé. Il l&rsquo;aimait beaucoup et le petit avait l&rsquo;habitude de venir habiter chez son père</em>&raquo;, confie-t-il.</p>

<p>Du côté des voisins de Seeneevassen, à Roches-Brunes, certains de ses amis affirment qu&rsquo;il est quelqu&rsquo;un d&rsquo;amical et de causant. Toutefois son comportement a changé quand il a commencé à sortir avec l&rsquo;adolescente. &laquo;<em>Ils se disputaient souvent. C&rsquo;est ce qui poussait Seeneevassen à être violent. Mais en général c&rsquo;est un homme bien</em>&raquo;, soulignent-ils.</p>

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Rita Venkatasawmy : «Il faut établir une stratégie de prévention»

<p>Sollicitée par <em>l&rsquo;express</em>, l&rsquo;Ombudsperson for Children, Rita Venkatasawmy s&rsquo;est dit particulièrement interpellée par ce cas. &laquo;<em>Trop de personnes ont recours à la violence lorsqu&rsquo;elles font face à des problèmes. Il faut que cela cesse. Il nous faut une stratégie de prévention</em>&raquo;, a-t-elle déclaré. Elle a souligné qu&rsquo;elle compte initier une analyse des différents aspects de la vie d&rsquo;un enfant mauricien et des solutions aux problèmes auxquels ce dernier pourrait faire face. D&rsquo;ajouter qu&rsquo;il faut instaurer &laquo;<em>une culture de paix</em>&raquo; dès l&rsquo;école primaire</p>