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[Vidéo] Roshan, Ewen Ian et Thierry: reconversion réussie dans l’agriculture

10 juillet 2017, 23:53

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[Vidéo] Roshan, Ewen Ian et Thierry: reconversion réussie dans l’agriculture

Le pari semble audacieux pour Thierry Guimbeau, Ewen Ian Beekharry et Roshan Jeetun. Ils ont quitté leur emploi de bureau pour se lancer dans l’agriculture. Reportage à l’occasion de la Farmers’ Day qui sera célébrée le 12 juillet.

Au bout d’un petit sentier bordé de cannes à sucre, se cache un havre hors du commun. Des arbres et des légumes enracinés dans la terre se réchauffent au soleil tandis qu’une poule d’eau patauge sereinement dans un bassin et qu’un canard cancane à côté d’une hutte de paille. C’est ainsi que se dévoile la Meule Permaculture Farm à Bambous-Virieux. Cette idée a germé, il y a quelques années, chez les Guimbeau. «Auparavant, nous étions dans le domaine de la conception graphique. Nous nous sentions enfermés dans une boîte et nous aspirions à une meilleure façon de vivre», confient Thierry Guimbeau, 39 ans et son frère, Olivier, 36 ans.

En se documentant sur Internet, Thierry Guimbeau découvre des formations sur la permaculture en Australie. Il s’agit d’une technique qui conçoit la ferme de sorte à optimiser les ressources telles que l’eau de pluie, les terres, les déchets, les animaux etc. «C’est une culture régénératrice, donc elle évo- lue toute seule et fait moins de travail», expliquent-ils.

Oignons, lalos, concombres, calebasses…

Certes, ils s’orientent vers la ferme. Achetant un terrain en 2015, ils procèdent alors à la première phase de construction. Depuis, ils produisent des oignons, des lalos, des concombres, des calebasses, de la betterave sans pesticides et font aussi l’élevage des animaux. «Faire de l’agriculture à Maurice implique de cultiver pour l’autosuffisance et de commercialiser le surplus», précisent-ils.

Dans cette optique, les Guimbeau sont soutenus par le Vélo Vert, une association visant au développement agroécologique. Bien partis sur leur lancée, ils fourmillent d’idées pour développer davantage leur ferme. La mise sur pied d’un centre de formation pour les aspirants fermiers, des chalets en bois pour les touristes et d’une table d’hôte est prévue.

Désherbage manuel

Autant de tâches qui nécessitent de l’organisation, indiquent les jeunes fermiers : «Il faut se réveiller vers 5 h 30 pour commencer par récupérer nos employés. Puis vers 7 heures, on fait le désherbage manuel, le landscaping et le travail dans les potagers.»

Ce quotidien, c’est également celui d’Ewen Ian Beekharry, 28 ans. Cet habitant de Palma fait partie du projet de ferme biologique de Britannia. «Il y a une plus grande prise de conscience pour manger sainement. La filière agricole évolue. J’ai obtenu quatre arpents pour cultiver 2 800 bananiers biologiques. J’attends le financement pour pouvoir commencer», indique-t-il. Entre-temps, cet ancien pâtissier qui compte 9 ans d’expérience dans l’hôtellerie et le commerce, cultive des légumes à Palma. Évoquant une forte compétition dans cette filière, il a changé de cap.

Jeunes fermiers: la passion de l’agriculture

Ils ont choisi d’entrer dans la ferme. Que ce soit pour la culture de légumes ou pour l’élevage d'animaux, ces jeunes Mauriciens ont quitté des professions conventionnelles pour travailler en pleine nature. Reportage.

Les diverses facilités offertes pour la création de fermes et d’entreprises par l’État ont également agi comme élément déclencheur. Ainsi, en 2016 et 2017, il a suivi des formations dispensées par le ministère de l’Agro-industrie. Puis, il a entamé les démarches pour lancer sa ferme - la Mega Organic Farming Co. Ltée. En attente de financement pour le projet de Britannia, il puise de ses économies pour acquérir les plantules et s’occupe du nettoyage des terrains. «J’ai déjà acheté des plantules de giraumon. Maintenant, il me reste celles d’arouille et de bananes», confie-t-il.

«J’aime l’agriculture. On peut commencer tôt et finir vers midi sur le terrain. En plus, cela nous met en contact direct avec la nature. Dans le domaine biologique, la culture prend deux fois plus de temps, mais il faut être patient», relate-t-il

Comme le père et le grand-père

L’engouement pour la ferme est également perceptible chez Roshan Jeetun, 35 ans. Cet ancien officier de la National Coast Guard se spécialise dans l’élevage de vaches et dans la production de lait à Montagne Longue. Il a démarré cette activité en 2001, marchant sur les traces de son grand-père et de son père.
Et suivant la mise sur pied des nouvelles stratégies gouvernementales pour l’élevage des vaches en 2008, il décide de suivre cette voie avec la First Agri Ltée. «Par expérience, ce domaine regorge de ressources qu’on peut utiliser, notamment le lait, le fumier entre autres. J’ai fait des recherches approfondies et j’ai utilisé mes économies pour investir dans ce projet», explique-t-il

Très rentable

Il a pu alors acquérir huit vaches et se lancer dans la production laitière. Bien qu’il ne lui reste qu’un animal aujourd’hui, il maintient ses démarches pour en importer d’autres et étendre son étable. Il explique que c’est un milieu très rentable : «Une vache produit 20 litres de lait par jour. Si on en vend à Rs 40 le litre, cela fait Rs 800. Et pour 20 jours, on atteint Rs 16 000.» Il a d’ailleurs lancé une campagne sur Facebook intitulée Fresh Cow Milk Door to Door pour vérifier si la demande serait considérable pour un tel produit. Selon lui, 4 500 personnes étaient intéressées. Parallèlement, il a lancé la Mauritius Cattle Breeders and Milk Producers Association sur le même réseau social qui a mobilisé 200 partenaires.

Mais le jeune fermier ne se focalise pas que sur l’élevage des vaches. Il se penche notamment sur l’aqua-ponique, un système permettant d’utiliser les déchets de poissons dans le filtrage naturel d’eau pour alimenter des plantes. «Il y a beaucoup de moyens dans l’agriculture qui peuvent aider les jeunes. J’y crois et je vais maintenir mes efforts», confie-t-il.