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Les poissonniers au bord de l’asphyxie

11 juillet 2017, 00:30

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Les poissonniers au bord de l’asphyxie

«Travay-la pé al mor», lancent les poissonniers. Les clients, disent-ils, se font rares. Notamment parce qu’on trouve des marchands de poisson à tous les coins de rue.

L ’humeur n’est pas au beau fixe au rayon poissonnerie du marché central, à Port-Louis. D’ailleurs, l’allée y menant est presque déserte. Plusieurs étals ont, eux, été laissés à l’abandon, des poissonniers ayant préféré plier bagage… «Travay-la pé al mor, péna kliyan…» 

Sur place, il ne reste qu’une poignée de marchands de poisson qui tentent tant bien que mal de survivre. Parmi, Vishnu Curoopen. C’est à l’âge de 17 ans, raconte-t-il, qu’il a fait ses débuts comme marchand de poisson. À l’époque, dit-il, le poisson se vendait à Rs 2,50 la livre et l’ourite à 80 sous. Selon ses dires, il existait à cette époque 70 variétés de poissons, dont Madame Tombé, Colombie, Gueule Pavée et Sarde. 

Les clients raffolaient surtout du Capitaine et de la Gueule Pavée. Ceux-ci trouvaient preneur pour Rs 3,50 la livre. Et pour écailler le poisson, on devait débourser la somme additionnel de Rs 2. 

Selon Vishnu Curoopen, ce temps était béni. Chaque marchand vendait environ 400 livres de poisson par jour. «Autrefois, on criait tous ensemble, misié madam bon pwason fré!» Les clients, poursuit-il, ne savaient plus au donner de la tête. «Certains nous demandaient : ‘Eski li fré sa marsan ? Et on répondait: ‘so lagorz rouz, al manzé ou dir mwa!’» 

Juste à l’arrière de l’emplacement des marchands, poursuit Vishnu Curoopen, il y avait une pièce pour nettoyer et écailler les poissons. «Des écailles de différentes couleurs volaient en l’air et venaient se poser sur la tête des clients !» 

Ses souvenirs, il les raconte avec le sourire. Un sourire qui s’estompe lorsqu’il revient à la réalité. Sur ces mêmes étals, aujourd’hui, il n’y a que sept variétés de poissons qui sont exposées. Et Vishnu Curoopen sait que des 70 livres qu’il a achetées le matin à Grand-Baie, il en restera au moins 17 à 20 d’ici la fin de l’après-midi.

Sur son étal, on retrouve du Cateau, «Mulet Voleur», Sape Sape, Carangue, Capitaine, Madame Tombé, Gueule Pavée. Les mouches virevoltent autour d’eux. La preuve, s’il s’en fallait, qu’ils sont effectivement frais. Car les poissons impropres à la consommation n’attirent pas les mouches, confie Vishnu. 

Très impatient, il jette de temps en temps un coup d’oeil sur ceux qui font leur entrée dans la section «poisson ». Les clients qui en achètent doivent payer Rs 20 en plus pour écailler, nettoyer et couper le poisson. 

Bien souvent, dit-il, les clients lui demandent conseil sur le plat qu’ils peuvent préparer pour le dîner ou le déjeuner. Pour chaque variété de poisson, Vishnu possède la liste de divers plats à préparer. «Si ou asté Corne, li bon pou frir, Cateau pou boulet, milé voler kari, vieille rouge, bouyon ek Carangue ladob.» 

Les crustacés toutefois se font rares, aussi rares que les clients, lâche-t-il. Une situation exacerbée par le fait qu’on retrouve des marchands de poissons à tous les coins de rue, déplore Vishnu. 

Au dire du marchand, il y a environ une quinzaine de marchands de poisson entre le marché central et Terre-Rouge. N’est-ce pas faire fi des règlements sanitaires, s’interroge Vishnu. D’autant plus, fait-il ressortir, que les poissonniers du marché central sont, eux, très surveillés…

Poissons toxiques

Vieille babonn, Tazar lichien, Vieille cuisinier, Vieille plate, Croissant, Grosse sardine sont considérés comme des poissons toxiques.