Publicité

La nouvelle vie de Marinne Giraud-Mamet

10 juillet 2017, 01:06

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

La nouvelle vie de Marinne Giraud-Mamet

Reconversion réussie pour l’ancienne championne nationale de tennis Marinne Giraud-Mamet. Depuis mai, ce sont les fruits et légumes cultivés biologiquement dans le jardin de son père, à Chamarel, qu’elle commercialise à prix doux chez Zardin Papou*, situé au Ruisseau Créole.

Le bois est omniprésent à Zardin Papou sous forme de lattes recouvrant le sol, de même que les murs. À l’entrée de la boutique figure l’outillage du parfait jardinier. Cela va du sécateur à la tronçonneuse, des tuteurs de dimensions différentes pour l’arrosage, des semences aux engrais biologiques. Un peu plus loin, sur les étagères en bois, des produits naturels ménagers de la marque Briochin, fabriqués en France, avec du savon noir ou encore du bicarbonate de soude.

En face, un comptoir en bois à partir duquel pendent de gros paniers en osier. Ils abritent des fruits et légumes de saison issus de l’agriculture biologique pratiquée sur les hauteurs de Chamarel. Sur le dessus d’un réfrigérateur, une balance en inox pour la pesée. À l’extrémité de la boutique se trouve la table de travail de la patronne, qui jouxte une étagère consacrée à des produits de bien-être naturels australiens de la marque Little Innoscents pour enfants, ainsi que des jeux pour enfants fabriqués à partir de matériaux recyclés et des chaussures de jardinage en caoutchouc.

On sent l’ex-championne de Maurice de tennis aussi à l’aise sur ce terrain-là qu’elle l’était sur les courts. Le fait que la boutique appartienne à son père Jean-Michel Giraud n’y est pas étranger. À l’écouter, elle a raccroché le tennis pour de bon. «Le tennis a été toute ma vie pendant plus de 15 ans», raconte-telle. Elle avait même quitté le pays pour vivre de sa passion au niveau professionnel en France. «Je faisais à l’époque le va-et-vient entre Maurice et Paris. À un moment, je me suis mise à réfléchir à mon avenir. Et j’ai eu envie de me poser et de mener une vie normale», confie-t-elle.

Charamel Ltée est née

Elle s’inscrit auprès de l’Institut Charles Telfair où elle étudie la comptabilité et la finance. Son diplôme en poche, elle rejoint son père, à l’époque Chief Executive Officer de la United Basalt Products et des boutiques Espace Maison, qu’il a créées. Elle intègre l’entreprise d’abord comme stagiaire puis comme Management Controller avant d’être nommée responsable des magasins.

Elle se marie et tombe enceinte. Mais sa grossesse est difficile et son fils Nolan, qui naît prématurément, est placé en soins intensifs. Lorsque son état se stabilise, ainsi que celui de sa mère, ils rentrent à la maison. Quand elle reprend le travail après son congé de maternité, c’est une nouvelle direction qui a pris le relais. Leurs visions étant différentes, Marinne Giraud-Mamet décide de prendre un congé sabbatique pour s’occuper de son fils.

Mais Jean-Michel Giraud est un hyperactif. Pour lui, le mot «retraite» ne signifie pas grand-chose. Sur son terrain de 15 arpents, à Chamarel, il cultive biologiquement des fruits – oranges, mandarines, citrons, letchis, cerises, corossols, jamboses, olives de l’Inde, fruits de la passion mais aussi des légumes comme des carottes, poireaux, laitues de différents types, condiments, chouchou, maïs, manioc, cocotiers, palmistes qui trouvent leur chemin jusque dans ses cuisines, mais aussi celles de ses employés qu’il a l’habitude de gâter.

Il y a deux ans, il aménage un petit atelier de transformation sur ledit terrain dans lequel quelques employées préparent des coulis de fruits et des achards de cœurs de cocos et de palmistes et de jaques commercialisés sous le nom de Charamel Ltée. Déformation du nom Chamarel que les petits-enfants de Jean-Michel Giraud sont incapables de prononcer correctement. Ces produits commercialisés par Le Connoisseur et l’Epicerie Gourmande se fraient rapidement un chemin sur les tables mauriciennes.

Jean-Michel Giraud fait aussi pousser quelques produits exotiques dans sa cour, à l’instar du citron-caviar, agrume ressemblant à un gros cornichon et aux gousses semblables à des billes de caviar. Cette délicatesse vendue à 380 euros le kilo en France accompagne divinement poisson cru, saumon fumé et huîtres. Cet agrume est si recherché que dès qu’ils mettent une note à propos d’une récolte sur la page Facebook, les Mauriciens s’empressent de le réserver.

Consciente des bienfaits de ne consommer que les produits issus de l’agriculture biologique, Marinne Giraud-Mamet ne nourrit son fils qu’avec les produits du jardin de son père. Les récoltes sont si abondantes que Jean-Michel Giraud se dit qu’il est temps pour lui d’ouvrir une jardinerie. Lorsqu’il en parle à Marinne, elle trouve l’idée intéressante et affine le concept, d’autant plus que son fils a grandi et qu’elle se sent prête à réintégrer le marché du travail.

Au gré de leurs discussions, ils parlent d’un commerce de proximité dédié aux produits de la jardinerie certes, mais aussi aux produits ménagers naturels inspirés des recettes de grands-mères et qui seraient certifiés Ecocert et même des produits cosmétiques naturels pour enfants et adultes, de véritables savons d’Alep de la marque Alepia à l’huile d’olive et à l’huile de baies de laurier, fabriqués à Alep en Syrie, des huiles végétales bio et des sels de la Mer Morte. C’est par le biais d’Internet qu’ils contactent Briochin et Alepia en France, Little Innoscents en Australie et d’autres start-up proposant ces produits.

Comme les Giraud habitent non loin du Ruisseau Créole, ils décident d’y ouvrir leur boutique qu’ils nomment Zardin Papou. Papou étant le nom affectueux donné par les petits-enfants de Jean-Michel Giraud.

L’ouverture a lieu le 5 mai. Marinne Giraud-Mamet et son père sont agréablement surpris par l’accueil du public. Si, comme attendu, les fruits et légumes bio s’arrachent, les produits cosmétiques et ménagers trouvent aussi preneurs. «Nous savions que nous nous étions lancés dans le bon créneau, mais nous n’étions pas sûrs du timing. Et puis, on se demandait si c’était bien d’associer des produits de bien-être et de jardinerie. Or, à l’ouverture, ce sont les produits primeurs, mais aussi les produits cosmétiques naturels qui se sont bien vendus. Nous avons réalisé que les gens connaissaient ces marques, qu’ils ramenaient dans leurs valises», relate Marinne Giraud-Mamet.

Rapport qualité-prix

Pour elle et pour son père, il est clair que les Mauriciens, comme les étrangers vivant à Maurice, sont nettement plus soucieux de leur santé de nos jours et souhaitent éviter les fruits et légumes contenant des pesticides en excès.

Qui dit biologique, dit généralement cher. Pas chez Zardin Papou. «Nous essayons de vendre nos fruits et légumes presque au même prix que ceux vendus au marché. Si nous sommes satisfaits de l’accueil que Zardin Papou a reçu, nous voulons dire aux Mauriciens d’utiliser le moindre petit espace dont ils disposent pour planter. Pas seulement des légumes, mais des condiments pour la cuisine qui seront plus sains et plus goûteux que ceux qu’ils achètent ailleurs. Nous leur disons qu’il est possible de planter en respectant la nature, qu’il est possible de vivre autrement et d’utiliser des produits de bien-être et ménagers naturels sans que cela leur coûte les yeux de la tête», dit Jean-Michel Giraud.

Si Rivière-Noire vous paraît loin, rassurez-vous, père et fille envisagent d’ouvrir deux autres boutiques Zardin Papou, probablement dans le Nord et au centre de l’île. Stay tuned…

*Horaires d’ouverture : lundi au samedi de 9 h 30 à 18 heures