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Zambie: le président Lungu sollicite l’instauration de l’état d’urgence

6 juillet 2017, 01:12

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Zambie: le président Lungu sollicite l’instauration de l’état d’urgence

Le président zambien Edgar Lungu a sollicité mercredi soir l’instauration de l’état d’urgence après une série d’incendies criminels destinés selon à lui à déstabiliser le pays, nouvelle étape des tensions qui l’opposent à ses adversaires politiques.

Dans un discours radiotélévisé à la Nation, M. Lungu a invoqué l’article 31 de la Constitution sur l’état d’urgence afin, a-t-il justifié, de «préserver la paix, la tranquillité et la sécurité de nos citoyens, ainsi que la sécurité nationale».

Mardi, le principal marché de la capitale Lusaka a été entièrement dévasté par le feu, dernier en date d’une série d’incendies très vraisemblablement criminels qui ont visé des marchés, bâtiments publics et entreprises dans tout le pays.

«Il ne fait aucun doute que ceux qui ont perpétré ces actes irresponsables veulent rendre le pays ingouvernable», a jugé le chef de l’Etat dans sa déclaration.

«En tant que président de la Nation, il est de ma responsabilité de répondre de façon adéquate pour contrer ce chaos planifié, je ne tolèrerai pas cette anarchie», a-t-il poursuivi.

Cette décision, qui doit être soumise au Parlement pour approbation, intervient après plusieurs mois de fortes tensions entre le régime de M. Lungu et ses adversaires, qui l’accusent de dérive autoritaire.

Ces crispations ont débuté en avril avec l’incarcération du chef du principal parti d’opposition, Hakainde Hichilema, accusé d’avoir tenté d’entraver le passage du convoi présidentiel.

Poursuivi pour trahison, un crime passible de la peine de mort, M. Hichilema est toujours incarcéré dans une prison de haute sécurité de l’extrême nord du pays.

«Dictature» 

Opposant historique en Zambie, battu cinq fois à la présidentielle, M. Hichilema refuse catégoriquement de reconnaître la courte victoire de M. Lungu à l’élection d’août 2016 en arguant de fraudes, malgré sa validation par la Cour constitutionnelle.

Le mois dernier, une cinquantaine de députés de son Parti uni pour le développement national (UNPD) ont par ailleurs été temporairement suspendus pour avoir, comme leur chef, contesté la victoire électorale du chef de l’Etat.

L’opposition et la société civile zambiennes accusent M. Lungu de museler ses critiques.

«La Zambie peut désormais être qualifiée de dictature», ont déploré le mois dernier les chefs religieux du pays dans une déclaration aussi musclée qu’inhabituelle.

L’ONG Amnesty International a pour sa part dénoncé par la voix de son responsable régional Deprose Muchena une «persécution» destinée à «harceler, intimider et dissuader» ses rivaux.

De leur côté, M. Lungu et ses proches se défendent de toute atteinte aux libertés, invoquant leur droit de faire respecter l’ordre.

«En tant que gouvernement, nous avons à plusieurs reprises conseillé à nos concitoyens de se garder de tout comportement irresponsable et criminel, mais il semble que cela n’ait pas été entendu», a encore regretté le chef de l’Etat mercredi soir.

Pendant la campagne électorale de l’an dernier, la Zambie, souvent louée pour son calme et sa stabilité politiques, avait été le théâtre de violences inédites entre les partisans du Front patriotique (PF) de M. Lungu et ceux de l’UPND.

Edgar Lungu avait alors menacé de prendre des «mesures draconiennes» et à «sacrifier la démocratie» pour assurer la paix.