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Médine-Camp-de-Masque et Clémencia: des planteurs exaspérés par les vols de légumes

4 juillet 2017, 21:40

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Médine-Camp-de-Masque et Clémencia: des planteurs exaspérés par les vols de légumes

Jardiniers et cultivateurs de Médine-Camp-de-Masque et de Clémencia tirent la sonnette d’alarme : des voleurs s’attaquent en effet à leurs champs et à leurs potagers depuis des années. Si un petit chapardage dans les champs et sur les arbres fruitiers a toujours existé, les producteurs de fruits et légumes sont excédés par la recrudescence et l’ampleur que prennent ces vols.

«Le phénomène ne cesse d’augmenter ces dernières années. Peu importe les mesures employées pour protéger nos champs, on est perdant. La situation est décourageante», martèle le président de l’Association des planteurs de l’Est, Fowdar Kreshna.

Ce dernier explique que si, auparavant, il ne s’agissait que de promeneurs, qui dérobaient une main de bananes ou quelques bottes de légumes, aujourd’hui, il semblerait que ce sont des professionnels qui soient passés à l’action pour littéralement nettoyer les champs.

Grosses pertes

Parian Vishnada, habitant de St-Julien-d’Hotman, est agriculteur depuis 20 ans. Il plante des bananes et des légumes. Il y a un an, il était propriétaire d’une bananeraie qui s’étendait sur un terrain de deux arpents à Belle-Rive. Mais aujourd’hui, en raison des pillages, il préfère se concentrer sur des parcelles de terre qui se situent non loin de chez lui. Mais là aussi, de petits voleurs ne manquent pas de faire sentir leur présence.

«Kan mo ti ena terin Bel Riv, voler ti pe tro pase. Par kamion zot ti pe kokin. Trant a 40 rézim ti pe fini ale enn sel kou. Enn valer 10 000 roupi. Ou dékouraze. Dernie ler monn bizin arete. Mo nepli plante laba. Me kot mo plante pre avek mo lakaz osi ban ti voler pase. Si zot pe pran pou manze li enn lot me aster vinn fer komers lor rekolt. Li pa bon», se plaint l’agriculteur.

Kreshna Fowdar raconte, lui, que chaque semaine des pilleurs passent et volent cinq à six régimes de bananes. Il explique aussi que les plantations de bananes ne rapportent plus comme auparavant.

«Avant, on pouvait récolter des bananes pendant 12 ans. Mais avec le temps, les bananiers ne rapportent que pendant quatre ans. Quand les champs ne rapportent plus, il faut trouver d’autres terrains pour entreprendre une nouvelle plantation. Les régimes de bananes peuvent prendre jusqu’à un an pour être prêts. Et dans un régime on peut compter 125 à 150 bananes.»

Il ajoute aussi que les pilleurs frappent fréquemment quand certains légumes ou fruits sont chers. «En ce moment, les bananes sont rares sur le marché. Donc, ils font main basse sur ces fruits. Sinon, ils se tournent vers les ananas quand c’est cher. Mais l’ananas ne l’est pas en ce moment.»

Bandes organisées

Les voleurs ravagent les récoltes car tout semble à leur disposition et il y a très peu de contrôle le soir. Se tourner vers la police aussi ne sert pas à grand-chose, fait remarquer Fowdar Kreshna. La police effectue bien des patrouilles pendant quelque temps, mais les voleurs sont bien organisés et travaillent vite.

Selon Jean-Claude Aristide, planteur et habitant de Clemencia, certains voleurs ont des stratégies bien rodées. «Zot pass dan bann karo. Zot pran 4-5 rezim dan sak karo zot ale.» Avec un brin d’humour, il raconte comment ses «arouy violett» disparaissent. «Kan banla pran violet, pie la osi zot pa kite. Zot pran tou zot aler. Si ti kapav lev later la osi zot ti pou pran li.»

Même les veilles organisées ne servent à rien. «Initil vey zot. Banla deza kone kan ou pé vey zot. Zour ki ou pé atan banla, zot deja pe vey ou», raconte Parian Vishnada. D’autant plus que ces veilles sont pénibles. «On travaille du matin jusqu’à l’aprèsmidi sous le soleil. On dépense toute notre énergie. Et au final, on doit veiller dans les champs pour braver les voleurs. C’est fatigant et injuste», fait remarquer le président des associations des planteurs. Selon ces producteurs, des bandes organisées orchestrent les vols et alimentent un réseau parallèle de vente. «La marchandise volée est souvent écoulée en vrac sur les marchés dans un autre coin du pays», explique Parian Vishnada.

Pas assez sévères

Selon les planteurs, les voleurs persisteront tant que les sanctions ne changeront pas. «S’il arrive qu’on attrape les voleurs, ils ne paient qu’une amende imposée. Ils peuvent reprendre leurs activités après. D’autant plus que la somme payée est minime comparée au butin.»

Le président de l’Association des planteurs de l’Est déplore l’absence d’un texte de la loi disant que le planteur mérite un remboursement. Pour lui, les planteurs restent perdants au final. «Il n’y a pas de loi favorable aux planteurs. Quand les voleurs emportent leur récolte, ils perdent tout. Et il n’y a pas de compensation pour eux.»