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Visites abusives en prison: Gulbul cité dès 1994

30 juin 2017, 23:45

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Visites abusives en prison: Gulbul cité dès 1994

La commission d’enquête n’est pas la première instance à attirer l’attention sur Me Raouf Gulbul. Jeudi 29 juin, un nouveau témoignage est venu l’accabler. Ce, suivant le témoignage de Joseph Jackarie Bottesoie, un Quatre-Bornais qui a dans le passé été condamné pour trafic de drogue. La veille, il y a également eu l’audition de Parwiza Jeeva.

Mais ces accusations ne sont pas nouvelles. Le nom de Raouf Gulbul a été cité dès 1994 dans le rapport du Select Committee sur la drogue présidé par Jérôme Boulle. Ce document a mis en exergue les va-et-vient de certains avocats en prison pour rencontrer des trafiquants.

Au sommet de la liste se trouvait l’ex-avocat Dev Hurnam. Suivi de Me Raouf Gulbul. En un an, ce dernier avait cumulé près de 80 visites à des trafiquants condamnés. «Il s’agissait clairement d’abus. Pendant les visites, aucune tierce personne ne pouvait être présente», souligne un membre du Select Committee ayant travaillé sur le rapport. Et d’ajouter qu’il y a même eu des cas où des avocats ont rendu visite à des trafiquants les 25 et 26 décembre.

Le rapport du Select Committee a été soumis à l’Assemblée nationale quelques mois avant les élections générales. Après l’arrivée au pouvoir du gouvernement PTr-MMM, aucune suite n’a été donnée à ce document.

Du reste, Me Raouf Gulbul a été l’un des avocats à avoir défendu des trafiquants notoires dont le suspect Sada Curpen. Le 10 janvier 2010, il représente ce dernier qui était inculpé sous une charge de complot pour importation de drogue, mais son client avait été blanchi par la cour intermédiaire, faute de preuve.

Il y a aussi le cas de Marie Natacha Rangasamy qui avait été arrêtée pour le blanchiment de Rs 675 925. La femme avait signalé que l’argent provenait de ses «revenus» alors qu’elle était une «prostituée de luxe». Mais la commission anticorruption soupçonnait que ces fonds avaient des liens avec le trafic de drogue étant donné qu’elle vivait en concubinage avec un présumé trafiquant.

Les allégations de Joseph JAckarie Bottesoie et de Parwisa Jeeva datent pour leur part de 2003 et 2010. La commission d’enquête sur la drogue se penche sur la possibilité qu’il y ait eu une tentative de cover-up à la suite des enquêtes initiées à cette époque.

En 2003, le juge Caunhye avait initié une enquête mais il n’y aurait pas eu de suite. En 2010, Parwiza Jeeva avait déclaré, sous serment, qu’elle avait changé sa version des faits à la demande de Me Raouf Gulbul. Le cas avait été référé au DPP mais une fois encore, il n’y a pas eu de suite.

Derrière le ticket refusé par le MMM

«Il n’y avait pas de preuves. Mais des rumeurs couraient déjà sur les relations de Me Gulbul avec des trafiquants de drogue.» C’est ce que révèle un membre du comité régional du MMM au n°3. Il soutient que l’homme de loi a été cité pour être candidat mauve dans cette circonscription, en 2014, aux côtés d’Aadil Ameer Meea. Mais ce dernier s’y serait opposé.

C’est lorsque le remake MMMMSM était encore d’actualité, en 2014, que Raouf Gulbul s’est rapproché des Mauves. Son nom n’a pas été proposé officiellement au bureau politique, car il n’était pas membre du parti, mais il était bien considéré. «Le leader du parti voulait le mettre dans la circonscription mais tous les membres du comité régional ont objecté à sa candidature». Notamment à cause des «relations douteuses» de l’avocat. «C’était inacceptable.»

Mais l’alliance entre les Mauves et le Parti travailliste est venue évincer les chances de Raouf Gulbul. Résultat : il se rapproche du MSM et sera candidat de l’alliance Lepep dans la circonscription. C’est à cette période qu’on pouvait voir le nom «Bottesoie» sur les murs pour dénoncer le lien entre ce dernier, un trafiquant, et l’homme de loi.

Le MSM mal à l’aise

Les langues commencent à se délier au sein du MSM. Ce, concernant les révélations faites à l’encontre de Raouf Gulbul à la commission drogue. Même si officiellement c’est motus et bouche cousue, ce proche du MSM et avocat de Pravind Jugnauth dans l’affaire MedPoint met plus d’un mal à l’aise. Et la consternation se fait sentir…

Une source au bureau politique du MSM avance que ces éléments accumulés contre l’homme de loi, dans des affaires de drogue, ont «créé une onde de choc». D’autant qu’il «est à la tête de la Law Reform Commission».

Au parti, l’on se sent également concerné par la connexion entre les courses hippiques et le trafic de drogue. Cela, car Raouf Gulbul est à la tête de la Gambling Regulatory Authority (GRA). «Son poste à la GRA sera remis en question. Mais, d’abord, on va l’écouter», commente un autre membre du MSM. D’ajouter que si l’avocat démissionne, «cela voudrait dire que Pravind Jugnauth aussi devrait démissionner».

Cependant, on affirme que le sujet reste très délicat car certains sont d’avis que ce ne sont que des allégations à ce stade. «Me Gulbul n’a pas été condamné et même s’il y a des poursuites, cela ne signifie pas qu’il est coupable», martèle-t-on au parti soleil.

Le Premier ministre, pour sa part, ne s’est pas exprimé sur les auditions à la commission drogue incriminant Raouf Gulbul. Mais hier, il a participé à une marche contre la drogue de Saint-Pierre à Moka. Et il en a profité pour réaffirmer son engagement pour lutter contre le trafic de drogue. Pravind Jugnauth a aussi mis en garde les membres d’institutions gouvernementales qui seraient impliqués dans des réseaux de drogue.

«C’est malheureux de voir une complicité entre des mafias et des personnes qui travaillent dans nos institutions. Mais vous pouvez compter sur moi. Je veillerai au grain. Que ce soit un ami ou une simple connaissance, je serai sans pitié», a-t-il déclaré.