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Chagos: le nombre de pays n'ayant pas voté déçoit

23 juin 2017, 09:14

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Chagos: le nombre de pays n'ayant pas voté déçoit

«Une victoire qui laisse planer des doutes.» La victoire à l’Assemblée des Nations unies est saluée par les Mauriciens d’ici et d’ailleurs. Mais cette victoire laisse néanmoins des doutes dans l’esprit de nombreux Chagossiens de Crawley, en Angleterre. 

Marie-France Bheeka est née de père chagossien et de mère agaléenne. Elle habite à Crawley, en Angleterre, où vivent environ 3 000 Chagossiens depuis une quinzaine d’années. Interrogée à l’issue du vote tenu d’hier soir à New York, elle dit que cette victoire laisse néanmoins des doutes dans l’esprit de nombreux Chagossiens de Crawley. 

«C’est bon que Maurice fasse toutes ces démarches et qu’elle peut maintenant porter ses revendications auprès de la Cour de justice internationale. Mais ici, une grande majorité de Chagossiens estime que personne ne pourra retourner aux Chagos. Maurice peut obtenir ces îles mais je ne crois pas que les Chagossiens puissent y retourner. Je pense ici à Agalega, où de nombreux Mauriciens, de même que beaucoup de personnes ici, pensent que Maurice veut donner cette île.»

Marie-France Bheeka, tout en approuvant la démarche d’Olivier Bancoult, est d’opinion que malheureusement les Chagossiens ne pourront pas vivre sur l’archipel des Chagos. Cette femme travaille dans un supermarché et elle a des filles qui vont à l’université. «Nous sommes bien établis ici et la communauté chagossienne vit plutôt bien.»

Réactions

<p><strong>Vijay Makhan, ancien secrétaire aux Affaires étrangères :&nbsp;</strong>&laquo;<em>Félicitations à Maurice. L&rsquo;adoption de cette résolution est un grand pas en avant. Mais ce qui m&rsquo;a interpellé, c&rsquo;est l&rsquo;abstention de certains pays comme le Canada, le Chine et l&rsquo;Indonésie,entre autres. Maintenant le combat ne s&rsquo;arrête pas là, il faut continuer à lutter</em>.&raquo;</p>

<p><strong>Robin Mardemootoo, avocat représentant le groupe Réfugiés Chagos :&nbsp;</strong>&laquo;<em>C&rsquo;est un moment historique pour Maurice. L&rsquo;affaire sera maintenant référée à la Cour internationale. C&rsquo;est du concret. Nous ne dépendons plus du bon vouloir de la Grande-Bretagne. C&rsquo;est la première fois qu&rsquo;on va aussi loin. Chapeau bas. Ce gouvernement a pris une initiative incroyable. La Grande-Bretagne aura l&rsquo;embarras d&rsquo;un avis de la Cour internationale si tout va bien. Je suis quand même étonné que la France s&rsquo;est prononcée contre la&nbsp;résolution. Nous sommes censé entretenir de bonnes relations avec ce pays</em>.&raquo;</p>

<p><strong>Lindsey Collen, membre de Lalit :&nbsp;</strong>&laquo;<em>C&rsquo;est un grand pas pour nous. Le fait que nous avons réussi à faire adopter cette résolution démontre l&rsquo;importance de la décolonisation. Tous les pays qui ont voté en notre faveur comprennent cela. Par ailleurs, les arguments des Britanniques et des Américains étaient faibles</em>.&raquo;</p>

La délégation mauricienne présente à l'Assemblée des Nations unies.


 

«Ce que j’ai compris, c’est qu’il est allé se battre pour récupérer les Chagos»

<p>Nous avons sillonné les rues des cités où habitent desIlois, à Pointe-aux-Sables et à Baie-du-Tombeau, vers 18 h 30, dans la soirée du jeudi 22 juin, pour tâter le pouls des habitants. Mais les lieux étaient quasiment déserts. À cause du froid sans doute et de l&rsquo;heure tardive. Les habitants sont-ils à la maison devant leur poste de télé à suivre les débats ? Certains oui. Mais la plupart d&rsquo;entre eux ne semblent pas intéressés par la démarche du gouvernement mauricien.</p>

<p>Cédric*, 19 ans, que nous avons rencontré à Pointe-aux-Sables, est de ceux qui n&rsquo;ont pas suivi les débats. &laquo;<em>Je sais qu&rsquo;il y a quelque chose d&rsquo;important aujourd&rsquo;hui pour les Chagos. J&rsquo;en ai entendu parler dans le quartier. Mais je ne peux pas regarder le débat car je suis avec mes amis</em>&raquo;, dit-il.</p>

<p>Un peu plus loin, au Marie Lisette Talate Chagossian Community Centre, aucun mouvement. Personne n&rsquo;est ici pour suivre le débat, confirme le gardien. Idem pour les personnes que l&rsquo;on croise dans les rues ou dans les boutiques. Ils préfèrent attendre le retour d&rsquo;Olivier Bancoult à Maurice pour en connaître les détails.</p>

<p>À Baie-du-Tombeau, nous tombons sur Christopher, un jeune de 29 ans, qui habite avec sa grand-mère. II a suivi le débat. &laquo;<em>J&rsquo;ai écouté le discours de sir Anerood Jugnauth. Ce que j&rsquo;ai compris, c&rsquo;est qu&rsquo;il est allé se battre pour récupérer les Chagos</em>&raquo;, explique-t-il.</p>

<p>Quant à Ayline, membre du groupe Réfugiés Chagos, elle avoue ne pas avoir suivi le débat. &laquo;<em>Je viens de rentrer du boulot. Je préfère attendre qu&rsquo;Olivier Bancoult revienne et qu&rsquo;il nous explique ce que tout cela implique</em>.&raquo;</p>

<p>Nous rencontrons ensuite Liseby Elysée. Pour elle, il n&rsquo;y a pas de doute que les retombées seront positives. &laquo;<em>Cette fois-ci, c&rsquo;est la bonne. J&rsquo;ai l&rsquo;espoir que cela va marcher</em>.&raquo; En effet, elle a attentivement écouté ce qui a été dit en compagnie de sa fille. <em>&laquo;Il y a des interventions qu&rsquo;on arrive à comprendre et d&rsquo;autres non</em>. <em>Nous étions censés nous regrouper au centre à Pointe-aux-Sables. Mais nous n&rsquo;avons pas pu le faire car beaucoup de personnes travaillent. </em>Pour elle c&rsquo;est une évidence. Tous les Chagossiens ont le devoir d&rsquo;être devant leurs télés et de suivre&nbsp;ce débat. &laquo;<em>SAJ avait l&rsquo;air de s&#39;être bien préparé</em>&raquo;, ajoute-t-elle, en attendant patiemment le résultat des votes, qui a&nbsp;été en faveur de Maurice.</p>

<p><em>*Prénom modifié</em></p>