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Brésil: l'optimisme contagieux d'un survivant du crash de Chapecoense

22 juin 2017, 10:49

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Brésil: l'optimisme contagieux d'un survivant du crash de Chapecoense

Si Rafael Henzel est vivant aujourd'hui, cela tient du «miracle». Ce journaliste brésilien voyageait à bord de l'avion transportant l'équipe de football de Chapecoense, décimée en novembre dans un crash aérien en Colombie.

«Vis comme si chaque jour était le dernier», est le livre qu'il vient d'écrire pour raconter sa chance d'avoir échappé, comme trois autres passagers et deux membres d'équipage, à la tragédie qui a ému le monde entier.

Alors qu'il présentait son livre mardi à Rio de Janeiro (sud-est du Brésil), le journaliste a pu constater à quel point les Brésiliens restaient bouleversés, sept mois après le drame, par cet accident qui a coûté la vie à 71 des 77 passagers, dont 19 joueurs de l'équipe: en larmes, beaucoup le prenaient dans leurs bras au moment de faire signer leur exemplaire.

«Je suis ici, humblement, pour dire que nous ne pouvons laisser la flamme s'éteindre, qu'il faut profiter de la vie», confie-t-il.

Une cicatrice autour de son oeil droit est l'unique marque visible du crash auquel il a survécu, et pourtant Rafael Henzel est formel: c'est à cette occasion qu'il est né pour la deuxième fois, à 43 ans.

«J'ai deux dates de naissance. Je suis Brésilien et Colombien. Cela a été une renaissance, oui, mais je dois faire valoir cette renaissance, ça ne suffit pas de juste vivre», explique ce journaliste de la petite radio Oeste Capital, de Chapeco (sud).

Son livre est d'ailleurs un puissant hymne à la vie. Rafael s'y remémore la montagne russe émotionnelle qu'il a traversée ces derniers mois, de la joie de voir son modeste club se qualifier pour la finale de la Copa Sudamericana à l'immense chagrin de perdre des dizaines d'amis dans l'accident.

Hospitalisé en soins intensifs, il avait le choix entre s'abandonner à la «souffrance» ou se concentrer sur son «rétablissement»: encouragé par les messages de soutien de milliers d'anonymes sur les réseaux sociaux, il a choisi la seconde option, combinant exercices de rééducation, écoute de musique joyeuse et volonté de croire en lui.

En 40 jours, il était de retour aux micros.

Messi le sauveur

«Je crois que mon optimisme m'a fait vivre», affirme le Brésilien au teint pâle et aux yeux bleus.

La douloureuse expérience l'a également fait relativiser les soucis du quotidien: «Il n'y a qu'une chose qui n'a pas de solution, c'est la mort. Souvent on arrive à transformer des problèmes mineurs, d'ordre familial, amoureux ou professionnel, en des problèmes géants. Cela ne mène à rien, les choses s'arrangent peu à peu».

Passer plus de temps en famille, profiter des moments avec ses amis, vaincre ses peurs sont certains des conseils prodigués par le journaliste dans son ouvrage.

«Aujourd'hui je suis beaucoup plus passionné par ce que je fais», résume ce père d'un garçon de 12 ans, qui se lève tous les jours à 06H15 pour animer son programme matinal, puis un autre dans l'après-midi, quand il ne voyage pas avec le club de Chapecoense dans ses déplacements.

Depuis cette fatale journée du 29 novembre 2016, pas un jour ne s'est passé sans que Rafael repense à l'accident, survenu par manque de carburant, mais il ne veut pas tomber dans la rancoeur vis-à-vis de ce qui s'est passé et ce qui aurait pu être évité.

«J'ai la même indignation que tous les Brésiliens, que tout le monde, mais Dieu ne m'a pas laissé ici pour avoir de la haine».

Il répète inlassablement que sa survie est un «miracle»: ce jour-là, Rafael a changé quatre fois de siège et finalement, c'est Leo Messi lui-même qui l'a sauvé "indirectement".

Avec son 1,90 m, le journaliste allait s'asseoir, côté couloir, à l'avant-dernier rang, mais un collègue lui a dit qu'il voulait cette place car apparemment, c'est là que la star argentine s'était assise lors d'un précédent voyage. Ce collègue a péri dans le crash.

«Cette chose de Messi, c'est vraiment très fort pour moi», glisse Rafael, qui se sent investi d'une mission désormais: «Nous, les survivants, nous avons ce devoir de rassurer les gens. Il y a beaucoup de souffrance, mais la vie est là».