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Kishore Taucoory : Né pour la musique

20 juin 2017, 16:57

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Kishore Taucoory : Né pour la musique

Le 21 juin, jour de la Fête de la Musique, Kishore Taucoory des Bhojpuri Boys aura 60 ans. S’il voulait initialement marquer le coup, des soucis du quotidien occupent pour l’instant son esprit. Avec ironie et lucidité, il raconte ce qu’il devient, loin de la scène.

Il y a quelque chose de changé chez Kishore Taucoory. Pourtant c’est avec la même gouaille que le «bhojpuri boy» nous accueille chez lui. Il ne fait plus jeune que dans notre souvenir. En riant, il confie qu’à la faveur d’un tournage, il s’est rasé la moustache. «Li kouma dir enn zanfan ki ounn pous li aster la».

L’enfant de Fond-du-Sac fête ses 60 ans, le 21 juin, jour de la Fête de la musique. S’il voulait initialement marquer le coup, des soucis du quotidien occupent son esprit. Avec son groupe, les Bhojpuri Boys, cela fait huit ans qu’ils n’ont pas fait d’album et qu’ils ont virtuellement disparu de la scène.

«À Maurice, si un artiste ne passe pas à la télé tous les jours, alors cela veut dire qu’il est mort». Pa ankoler, Bhai Kishore. Dites-nous seulement ce que vous devenez. En colère ? Lui, non, assure-t-il. Pourtant, il est le premier à reconnaître qu’il a un sacré caractère. «Mo lorkes li ankor zwe anba latant». À égayer les veilles de mariage. Eh Langaro, Tou fami danse. En oubliant qu’il s’agit là d’un sympathique clin d’oeil au phénomène de «Touni minuit» qui avait secoué Maurice. La chanson est sortie en 1994, année de naissance du groupe Bhojpuri Boys et de son style caractéristique de séga en bhojpuri.

Pourquoi pas d’albums ? Est-ce la faute au piratage ? «Si mo koz sa, mo pe koz enn vye koze». Kishore Taucoory prend d’abord le temps d’expliquer qu’il croit dans le professionnalisme en studio, «Pou pena repros. Mo pa pou fer zot reklam me mo ti al kot bon zouvrie». À l’époque, il fallait Rs 200 000 pour faire un album. Sauf que le CD est passé de mode. Il n’y a pas de marché. «Il suffit d’aller sur Youtube pour me voir chanter, pourtant, ce n’est pas moi qui ai posté mes chansons là-bas. Cela veut dire qu’il y a des gens qui ne font pas bien leur travail».

Après avoir tempêté contre le manque de contrôles appropriés, c’est avec ironie que Kishore Taucoory lâche : «Zordi tou dimoun tir CD. Enn kikenn kinn gagn enn tigit kas dan pom damour, li pou anvi tir enn CD gard sa kom souvenir». Il y a même ceux qui font du porte-à-porte pour écouler leurs albums. «Ou trouv zot divan laport ou krwar pe vinn kit kart mariaz».

Est-ce que «anba latant», les Bhojpuri Boys ont l’occasion de présenter de nouvelles chansons ? Bhai Kishore secoue la tête. «Dimoun pe rod Langaro. J’ai une tonne de nouvelles chansons. Si je les enregistre et que les radios les diffusent, cela va encourager les gens à aller encore plus sur Youtube”. Il préfère attendre le jour où, «si bondie beni», il pourra enregistrer un album dans son studio perso, à domicile. «La technologie a beaucoup évolué». Pour se faire la main, il a déjà enregistré des spots publicitaires grâce aux équipements qu’il possède.

Comment se porte, selon lui, la culture bhojpuri ? «Monn tann dir pe koumans montre sa dan lekol. C’est une bonne chose. Li pou ena enn lavenir. De plus en plus, les gens comprennent la langue, mais ne peuvent pas la parler».

La vie commence à 60 ans. Un vieux cliché ? Quand Kishore Taucoory jette un coup d’oeil en arrière, c’est pour affirmer, «Mo pa pou dir ou mo enn fighter, me mo enn struggler. Boukou mizer mo finn pase. Tou kitsoz mo finn koumanse avek zero sou». Travaillant, «22 heures sur 24», pour avancer.

Avec le recul, l’artiste lance : «Ar lamizik mo pann gagn kas. Mais je me suis fait un nom. Dimoun inn konn mwa». Les applaudissements font de lui, un «homme heureux». Mais pas autant que la réussite de ses enfants.

Photos : Memraj Mahadoo