Publicité

Trafic: l’existence d’un réseau malgache peu probable

17 juin 2017, 11:54

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Trafic: l’existence d’un réseau malgache peu probable

Existe-t-il un réseau de trafic de drogue de la Grande île qui opère à Maurice ? Cette question est revenue sur le tapis après l’arrestation de deux Malgaches, Voahirana Hari Rakotoamavo et Gorettie Minoarisoa, en mai. Celles-ci travaillent comme colporteuses. Or, selon les personnes que l’express a interrogées, il est peu probable qu’il y ait un tel réseau.

Du côté des marchands ambulants, les noms de ces deux femmes, arrêtées pour importation de drogue, sont inconnus. «Auparavant, on voyait pas mal de Malgaches qui travaillaient dans les rues. Mais depuis qu’on a été relocalisés, la plupart d’entre eux n’ont pas d’étal», explique-t-on à la place Decaen.

Selon les colporteurs, les Malgaches vendent principalement des paniers et autres objets artisanaux. Actuellement, il n’y reste que deux marchandes de la Grande île. Les deux femmes affirment ne pas connaître leurs compatriotes qui ont été arrêtées.

D’autres colporteurs indiquent que depuis l’interdiction de travailler dans les rues, les Malgaches vont revendre leurs produits aux marchands mauriciens, et non directement aux touristes. Notamment au marché central.

Contacts nets

Mais difficile d’obtenir des informations sur les fournisseurs au marché central. Tous soutiennent que leurs contacts sont nets. «Si ti dan ladrog, ti pou fini aret zot», insiste-t-on. De plus, leurs relations avec les grossistes malgaches sont purement commerciales. Tous ceux questionnés ignorent la provenance des objets artisanaux.

Interrogée sur l’existence d’un réseau, l’une des colporteuses de la Grande île, placée à la rue Decaen, souligne qu’il «n’y a pas de communauté malgache. Les Malgaches, surtout les marchands, se fréquentent rarement». Idem pour deux autres colporteuses de la capitale. Elles achètent leurs produits d’un importateur malgache qui, lui, fait le va-et-vient entre Madagascar et Maurice.

Du côté des travailleurs sociaux, la thèse de l’existence d’un tel réseau n’est pas privilégiée. «Vous savez, l’utilisation des mules malgaches existe depuis l’époque du trafic de l’or», fait comprendre Ally Lazer. D’expliquer qu’à l’époque, les Mauriciens ne pouvaient effectuer plus de deux voyages à la Grande île par an. De ce fait, ils utilisaient des Malgaches pour transporter l’or à Maurice. «Depuis, l’or a été remplacé par l’héroïne. Et les personnes choisies sont tellement pauvres qu’elles feraient n’importe quoi pour un peu d’argent», poursuit le travailleur social. D’ajouter que l’utilisation de «mules» reste la même.

Un ancien membre de l’Anti Drug and Smuggling Unit abonde dans le même sens. Il affirme qu’un réseau malgache n’existe pas. Or, «des liens existent bien entre Madagascar et Maurice. Comme cette destination a toujours été sous surveillance et les voyageurs fréquents sont scrutés, des commandes sont passées et des mules sont envoyées. Mais le réseau s’arrête là», dit-il. Quid de Malgaches distributeurs à Maurice ? Il en ignore l’existence.