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Dialogue de sourds entre le SMM et l’État

12 juin 2017, 02:28

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Dialogue de sourds entre le SMM et l’État

Le ministre de la Justice martèle le dialogue pour dénouer la crise des institutions judiciaires. Pourtant, le SMM maintient avant tout ses préalables.

Bloqué. La crise entre le pouvoir exécutif et le pouvoir judiciaire semble, à l’heure actuelle, sans issue. De prime abord, bien que le gouvernement martèle son ouverture au dialogue, le Syndicat des magistrats de Madagascar (SMM), pour sa part, veut un geste fort de la part des dirigeants pour prouver leur disposition à respecter l’indépendance de la Justice et maintient ses préalables.

En marge d’une visite présidentielle et gouvernementale au salon international du tourisme, hier, Charles Andriamiseza, ministre de la Justice, a abordé devant la presse le bras de fer entre l’État et les syndicats des magistrats et des greffiers. «Tout s’arrange avec le dialogue», a déclaré le garde des sceaux pour conclure son échange avec les journalistes.

La recherche de consensus déjà engagé concerne la grève du syndicat des greffiers. Un mouvement qui contribue à densifier celui du SMM, concrétisant l’arrêt de toute activité au sein de toutes les juridictions de la Grande île. Une rencontre s’est tenue, hier, à la primature. Aucun accord pour débloquer la situation n’aurait été trouvée.

Effleuré

«Nous maintenons nos revendications et ne cesserons la grève que lorsque nous obtiendrons satisfaction», a déclaré Haja Andriambololona, président syndicat des greffiers, joint au téléphone, hier. Questionné sur la crise que traverse le monde de la Justice, hier, en marge d’un événement au Centre de conférence internationale (CCI) d’Ivato, Hery Rajao¬narimampianina, président de la République, a indiqué qu’il appartient à tous de trouver une solution ensemble et non pas aux seuls tenants du pouvoir.

Dans une brève réponse, le chef de l’État a utilisé un proverbe qui traduit librement s’entend, «l’on ne peut pas donner à nos enfants ce que l’on n’a pas». À entendre les mots du locataire d’Iavoloha et du ministre de la Justice, l’État s’attèle, pour l’heure, à solutionner les revendications pécuniaires et de carrière des greffiers. Ceci, probablement, parce que les auxiliaires de Justice tiennent une grève illimitée.

Le mouvement du SMM qui milite pour la conquête de l’indépendance de la Justice a juste été effleuré par le garde des sceaux, lorsque le président de la République n’y a pas directement fait référence. «Le mouvement des magistrats ne dure que deux jours», a rappelé le ministre Andriamiseza. Il a ajouté qu’il avait invité le SMM à une rencontre. «Person¬nellement, je n’ai pas encore eu vent de cette invitation», a répliqué le magistrat Clément Jaona, vice-président du Syndicat, au téléphone, hier.

Face aux exemples récents d’ingérences et immixtions dans les procédures judiciaires, notamment les faits d’Ampanihy, la semaine dernière, impliquant un sénateur, le garde des sceaux a dédramatisé le sujet. «Ce n’est pas parce qu’une personne a mal agi qu’il faut généraliser la situation. Il faudrait penser à la population», a-t-il lancé. Selon le vice-président Clément Jaona, le SMM maintient, cependant, ses préalables.

Le SMM ne serait pas hermétique au dialogue. Seulement, le Syndicat veut une preuve de l’attachement des responsables étatiques à l’indépendance de la Justice et au respect de son autorité. «En tant qu’Exécutif, ils doivent commencer par exécuter les décisions de la Justice. Là, nous verrons la position à adopter», a souligné Clément Jaona. Parmi les préalables revendiqués par le SMM, il y a l’application de la procédure légale étant donné que les quarante-cinq jours légaux autorisant l’hospitalisation de la prévenue Claudine Razaimamonjy sont épuisés.

«La poursuite», du sénateur Riana Andriaman¬davy VII, suite à une plainte du SMM, est aussi exigée, ainsi que la reprise du procès du dossier Michel Rehavana. L’audience a été reportée sine-die, vu qu’un seul accusé sur trente-neuf était présent. «Nous avons fait des interpellations, tenu un sit-in, sans succès», a déploré le magistrat Clément Jaona. En cas de statu quo, le SMM pourrait tenir une assemblée générale, la semaine prochaine, pour décider de la suite à donner à son mouvement.

Source: L'express Madagascar