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[Vidéo] Université du troisième âge: l’apprentissage au-delà du temps

10 juin 2017, 22:03

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[Vidéo] Université du troisième âge: l’apprentissage au-delà du temps

Au centre social de Phœnix, ça jase, ça cogite dans les rangs et ça trépigne d’impatience. Une vingtaine de personnes s’installent à une table et scrutent le tableau. À l’aide d’un projecteur, Ridwan Dilmahomed, chargé de cour, décortique le fonctionnement du bureau sur l’ordinateur. Captivés, ses étudiants, scrutent chaque détail (photo). L’enseignant répète les manœuvres pour que le groupe assimile. Car il s’agit d’une classe intégralement composée de seniors. À l’exemple de Ghislaine Précieux, 82 ans, ancienne maîtresse d’école qui voulait prolonger son apprentissage en s’inscrivant à cette université. «Il n’y a pas d’âge pour apprendre. J’ai travaillé pendant trente ans dans l’enseignement puis quatre ans dans l’administration. L’informatique m’intéresse et m’aidera à préparer des documents pour les jeunes.»

Les propos de cette résidente de Roches-Brunes sont rejoints par ceux de Lucien Ecumoir, 70 ans. Cet habitant de Moka compte plus de trente ans dans la comptabilité. Ce cours a suscité son intérêt, fort de l’évolution technologique de la société. Maryse Zuffour, 67 ans, élève de Belle-Rose, a conjugué ses passions à l’académique. «Je prenais des cours de natation à Quatre-Bornes et j’ai entendu parler de cette institution pour le troisième âge. Je m’y suis inscrite depuis septembre 2016. C’est une bonne chose quand on est à la retraite. C’est très intéressant car avec ces cours, les élèves de l’université bénéficient de conseils des moniteurs. Ils vont nous corriger et nous aider dans nos mouvements.»

L’établissement a été fondé en 2013 sur une initiative d’Armoogum Parsuramen, président de la Global Rainbow Foundation. Selon Marie Hermenne Félicité, viceprésidente et coordinatrice de l’université, environ 500 personnes du troisième âge sont actives au sein des formations. Plus de 25 cours sont proposés. Ils sont répartis en quatre segments : bien-être, adaptation à la technologie, musique et arts et sciences sociales. Parmi ces disciplines, on trouve des cours de sport comme du yoga, la natation, la zumba, le tai chi, la danse de salon, l’art culinaire, la philosophie, la psychologie, l’histoire de Maurice, la gestion des émotions l’initiation au violon, à la guitare, les langues comme l’anglais, le français, l’hindi, l’allemand, l’italien. Un conservatoire vient d’être créé et le modelage est fraîchement lancé. L’université dispensera également des cours de droit bientôt.

Pour s’inscrire, il suffit d’être âgé d’au moins 55 ans. Alors que le siège de l’université se situe à Petit-Raffray, les formations sont dispensées dans plusieurs régions, notamment à Beau-Bassin, Belle-Rose, Coromandel, Curepipe, Goodlands, La Tour Koenig, Phœnix, Rivière-du-Rempart, Rose-Belle.

Que cherchent les seniors en reprenant le chemin de l’école ? «Ils veulent s’occuper, apprendre quelque chose et ne pas rester oisifs. Plusieurs d’entre eux n’ont pas eu le temps d’étudier car il fallait d’abord prendre soin de la famille», affirme Marie Hermenne Félicité, surnommée Rose. «Chaque cours dure 1 h 30. Cela demande de la patience. Parfois, il faut expliquer deux à trois fois pour s’assurer que les élèves puissent acquérir les connaissances de base comme les applications, le traitement de texte en Word, le courriel, l’Internet. Nous adaptons le programme à leurs besoins», explique Ridwan Dilmahomed, professeur d’informatique, directeur de projet et psychologue à la Global Rainbow Foundation.

Comme lui, Sylvio Armandine est professeur mais de musique. Il enseigne le violon et la guitare après une longue carrière musicale en milieu scolaire. «Au départ, il n’y avait qu’une quinzaine d’élèves. Aujourd’hui, ils sont une cinquantaine. On a même créé une chorale. Les élèves sont fiers d’apprendre non seulement la pratique mais aussi la théorie avec un autre collègue qui fait du solfège.» Parallèlement, il est étudiant de l’université. Il s’adonne aux cours d’informatique et de tai chi.

Le bonheur est encore plus grand à la fin des sessions de cours. Car les seniors participent alors à leur cérémonie de remise de certificats. Ils se rendent ainsi à l’auditorium Octave Wiehé à l’Université de Maurice, accompagnés de leurs enfants et petits-enfants pour être diplômés. La fierté est alors de mise pour ces personnes âgées qui démontrent que le temps n’est nullement un frein à la connaissance.