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Mehtab Aly: une professionnelle qui aime être aux commandes

10 juin 2017, 15:34

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Mehtab Aly: une professionnelle qui aime être aux commandes

Pour un changement radical, cela en est un. Quitter PricewaterhouseCoopers (PwC), où elle gérait le portefeuille de Corporate Finance, qui chapeaute, entre autres, le service de fusions-acquisitions de cette boîte, pour ne s’occuper que des fusions-acquisitions au sein de la Mauritius Union (MU), c’est être un peu le poisson qui quitte l’océan pour se retrouver dans un bocal, aussi confortable soit-il.

Si Mehtab Aly reconnaît que ses nouvelles responsabilités sont plus restreintes que celles qu’elle occupait à PwC, elle a une vision plus large des choses et calquée sur celle de son nouveau Chief Executive Officer (CEO), Bertrand Casteres. Elle lorgne du côté de la consolidation des filiales africaines de la MU. «Mon ambition est de consolider la position de MU dans ces pays. Et, pourquoi pas, faire notre entrée dans d’autres pays d’Afrique», dit cette professionnelle au sourire franc et contagieux.

Cette mère de deux fils, âgés de 17 et 11 ans, est originaire de Port-Louis. En grandissant, elle se distingue en économie puisqu’elle se classe première à Maurice à l’examen final de la Form V. Et c’est cette matière, de même que la comptabilité et les mathématiques qu’elle étudie en Form VI.

Elle se classe troisième, soit première après les lauréats de la bourse d’État, et se voit offrir deux bourses d’études, une française et l’autre australienne. Intéressée par le vieux continent, elle choisit la bourse française et intègre l’université de Bordeaux. Elle y suit des cours menant au diplôme d’études universitaires générales en économie. Chaque année, lors de ses vacances à Maurice, elle effectue un stage dans une entreprise différente, histoire de voir comment les concepts s’appliquent et pour gagner en maturité.

Après son diplôme, Mehtab Aly reste à Bordeaux et embraye avec une maîtrise en science de gestion. Elle regagne Maurice en 1996 et obtient un emploi chez De Chazal Du Mée dans le département Marketing and Economic Studies. Elle travaille sous l’égide de l’économiste Pierre Dinan.

Après quatre ans, elle se laisse débaucher comme deuxième Manager par Taylor Nelson SOFRES (TNS), qui ouvre sa filiale à Maurice. Elle travaille avec Lindsay Rivière pour réaliser des sondages politiques, d’autres sur la satisfaction des consommateurs, de même que des baromètres pour les médias. Elle s’éclate pendant trois ans. Mais comme Maurice est un petit marché, elle se lasse du côté répétitif des choses. Lorsqu’elle évoque un possible départ avec Lindsay Rivière, il lui conseille de se tourner vers PwC, qui chapeaute la TNS. Après une rencontre avec feu Robert Bigaignon, le CEO de PwC, elle est embauchée en tant que Knowledge and Business Development Manager.

«J’ai voulu être dans le driving seat jusqu’au bout»

Bien que Robert Bigaignon ait disparu, Mehtab Aly parle de lui au présent. «C’est un professionnel extraordinaire qui laisse énormément de liberté et de flexibilité à ses collaborateurs. Il ne dit pas ce qu’il faut faire. Il parle de sa mission et de sa vision et vous laisse lui faire une proposition. C’est vrai que je parle de lui au présent. Je crois que j’ai encore du mal à réaliser qu’il n’est plus.»

PwC organise annuellement le concours des Best Published Accounts et pour la 10e édition, Robert Bigaignon lui demande de proposer un projet nouveau. Elle vient avec l’idée de la publication d’un rapport sur les Reporting Gaps, soit l’identification des différences entre les besoins des utilisateurs des rapports annuels et leurs producteurs. Ceci, afin de permettre aux compagnies listées en Bourse d’améliorer leur communication et ainsi mieux répondre aux attentes des utilisateurs. Un projet qui passe la rampe. Elle entreprend alors d’autres projets comme la publication du Doing Business Guide.

Les années qui suivent sont «très créatives» pour elle. Elle est aussi cooptée dans les consultations entre Robert Bigaignon et les entreprises mauriciennes. Persuadée que c’est l’homme qui fait le poste qu’il occupe, Mehtab Aly envisage de chercher ailleurs lorsque Robert Bigaignon se retire en 2006. Ce dernier lui conseille toutefois de rester et la met en contact avec André Bonieux, qui dirige alors le département de Corporate Finance et qui va passer Senior Partner à PwC. Après discussions avec ce dernier, Mehtab Aly intègre le département de Corporate Finance comme Manager.

Les dix années qui suivent sont grandement consacrées à l’apprentissage et l’application de concepts appris durant ses années universitaires. «Il fallait apprendre vite et bien.» Elle s’occupe notamment des fusions-acquisitions et travaille aussi comme consultante pour plusieurs entreprises, notamment pour la MU, qui vient de racheter à l’époque La Prudence Mauricienne. Elle finit par ressentir une certaine frustration car elle suit une société, donne des conseils, mais n’a ensuite plus de contrôle sur le résultat final. «On lâche le bébé à quelqu’un d’autre et, parfois, on fait appel à nous en cas de difficulté. Ce sentiment me trottait dans la tête depuis quelque temps. À un moment, j’ai voulu être dans le driving seat jusqu’au bout.»

Ce qui explique qu’elle ait accepté la proposition de Bertrand Casteres de l’embaucher comme Head of Mergers & Acquisitions. Le CEO de la MU, qui a des filiales en Ouganda, en Tanzanie, au Kenya et au Rwanda, a une vision pour celles-ci. Ainsi, depuis novembre que Mehtab Aly est dans la place, le management a déjà initié un Reporting Matriciel via un transfert de savoirs interne afin de faire des économies d’échelle. «Au Kenya et en Ouganda, par exemple, les règles de solvabilité sont mises en place actuellement. Nous les avons depuis des années. Nos cadres peuvent les aider pour l’application. Il en va de même pour nos cadres occupant des postes clés de toute compagnie d’assurance.»

Presque tous les mois, Mehtab Aly voyage dans ces pays pour voir comment consolider ces filiales par ce biais ou par celui de fusions avec d’autres compagnies souhaitant une recapitalisation. Mais son regard ne s’arrête pas à ces pays. À l’avenir, d’autres déplacements l’attendent. Heureusement que son mari, enseignant, a des horaires souples et peut encadrer leurs fils. Skype fait ensuite le reste.