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[Vidéo] Drame à GRSE- Pravin et Gaytree Mungur: «Nou soufer boukou…»

8 juin 2017, 15:26

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[Vidéo] Drame à GRSE- Pravin et Gaytree Mungur: «Nou soufer boukou…»

Il y un an, la pirogue «Luv», à bord duquel se trouvaient une quinzaine de personnes, la plupart des policiers, chavirait à l’embouchure de Grande-Rivière-Sud-Est. Quatre personnes, dont deux enfants en bas âge, y ont laissé la vie. Parmi, Nitesh Mungur et son fils de sept mois, Lovish. «Bonzour!» a rencontré les parents du policier à leur domicile.

«Mo soufer boukou…» Accroupi sur son canapé, Pravin Mungur regarde dans le vide, le visage fermé. Cela fait un an que son fils et son petit-fils ont péri noyés, lorsque le Luv, à bord duquel ils se trouvaient, a chaviré, à l’embouchure de Grande-Rivière-Sud-Est (GRSE). Ce sont des parents meurtris qui nous ont accueillis à leur domicile, à Tagore Lane, Lallmatie. La douleur est loin de s’être effacée. Ce 8 juin 2016 fatidique, Pravin et Gaytree Mungur ne l’oublieront jamais. Ils ont reçu un appel de leur belle-fille, Lovena Mungur, aux alentours de 19 heures. «Li ti pé ploré boukou. Linn dir nou priyé, bato inn déviré. Pa pé trouv bébé ek Nitesh…» raconte Gaytree.

Pravin et Gaytree Mungur ne savaient pas que leur fils aîné, l’épouse de celui-ci ainsi que leurs deux enfants avaient prévu une sortie à l’Île-aux-Cerfs. Désemparé, le couple se rend à l’hôpital. «Apré inpé létan, zot inn amenn mo ti baba. Li ti ankor pé respiré mé apré…» Submergé par l’émotion, Pravin Mungur interrompt son récit. Son regard se tourne vers l’une des photos accrochées au mur. Il s’agit de Lovish, très souriant et qui, à sept mois, faisait le bonheur de la famille. Ce jour-là, selon les dires de ses grands-parents, il était d’humeur joueuse. D’autres photos du petit et de son père ornent chaque coin et recoin de la pièce.

«J'ai perdu l’un de mes bras»

«J’ai attendu plusieurs heures. J’ai fait les cent pas toute la nuit. Au fil des heures, j’ai su que la mer avait emporté Nitesh.» Pravin Mungur explique que c’est le lendemain, vers 11 heures, qu’on lui a appris que le corps de son fils avait été retrouvé. «Je ne l’ai pas vu car on l’avait emporté directement à l’hôpital pour l’autopsie. Puis, c’est tout», dit-il d’une voix tremblotante. À nouveau, un silence empreint de douleur envahie la pièce.

Pravin et Gaytree Mungur tentent tant bien que mal d’avancer, surtout pour le benjamin de la famille, Pawan. «Nitesh était mon bras droit et Pawan est mon bras gauche, dit-il en nous montrant une photo des deux frères prise l’année dernière. J’ai perdu l’un de mes bras. Cet accident a détruit ma famille.»

Gaytree, qui peine aussi à refouler ses larmes, raconte que les deux frères célébraient chaque année leurs anniversaires ensemble, bien que quatre ans les séparaient. «L’un est né un 8 avril et l’autre le lendemain. Cette année, c’était difficile avec l’absence de Nitesh

À un moment donné, elle s’empresse d’aller vers sa chambre et revient avec deux autres cadres photo. L’une est celle de Nishika, sa petite-fille, et l’autre une photo de Nitesh Mungur, prise alors qu’il était encore enfant. «Regardez, ils se ressemblent comme deux gouttes d’eau. Je vois mon fils en elle», dit-elle fièrement.

Le couple Mungur tient à remercier les pêcheurs qui ont agi rapidement après que la pirogue Luv a chaviré. «Grâce à eux, ma belle-fille et ma petite-fille s’en sont sorties», dit Pravin, reconnaissant. Mais il n’oublie pas le fait que des critiques ont fusé à l’égard de son fils après le drame. Cette fois, le ton de sa voix devient plus grave. «Plizir dimounn finn kritik mo garson. Zot dir linn bwar linn fer bal lor bato. Je sais que ce ne sont que des faussetés. Sa bann kozé-la pa pou fer mo garson ek mo ti baba retourné

Désormais, les parents attendent les conclusions du rapport de l’enquête judiciaire initiée dans le cadre de cette affaire. «Je ne sais pas pourquoi cela prend autant de temps. On a le droit de savoir ce qui s’est passé.»

Le skipper : «Les souvenirs sont pénibles»

<p><em>&laquo;J&rsquo;essaie d&rsquo;oublier. La vie continue.&raquo;</em> <a href="https://www.lexpress.mu/article/285374/enquete-sur-drame-grse-si-tou-dimounn-ti-asize-bato-pa-ti-pu-savire" target="_blank">Louis Hayward Marie</a> avait été arrêté dans le sillage du drame de GRSE et son permisde skipper avait été suspendu pendant plus de deux mois. Mais depuis que les charges provisoires qui pesaient sur lui ont été rayées, le quinquagénaire tente de reprendre le cours de sa vie.</p>

<figure class="image"><img alt="" height="330" src="/sites/lexpress/files/images/grse_t.jpg" width="620" />
	<figcaption></figcaption>
</figure>

<p><em>&laquo;Souvent les clients, par curiosité, me demandent d&rsquo;indiquer l&rsquo;endroit où la pirogue avait chaviré mais je change de sujet. Les souvenirs sont tellement pénibles&raquo;</em>, confie le quinquagénaire.</p>

<p>Il souhaite que les conclusions du rapport de la magistrate Navina Parsuramen, qui a présidé l&rsquo;enquête judiciaire, ne soient pas <em>&laquo;négatives&raquo;</em>, ni envers lui ni envers les policiers. <em>&laquo;L&rsquo;accident s&rsquo;est produit en une fraction de seconde. Personne ne voulait que les événements se déroulent ainsi. Je n&rsquo;ai jamais rencontré ce genre de problème en douze ans de carrière.&raquo;</em></p>

<p>Le skipper dit espérer que les familles puissent avancer dans la vie sans lui en tenir rigueur. <em>&laquo;Je leur demande de prendre courage. J&rsquo;aurais pu y laisser la vie aussi mais Dieu en a voulu autrement.&raquo;</em></p>

<p>Louis Hayward Marie ajoute que malgré l&rsquo;accident, les clients refusent toujours de porter les gilets de sauvetage. <em>&laquo;C&rsquo;est notre devoir de skipper de leur montrer où sont les gilets mais je ne suis pas en mesure de les forcer à en porter.&raquo;</em></p>

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