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Danil Ismaël: «Mon fils était encagoulé en permanence»

8 juin 2017, 01:28

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Danil Ismaël: «Mon fils était encagoulé en permanence»

Kidnappé le 14 mai, Yanish Ismaël a été relâché lundi soir, à Madagascar. Danil Ismael revient avec émotions sur ces semaines cauchemardesques et éprouvantes.

Il a été libéré après 22 jours de captivité. Yanish Ismaël, 26 ans, a finalement pu rejoindre sa famille, lundi soir. Son père, Danil Ismaël, revient sur ces trois semaines éprouvantes qu’a passées sa famille, et les retrouvailles avec son fils. Un calvaire qu’il ne souhaite à personne. «Mon fils était enfermé dans une petite chambre. Il n’a pas vu la lumière du jour pendant 22 jours», raconte Danil Ismaël. Cet homme d’affaires est l’un des investisseurs malgaches les plus importants à Maurice et est propriétaire du Trianon Shopping Park. Le père raconte que Yanish était ligoté et encagoulé en permanence. La cagoule était enlevée uniquement lorsqu’il se rendait aux toilettes et pour manger. En parlant, sa voix lourde d’émotions commence à trembler et il ne souhaite pas s’étendre sur les conditions de captivité de son fils. Mais ce père, qui se remet toujours de la pression constante de ces trois semaines écoulées, ne cesse de répéter qu’il ne souhaite ce calvaire à personne. «Ne pas avoir de nouvelles de son fils, ne pas savoir ce qui peut se passer à n’importe quel moment est juste invivable», dit-il. Mais tous ont survécu grâce à la prière constante et à une foi inébranlable. 

Pendant ces 22 jours, Danil a pu parler à son fils à deux reprises. Mais ce n’était pas par bonté de cœur que les ravisseurs ont autorisé ces brèves conversations. Selon Danil, à chaque fois, il avait droit aux pleurs de son fils. C’était fait exprès. «Ils m’ont laissé lui parler pour faire pression sur moi. À chaque fois que je l’entendais, j’allais encore plus mal», relate Danil. Pour la liberté de son fils, il a fini par payer la rançon, comme l’aurait fait tout parent face à cette situation. Si au début la somme demandée était un million d’euros, Danil fait comprendre qu’il y a eu des négociations et que la somme payée n’était pas celle imposée au début, mais il n’a pas voulu en dire plus. Yanish a retrouvé sa famille lundi soir. La police n’avait pas été mise au courant. À sa libération, le jeune homme se portait bien. «Au début, il avait été brutalisé par ses ravisseurs mais maintenant, il se porte physiquement bien. Tout le monde essaie de lui faire oublier ce moment, et ce n’est pas chose facile. L’heure est à la gestion de l’après», dit le père de Yanish. 

Ce que Danil ne comprend pas, c’est pourquoi son fils? Sa famille est l’un des plus grands mécènes sur la Grande île et aussi la plus active sur le plan social. Constructions d’hôpitaux, réhabilitation de centres de santé en passant par les collectes de denrées et autres biens matériels pour la distribution… Danil est aussi très actif au sein de l’association des Médecins de l’océan Indien. Il fait deux missions sanitaires par an et ce, depuis 25 ans. De plus, il est aussi parrain de l’école d’agronomie. «Je fais tout cela, mais je ne suis pas en sécurité. Ce qui le pousse à la réflexion», dit l’homme d’affaires. En ce moment, il est en train de réfléchir sur le futur de sa famille. Mais il est le seul à se poser des questions. Les autres membres ont déjà exprimé leur souhait de quitter Madagascar pour s’installer ailleurs, probablement à Maurice. «Aujourd’hui, c’était mon fils de 26 ans. Demain, ce sera peut-être une femme, ou un enfant», dit-il. Car les ravisseurs sont prêts à tout. La manière dont Yanish a été enlevé est la preuve.

Danil se souvient toujours du soir où il a appris le kidnapping de son fils, le 14 mai. Il a reçu un appel de son fils aîné qui lui a appris la nouvelle. L’expérience a été tellement traumatisante que l’heure est désormais imprimée dans sa mémoire. 10 h 50. «Vous connaissez l’expression ‘Le ciel vous tombe sur la tête’? C’est exactement ce que j’ai vécu», soutient ce père de famille. Ce qui l’a le plus angoissé pendant ces 22 jours, c’est que les agresseurs avaient l’air déterminés et prêts à tout. Yanish avait été enlevé en pleine journée, devant 150 personnes, alors qu’il rendait hommage à ses grands-parents au cimetière, comme c’est la tradition à Madagascar. Il s’y rendait au moins un dimanche par mois. Lors du rapt, les ravisseurs ont tiré sur un policier qui est décédé par la suite . «Ces gens-là n’ont peur de rien. Tout était possible avec eux.» Pendant 22 jours, la famille Ismaël a vécu avec cette épée de Damoclès sur la tête. Ce kidnapping, relate-t-il, était uniquement pour une demande de rançon.

 

Situation hors de contrôle

<p>Vasta, un ami de Danil Ismaël, l&rsquo;a accompagné pendant cette période noire. Cet ami de la famille estime que la situation devient de plus en plus hors de contrôle à Madagascar. <em>&laquo;La question que tout le monde se pose maintenant est qui sera le 92e kidnappé. Il y a même des Mauriciens qui figurent sur cette liste&raquo;</em>, fustige-t-il. L&rsquo;homme d&rsquo;affaires avait d&rsquo;autant plus peur pour Yanish car, il y a deux ans, le cousin de ce dernier, Alek Owne, avait aussi été enlevé. Depuis, la famille n&rsquo;a plus eu de nouvelles du jeune homme. À l&rsquo;heure actuelle, ses proches se sont résignés. Alek est probablement décédé, mais son corps n&rsquo;a pas été retrouvé.</p>