Publicité

SBM: «L’ingérence politique» refroidit les investisseurs

7 juin 2017, 23:28

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

SBM: «L’ingérence politique» refroidit les investisseurs

La perception d’ingérence politique fait sourciller les investisseurs étrangers à la SBM, selon des analystes financiers.

La création par la State Bank of Mauritius (SBM) de la SBM Mauritius Infrastructure Development Company (SBM-MIDC), filiale créée le 23 mai, soit deux jours avant le départ du Premier ministre en Inde, pour gérer le financement de projets publics avec des fonds octroyés par le gouvernement indien via l’Exim Bank, a fait naître des réserves et des questions chez les courtiers en Bourse. 

Cette annonce, disent les courtiers, vient remettre sur le tapis la question d’ingérence gouvernementale possible et ébranle à nouveau la confiance que les investisseurs ont en la SBM. Frileux, soucieux de l’impact politique de leurs commentaires, la plupart des courtiers et analystes financiers contactés ne s’expriment que sous couvert du «off». Leurs commentaires sont néanmoins sévères. 

Un analyste financier ne mâche pas ses mots. Selon lui, cette démarche donne l’impression que la SBM est devenue une «filiale du gouvernement». Or, rappelle-t-il, la SBM «est une société publique, cotée sur la Bourse de Maurice dont l’actionnariat comprend le grand public et des étrangers». Ces étrangers sont, dit-il, «très sensibles à la bonne gouvernance». 

Or, la création de la SBM-MIDC soulève, chez cet autre courtier, une liste de questions portant en premier lieu sur la gouvernance: «Comment la banque s’apprête-t-elle à gérer la trésorerie du fonds quand les projets financés seront mis à exécution? Comment seront gérés les risques associés à ces projets? Quel a été le rôle du conseil d’administration dans la validation de la création de la nouvelle entité?» Des questions restées pour l’heure sans réponses. 

Les courtiers se désolent de cette situation, d’autant plus que le titre SBM, fortement déprimé depuis 2015, avait amorcé une reprise de 4 % depuis le début de 2017. Pas assez pour rattraper les baisses précédentes. Un investisseur qui aurait en janvier 2015 investi Rs 100 dans la SBM et le même montant dans la MCB aurait vu son capital chuter en avril 2017 à Rs 72,55 pour la SBM alors que le capital investi dans la MCB aurait monté à Rs 125,41. 

Les pressions baissières sur la SBM sont venues en premier lieu d’investisseurs étrangers qui ont choisi de vendre. «Ces récents mouvements de vente des étrangers pourraient s’inscrire dans une tendance mondiale de désinvestissement des marchés émergents. Une tendance qui a affecté la Bourse de Maurice dans son ensemble», explique un courtier, qui relève toutefois que les chiffres sont plus prononcés pour la SBM. Faisant la comparaison avec l’autre titre bancaire, la MCB, Bhavik Desai, Head of Research d’AXYS Stockbroking, avance que, depuis le début de 2017, la SBM a enregistré des ventes nettes d’étrangers de l’ordre de Rs 300 millions, contre des achats nets de Rs 415 millions pour la MCB. 

Ce qui fait le succès de la MCB, selon un conseiller en investissement, c’est sa visibilité sur les marchés extérieurs, à l’instar de la MSCI Frontier Markets Index. La MCB entretient également, selon notre interlocuteur, une meilleure communication avec les investisseurs étrangers. 

Certains courtiers estiment que ces nouvelles interrogations sur la gouvernance de la SBM rendent la démarche de recommander ce titre à leurs clients plus délicate. Et ce, même si, selon leurs analyses, le titre aurait encore du potentiel. D’ailleurs, AXYS Stockbroking évalue la valeur intrinsèque (fair value) de la SBM à Rs 8,57 (contre Rs 7,28 hier), ce qui représenterait un potentiel de hausse de 13 %. Le courtier maintient donc sa recommandation d’achat.