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Rapport kroll: Álvaro Sobrinho serait bien noté en Angola mais pas ailleurs

7 juin 2017, 20:40

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Rapport kroll: Álvaro Sobrinho serait bien noté en Angola mais pas ailleurs

Le rapport final de Kroll sur Álvaro Sobrinho et ses diverses compagnies, daté du 21 avril 2017 (code : Projet ARJAN), laisse son lecteur un peu sur sa faim. Et il tombe au moment où la Financial Services Commission (FSC) a décidé d’enlever les restrictions qui pesaient sur quatre compagnies offshore de Sobrinho…

Commandité par la FSC, le rapport Kroll est largement basé sur des articles de presse, quelques conversations intéressantes en Angola et ailleurs, et apporte relativement peu d’éléments nouveaux. Notamment sur les enquêtes en cours au Portugal et en Suisse.

L’impression principale se dégageant de ce rapport est l’affirmation qu’Álvaro Sobrinho est très bien coté en Angola, étant même, dit-on, «protégé» par les autorités angolaises et l’establishment politique en place du fait qu’il était perçu comme avoir été le «personal banker» du parti au pouvoir (NdlR, le MPLA du président Dos Santos) alors qu’il dirigeait la Banco Espirito Santo Angola (BESA) entre 2002 et 2012.

En conséquence, les sources angolaises de Kroll rapportent qu’il est très improbable que les autorités de l’Angola poursuivent ou réactivent des procédures légales contre Sobrinho (il n’y en a aucune actuellement en Angola), suggérant, de plus, qu’il n’y aura aucune coopération entre autorités angolaises et portugaises pour «criminaliser» Sobrinho et que «no evidence against Sobrinho would be passed from Angola to Portugal».

 

Par contre, pour illustrer le contraste saisissant entre l’image de Sobrinho en Angola et ailleurs, Kroll rapporte le point de vue d’un banquier panafricain qui suggère que Sobrinho est «persona non grata» dans sa banque et celui d’un autre qui spécifie qu’à son avis, Sobrinho trouvera beaucoup de réticence à opérer des transactions dans des banques européennes.

De l’avis général, Sobrinho et ses associés auront à attendre que les cas portugais, notamment celui sur le procureur public Orlando Figueira, soupçonné d’avoir arrêté les poursuites (y compris dans des cas concernant Sobrinho), après avoir été corrompu pour 1 million d’euros environ, soient finalisés. Ces mêmes banquiers anonymes déclaraient de plus qu’ils ne pensent pas que Sobrinho a assez d’influence pour peser sur le cours de cette enquête.

Le rapport Kroll, faisant référence à la faillite de la BESA, elle-même au moins partiellement responsable de la chute de sa maison mère au Portugal, Banco Espirito Santo (BES), souligne que les activités de Sobrinho sont sous la lorgnette de la justice portugaise depuis 2010 et que la dernière procédure est datée de 2014, en conséquence de laquelle 20 propriétés de Sobrinho et de sa famille ont été saisies à Lisbonne, Estoril, Porto et Marco de Canaveses.

Malversations

Cela fait la quatrième fois que ces propriétés sont saisies, la cour d’appel de Lisbonne ayant annulé les trois saisies précédentes. Les avocats de Sobrinho font une fois encore appel contre la dernière saisie, qui tient toujours. Pour cette dernière enquête, Sobrinho, selon un rapport d’audit interne finalisé après qu’il eut quitté la BESA, est soupçonné de malversations de 126,3 millions d’euros, dont 88,1 millions d’euros seraient arrivés dans des comptes de compagnies offshore contrôlées par lui-même.

Les enquêtes portugaises ne sont pas faciles à diligenter sans la coopération des autorités angolaises où Sobrinho est protégé. Cependant, les enquêtes sur la faillite de la maison mère de la BESA font indépendamment remonter des informations, notamment à travers Ricardo Espirito Santo Silva Salgado, l’ancien directeur général du groupe BES, avec qui Sobrinho n’est plus en bons termes.

D’autre part, en Suisse, le journal en ligne SwissInfo a rapporté, en avril 2017, la saisie de 160 millions de francs suisses (Rs 5,6 milliards) connectés avec la faillite de la BES en 2014. Et l’Attorney General suisse, Michael Lauber, enquête sur Sobrinho et sa famille comme ayant, est-il allégué, bénéficié de cette faillite – ce qui est nié par les avocats de Sobrinho.

En outre, une enquête diligentée par la Securities Market Commission, en collaboration avec la banque centrale du Portugal, est en cours sur les multiples investissements de Sobrinho dans ce pays. En conclusion (page 13), Kroll cite ses sources qui constatent que «the nature of the subject’s reputations is sufficient to create perceived risk for counterparties considering engagement with them outside of the country».

Manifestement, la FSC n’a pas la même opinion ayant, hier, publié un communiqué pour discontinuer sa décision du 2 mars 2017. Laquelle décision demandait à quatre compagnies offshore de Sobrinho de ne pas commencer leurs opérations. Une seule condition est imposée après avoir enlevé cette interdiction d’opérer : aucune levée de fonds ne sera permise à Maurice.

Un autre Sobrinho au Brésil

<p>José Batista Sobrinho a commencé à faire sa fortune vers 1957, en fournissant de la viande aux ouvriers qui construisaient Brasilia. Après de multiples acquisitions, tant au Brésil qu&rsquo;à l&rsquo;étranger, sa compagnie JBS est aujourd&rsquo;hui le plus gros exportateur de bœuf du monde, selon &laquo;Reuters&raquo;.</p>

<p>Selon &laquo;The Economist&raquo;, en parallèle d&rsquo;acheter des rivaux, JBS achetait aussi des politiciens. Pour les élections de 2014, elle alignait 400 millions de reals (Rs 6,5 milliards), plus que n&rsquo;importe quelle autre compagnie brésilienne, contribuant ainsi à l&rsquo;élection du tiers du congrès actuel.</p>

<p>Poursuivis sous diverses charges, les fils Sobrinho, Joesley et Wesley, maintenant en selle à JBS, ont récemment négocié leur immunité totale contre le paiement de quelques pénalités (qui ne les mettent pas sur la paille) et des preuves de la corruptibilité de politiciens divers, dont apparemment le président Temer lui-même.</p>