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Trump accuse à son tour le Qatar de soutenir les extrémistes

6 juin 2017, 21:32

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Trump accuse à son tour le Qatar de soutenir les extrémistes

Le président américain Donald Trump a accusé mardi le Qatar, pourtant allié des Etats-Unis, de financer les extrémistes, prenant fait et cause pour l'Arabie saoudite et des pays amis qui ont rompu avec ce riche émirat du Golfe.

Sur Twitter, M. Trump a écrit que l'isolement du Qatar marquera «peut-être le début de la fin de l'horreur du terrorisme», indiquant que «tous les éléments pointent vers le Qatar» dans le financement de l'extrémisme religieux.

Allié de longue date des Etats-Unis, le Qatar abrite la plus grande base aérienne américaine dans la région, siège du commandement militaire chargé du Moyen-Orient.

La base d'Al-Udeid est cruciale pour la lutte contre le groupe jihadiste Etat islamique (EI) en Syrie et Irak, menée par une coalition internationale dirigée par Washington et dont fait partie Doha.

Le Pentagone a toutefois assuré que les opérations militaires américaines au Qatar n'étaient «pas affectées» par la crise.  «Au niveau des opérations militaires, il n'y a pas eu d'impact», a déclaré le porte-parole du Pentagone Jeff Davis. 

Face à cette crise inédite, le Koweït a entrepris une médiation et l'émir Sabah Al-Ahmad Al-Sabah est arrivé à Jeddah, dans l'ouest saoudien, pour rencontrer le roi Salmane.

L'Arabie saoudite, Bahreïn, les Emirats arabes unis, l'Egypte et le Yémen avaient annoncé lundi rompre toute relation avec le Qatar, accusé de «soutenir le terrorisme», une décision qui a eu l'effet d'un séisme dans la région.

S'y ajoutent une suspension de vols aériens, des mesures économiques comme la fermeture des frontières terrestres et maritimes avec le Qatar ainsi que des interdictions de survol aux compagnies qataries et des restrictions aux déplacements des personnes.

'Pas d'escalade'

Dès lundi, l'émir du Koweït avait reçu un conseiller du roi Salmane et appelé l'émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani, pour l'inviter à la «retenue».

Le Qatar a ensuite donné l'impression de chercher une issue à la crise, en appelant à un «dialogue ouvert et honnête».

S'exprimant sur la télévision Al Jazeera, le chef de la diplomatie qatarie, cheikh Mohamed ben Abderrahmane Al-Thani, a assuré qu'il n'y aurait «pas d'escalade» de la part de son pays et répété à l'occasion le caractère «stratégique» des relations avec les Etats-Unis.

Cette chaîne basée au Qatar a dénoncé, dans un communiqué, la fermeture, annoncée lundi par les autorités saoudiennes de son bureau à Ryad, y voyant une mesure «injustifiée».

Des pays comme la Turquie essaient aussi de jouer les médiateurs dans la crise, la plus grave depuis la naissance en 1981 du Conseil de coopération du Golfe (CCG - Arabie saoudite, Bahreïn, Emirats arabes unis, Qatar, Koweït, Oman).

Le souverain saoudien a reçu un appel du président turc Recep Tayyip Erdogan qui selon son porte-parole, a entrepris «des efforts diplomatiques».

Alliés à la fois de Ryad et de Doha, les Etats-Unis avaient invité dès lundi les pays du Golfe à rester "unis" par la voix du secrétaire d'Etat Rex Tillerson.

Mais le ton a changé mardi avec les tweets de M. Trump, qui a aussi établi un lien entre son discours en mai à Ryad sur l'extrémisme islamiste et la décision d'isoler le Qatar.

«Durant mon récent voyage au Moyen-Orient, j'ai affirmé que le financement de l'idéologie radicale devait cesser. Les dirigeants ont montré du doigt le Qatar - Et regardez !» a écrit le président américain.

Perturbations aériennes

L'effet des mesures contre le Qatar a commencé à se faire sentir mardi.

Six compagnies du Golfe, ainsi qu'Egypt Air, ont suspendu «jusqu'à nouvel ordre» leurs vols vers ou depuis Doha, entraînant une grogne de passagers.

L'Aviation civile saoudienne a par ailleurs interdit aux compagnies aériennes du Qatar de survoler le royaume, ce qui devrait entraîner des déroutements, des retards et des surcoûts d'exploitation.

Les autorités saoudiennes ont aussi annoncé avoir annulé la licence de Qatar Airways et décidé de fermer les bureaux de la compagnie «d'ici 48 heures».

Qatar Airways a indiqué avoir suspendu sine die tous ses vols vers l'Arabie, les Emirats, Bahreïn et l'Egypte.

Face à ces restrictions, le directeur général de l'Association internationale du transport aérien (IATA), Alexandre de Juniac, a réclamé mardi le rétablissement au plus vite des liaisons avec le Qatar, dans l'intérêt des compagnies aériennes et des passagers.

Autre conséquence, l'isolement du Qatar risque d'affecter la reconstruction dans la bande de Gaza, enclave palestinienne contrôlée par le mouvement islamiste Hamas, a prévenu Jan Egeland, secrétaire général du Norwegian Refugee Council.

Le Qatar a promis un milliard de dollars à cet effet après la guerre de 2014 qui avait dévasté ce territoire soumis à des blocus israélien et égyptien.

Riche pays gazier à la politique étrangère controversée, le Qatar avait au départ réagi avec colère à la décision de rupture, accusant ses détracteurs de vouloir le mettre «sous tutelle» et de l'étouffer économiquement.

Le Qatar a toujours poursuivi sa propre politique régionale, affirmant son influence par le sport -il accueillera le Mondial 2022 de football- et par les médias avec Al Jazeera.

Il est aussi accusé d'entretenir des liens avec les réseaux jihadistes Al-Qaïda et EI, ainsi que les Frères musulmans classés «terroristes» par certains pays arabes.