Publicité

Le «Reine Elisabeth», tremplin de rêve pour les futures stars du violoncelle

1 juin 2017, 09:31

Par

Partager cet article

Facebook X WhatsApp

Le «Reine Elisabeth», tremplin de rêve pour les futures stars du violoncelle

Suivi en Belgique par un public passionné, le prestigieux Concours musical «Reine Elisabeth» s'ouvre pour la première fois cette année au violoncelle. Jusqu'à samedi, douze jeunes finalistes s'affrontent pour décrocher le titre de premier lauréat, synonyme d'un formidable tremplin pour leur carrière internationale.

Fondé en 1937 sous le patronage de la reine mélomane Elisabeth (1876-1965), le concours conserve sa vocation première: «Etre une plateforme entre études et vie professionnelle» pour des musiciens de moins de 30 ans, explique à l'AFP son coordinateur artistique, Nicolas Dernoncourt.

A partir de 1938, les sessions annuelles, qui se tiennent chaque printemps à Bruxelles, ont alterné violon et piano. En 1988, le «Reine Elisabeth» s'est étendu au domaine lyrique avec la création de la session de chant. Et en 2017, c'est le tour du violoncelle de s'insérer dans le cycle. 

«Le violoncelle est devenu extrêmement populaire, parmi les interprètes et dans les salles de concert», souligne M. Dernoncourt.

Soixante-huit solistes ont commencé les épreuves le 8 mai. Ils reste désormais 12 finalistes, donc quatre Français, qui se produisent jusqu'à samedi sur la splendide scène du Palais des Beaux-Arts de Bruxelles, devant une salle toujours comble.

Chaque passage est retransmis en direct sur internet et à la télévision, où journalistes spécialisés et consultants commentent les prestations avec le même enthousiasme que lors d'une finale de la Ligue des Champions.

'Du kimchi au frigo!'

L'engouement général s'explique également par les conditions d'hébergement des candidats: dans des familles d'accueil et non à l'hôtel.

«Les familles accompagnent +leur+ candidat, les entendent répéter, comprennent les difficultés. On a aussi de jeunes enfants qui viennent au concert. On a vraiment une sorte d'événement familial qui fait que les musiciens se sentent extrêmement à l'aise», avance le coordinateur artistique.

Parmi les finalistes, la Sud-Coréenne Seungmin Kang, 30 ans, a trouvé «une nouvelle maison» dans la belle demeure Art Nouveau de la famille de Louis et Dominique Martens et de leurs deux grands enfants.

Entre oeuvres d'art et souvenirs de voyage lointains trône un piano à queue, où Seungmin a tout le loisir de répéter avec sa fidèle accompagnatrice japonaise.

«C'est toujours une nouvelle expérience», confie Dominique, médecin de profession, qui accueille des candidats depuis huit ans. «Je ne joue pas, je ne fais qu'écouter. La maison est emplie de musique, on a de la chance».

«Au frigo, il y avait même du kimchi!», ce met traditionnel coréen composé de piments et de chou fermenté, s'étonne encore Seungmin avec un sourire complice pour son hôte. 

La jeune femme, qui a étudié à Séoul puis près de 10 ans à la Hanns-Esler Musik Hochschule de Berlin, mais qui découvre la Belgique, en a profité pour faire un peu de tourisme.

Jouer 'jusqu'à ma mort'

«J'étais tellement ravie quand j'ai appris qu'ils ouvraient la compétition au violoncelle. Je m'étais toujours demandé pourquoi le concours n'incluait pas cet instrument. Les autres catégories étaient tellement reconnues et de nombreux grands artistes y venaient», explique-t-elle.

«Le concours est très important. Cela permet aux lauréats, pas seulement au premier, d'avoir plus de concerts», témoigne la violoncelliste.

«Mais je ne fais pas de la musique que pour les concours. Je veux jouer et aimer la musique jusqu'à ma mort», jure-t-elle.

Pour préparer la finale, les 12 derniers candidats, dont le Biélorusse Ivan Karizna qui est favori selon les critiques belges, se sont isolés à la Chapelle musicale Reine Elisabeth, dans la banlieue verte de Bruxelles.

Dans ce havre de paix fondé en 1939 par la reine des Belges et qui accueille habituellement de jeunes musiciens prodiges en résidence, ils ont sept jours pour découvrir l'imposé inédit qu'ils joueront en finale. Cette année, il s'agit de «Sublimation», du compositeur de musique contemporaine nippon Toshio Hosokawa.

«Ils sont tous les douze en même temps et ils s'entraident, sans contact avec l'extérieur. C'est une sorte de partage, une parenthèse aussi parce que ce n'est pas habituel de travailler comme ça, à 10 ou 12 solistes ensemble, dans la même pièce... C'est quelque chose d'assez particulier», observe Nicolas Dernoncourt.

A raison de deux par soirée, ils joueront l'imposé, puis un concerto de Schumann, Chostakovitch ou Dvorák. Le jury annoncera le classement des lauréats samedi 3 juin en fin de soirée.