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Manchester: malgré la menace, la musique doit continuer

24 mai 2017, 04:01

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Manchester: malgré la menace, la musique doit continuer

L'attentat de Manchester, après la tragédie du Bataclan à Paris en 2015, prouve que la menace est constante, contraignant salles et producteurs de spectacle à s'adapter à la donne sécuritaire, sans renoncer à la musique.

Pas question de baisser la garde ni de se laisser intimider, telle est la philosophie des professionnels du spectacle au lendemain du drame. 

«La profession est profondément touchée par l'attentat de Manchester qui, une fois encore, a frappé notre jeunesse et notre liberté», a assuré mardi une porte-parole du syndicat des producteurs de spectacles (Prodiss) après l'attentat de Manchester, au Royaume-Uni, qui a fait au moins 22 morts à la fin d'un concert de la popstar américaine Ariana Grande.

Si la «menace» est devenue «pérenne» et continue «à viser nos valeurs et nos libertés», il n'est pas question pour autant d'y céder.

Les mesures de sécurité ont été sensiblement renforcées en France après l'attentat du 13 novembre 2015 au Bataclan, où 90 spectateurs avaient été tués.

A l'instar d'autres grandes villes comme New York, la préfecture de police de Paris a annoncé mardi un resserrement du dispositif de sécurité en vigueur depuis près de deux ans.

«Le mode opératoire des terroristes (...) à chaque fois bouge et change. Hier soir à Manchester, c'est à l'issue du concert, non pas pendant et avant, (...) que cet attentat kamikaze a eu lieu», a souligné le préfet de police Michel Delpuech devant la presse à la suite d'une réunion avec une cinquantaine de responsables de chaînes de cinéma, salles de spectacle et fédérations sportives.

Pas de risque zéro 

Le préfet a notamment demandé aux organisateurs de porter leur attention sur la surveillance extérieure des files d'attentes et la protection du public à la sortie.

Daniel Colling, directeur du Zénith de Paris (6.000 places), explique toutefois que, déjà depuis le Bataclan, «les palpations sont plus minutieuses avec plus de personnel, les accès techniques et public plus sécurisés, le système de vidéosurveillance a été augmenté et optimisé».

Mais aussi drastiques que soient les mesures de sécurité adoptées, elles ne seront jamais suffisantes pour assurer un risque zéro, ce qui pourrait pousser les parents à réfléchir à deux fois avant d'autoriser leurs enfants à se rendre à des spectacles, estime James Donio, président de l'association américaine Music Business.

«C'est le monde dans lequel nous vivons depuis quelques années. Vous ne pouvez pas dire que vous avez la garantie que rien ne se passera ou que vous êtes complètement en sécurité, ce qui est triste», déplore-t-il.

«Si cela signifie qu'il faut contrebalancer avec des files d'attentes qui s'allongent, cela fait partie de ce que nous devons faire en tant que fans».

A Paris, les surcoûts liés à la sécurité sont pour l'instant pris en charge par un fond de soutien reposant en grande partie sur de l'argent public, mis en place au lendemain du 13 novembre et que les syndicats appellent à pérenniser.

Tournée en suspens 

En attendant, l'attentat de Manchester risque-t-il de faire fuir les familles? «Si de nouveaux attentats venaient à toucher des salles de spectacles, il est effectivement à craindre une baisse de fréquentation, surtout pour les spectacles touchant un grand public familial ou jeune public ou encore pour ceux attirant des publics étrangers», reprend Daniel Colling.

C'était le type de public visé à Manchester, les fans d'Ariana Grande étant principalement des très jeunes filles ou adolescentes - l'une des victimes était âgée de 8 ans seulement.

Le risque en terme financier, en tout cas, est d'autant plus grand que les jeunes ont été le moteur de croissance des concerts ces dernières années, spectacles qui sont eux-mêmes devenus la principale source de revenus de l'industrie musicale, devant les ventes de disques.

Ainsi, selon les estimations de la société spécialisée IbisWorld, les concerts représentent 28 milliards de dollars par an, rien qu'aux Etats-Unis, où la croissance moyenne de ce marché est de 5% sur les cinq dernières années.

La tournée d'Ariana Grande, qui doit passer par la France, la Belgique, ou encore l'Allemagne, était toujours en suspens mardi soir. Sur son site la grande salle O2 de Londres a promis de donner des informations «aussi vite que possible» sur les concerts de la star prévus jeudi et vendredi.